De grandes figures de la foi, telles celles de saint François d’Assise ou encore de Basile de Césarée, sont venues, parfaisant l’œuvre de la Création, apporter leur pierre à l’édifice des Evangiles… Dès l’origine des temps, Dieu a donné la terre à l’homme. Mais Il lui a donné la terre pour qu’il la soumette, non pour qu’il la détruise :
« Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la ; … » (Gn 1, 28)
Ce qui précède doit se lire dans l’esprit même de la Création, puisque Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il le créa (Gn 1, 27). Par ces mots, Dieu posait le statut de l’homme. Par ces mots, Dieu posait l’équilibre entre ce statut de l’homme et celui de la Création… L’homme est à l’image de Dieu et le rapport de l’homme à Dieu est unique, propre à l’homme, à l’homme couronnement de la Création. L’homme a ainsi pour mission de poursuivre la Création, mais pas n’importe comment ! Seulement avec conscience et responsabilité…
Tout acte de l’homme doit donc se lire à l’aune de ces idées de conscience et de responsabilité. Toute action humaine doit se lire à l’aune de ce statut splendide et difficile ! Car soumission et servitude ne doivent pas s’interpréter dans le sens péjoratif d’esclavage, de domination, mais dans celui de continuation de l’œuvre de Dieu, donc de préservation des espèces, de progrès dans les conditions de vie… Et aussi de continuation dans le sens de sauvegarde de la beauté du monde, bref de la Création. Continuateur et gardien de la Création, l’homme ne doit donc pas détruire, la destruction étant antinomique à la Création. L’homme est d’une certaine manière posé par Dieu comme le maître de la nature, mais aussi, et tout autant, comme son esclave ! Et ceci n’est en rien paradoxal !
Dieu a soumis les être animés à l’homme pour qu’il les domine, non pas pour qu’il les détruise, l’Alliance divine liant Dieu et aux hommes et aux êtres animés qui peuplent la terre :
« Voici que j’ai établi mon alliance avec vous et avec vos descendants après vous, et avec tous les êtres animés qui sont avec vous : oiseaux, bestiaux, toutes bêtes sauvages avec vous, bref tout ce qui est sorti de l’arche, tous les animaux de la terre (Gn 9, 9-10)… Voici le signe de l’alliance que j’institue entre moi et vous et tous les êtres vivants qui sont avec vous pour les générations à venir (Gn 9, 12). »
La préservation de la faune, la préservation des espèces vivantes est donc plus qu’un acte moral pour le croyant ! C’est un devoir spirituel, car rompre les équilibres faunistiques est dès lors rupture de l’Alliance avec Dieu !
Nous devons ici néanmoins préciser encore plus l’idée si mal comprise de domination. En effet, Dieu a donné la terre aux hommes pour qu’ils la dominent. Rappelons que le verbe dominer vient du latin dominari, qui découle lui-même du substantif dominus, le maître… Le sens donné ici au verbe dominer n’est pas seulement chrétien… Il faut par exemple se souvenir que Cicéron avait utilisé le verbe dominari dans ses Tusculanae discutationes : Deus dominans in nobis, Dieu qui règne en nous ! Le sens ici donné est celui relatif à la manière dont Dieu règne sur l’homme. Comme Dieu nous domine, est notre maître, l’homme est le maître de la terre qu’il domine ; mais pas dans le sens d’un écrasement, d’une supériorité matérielle ! Dans un sens d’Amour, dans celui de supériorité ontologique uniquement !
Dominer doit donc s’interpréter ici dans le seul sens d’exercice d’une influence prépondérante, en aucun cas dans celui d’un esclavage ou d’un asservissement. Il y a cependant deux légères différences entre le lien de l’homme à Dieu et celui de la nature à l’homme.
En premier lieu, l’homme chrétien, conscient et libre choisit volontairement sa soumission à Dieu dont il est le serviteur dans l’Amour, alors que la nature n’a pas conscience de son lien à l’homme. Ensuite, parce que l’homme se trouve finalement en interface entre Dieu et la nature, donc en contact direct avec les deux, ce qui fait qu’il est certes maître de la nature, mais aussi à la fois serviteur de Dieu et de la nature, de Dieu en tant que créature, de la nature en tant que son responsable aux yeux de Dieu !
C’est aussi pour cela que l’homme doit respecter la nature, car il est certes agent de Dieu, mais surtout parce qu’il est doté de conscience, au contraire de la nature qui, certes fille de Dieu par la Création n’en a pas conscience. L’homme n’est donc que le dépositaire de l’œuvre de Dieu, qu’il doit respecter en tout, tout comme Dieu nous respecte et nous guide. Jean-Paul II nous l’avait d’ailleurs rappelé :