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15 décembre 2011 4 15 /12 /décembre /2011 10:33

Nous célébrons aujourd'hui le cinquième centenaire de la prédication du frère Antonio Montesinos à Saint Domingue en 1511. Cette prédication fut préparée de manière communautaire pour défendre les Indiens. Elle a marqué l'histoire de la défense des droits humains.

 

Elle est aussi très actuelle à l’heure des crises…

 

« C’est pour vous faire connaître tout cela que je suis monté dans cette chaire. Je suis la voix de celui qui crie dans le désert de cette île et c’est pour cela qu’il faut que vous m’écoutiez avec attention, non pas avec une attention quelconque mais avec tout votre cœur et tous vos sens. Cette voix est la plus neuve que vous ayez jamais entendue, la plus âpre et la plus dure, la plus épouvantable et la plus dangereuse que vous ayez jamais entendue.

 

Cette voix vous dit que vous êtes tous en état de péché mortel, et dans le péché où vous vivez et mourrez à cause de la cruauté et de la tyrannie dont vous accablez cette race innocente. Dites-moi : quel droit, et quelle justice vous autorisent à maintenir les Indiens dans une si affreuse servitude ?

 

Au nom de quelle autorité avez-vous engagé de si détestables guerres contre ces peuples qui vivaient dans leurs terres de manière douce et pacifique, où un nombre considérable d’entre eux ont été détruits par vous et sont morts d’une manière encore jamais vue tant elle est atroce. Comment les maintenez-vous opprimés et accablés, sans leur donner à manger, sans les soigner dans leurs maladies qui leur viennent des travaux excessifs dont vous les accablez et dont ils meurent. Pour parler plus exactement vous les tuez pour obtenir chaque jour un peu plus d’or.

 

Et quel soin prenez-vous de les instruire de notre religion pour qu’ils connaissent Dieu leur créateur, pour qu’ils soient baptisés, qu’ils entendent la messe, qu’ils observent les dimanches et fêtes d’obligation ? Ne sont-ils pas des Hommes ? N’ont-ils pas une âme raisonnable ?

 

N’êtes-vous pas obligés de les aimer comme vous-mêmes ? Vous ne comprenez pas cella ? Vous ne sentez pas cela ? Comment êtes-vous plongés dans un sommeil si profond ? Comment êtes-vous si léthargiquement endormis ?

 

Ne sont-ils pas des Hommes ? »

 

(trad. fr. Manuel Rivero, op)

 

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