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20 décembre 2009 7 20 /12 /décembre /2009 19:51

Une globalisation ? Internet !!!

La globalisation n’est pas la mondialisation. Elle est élément de l’image que l’on a de la mondialisation, tout en étant plus vaste que la même mondialisation. En effet, alors que la mondialisation ne fait que supprimer le territoire, la globalisation a un double caractère, à la fois temporel et spatial, puisqu’elle est interdépendance et interconnexion de facteurs a priori éloignés entraînant une suppression de la notion de durée - du fait de la vitesse des communications actuelles -, de la notion d’espace - son lieu étant irréel - et de celle de territoire - celui-ci étant ici nettement un handicap, car par nature limité -. La notion de connexion est ici fondamentale, mais nous y reviendrons.

Dans le cadre d’un phénomène de globalisation, tout devient international, intemporel - car trop « vite » - et surtout interdépendant, ce qui fait que les problèmes posés par un phénomène de globalisation ne peuvent être traités qu’à la seule échelle mondiale. Mais l’inconvénient est qu’en l’absence d’un ordre mondial unanimement accepté ou d’un Imperium unique rien ne permet de contrôler un phénomène de globalisation puisque seule une solution mondiale univoque peut le contrer. C’est ceci qui explique pourquoi les associations de type mafieux – en s’interconnectant – sont devenues des acteurs incontournables de la vie internationale, car s’exemptant du contrôle des États elles ont établies leurs propres règles autorégulatrices ; ceci explique aussi pourquoi l’État dominant sur le plan économique et financier que sont les Etats-Unis ne tient pas particulièrement à ce que soient mis en place des dispositifs universels de régulation des échanges commerciaux, de justice pénale internationale ou de protection de l’environnement, car ce seraient alors autant d’obstacle à sa puissance. La globalisation est donc aussi favorisée par l’absence de règles…

La globalisation serait donc à la fois ange et démon : ange si elle est régulée et organisée selon des règles égales pour tous et admises par tous, démon si elle échappe à toute régulation…

Il faut cependant garder à l’esprit que le problème de l’adéquation des relations entre l’organisation de l’économie et le pouvoir d’un Imperium n’est pas nouveau. Il est possible d’en trouver d’excellentes analyses dans le De Bello Gallico de Jules César ou encore dans le Germania de Tacite. Le travail de Tacite est d’ailleurs particulièrement révélateur en ce sens qu’il montre que l’examen de l’organisation d’un système économique est certes important, mais qu’il n’est pas suffisant. Le réel problème dans l’analyse géopolitique et géoéconomique est surtout de comprendre le cadre où se déploie chaque système, ainsi que de comprendre la dynamique des échanges. Néanmoins, les relations entre l’économie et le pouvoir n’ont commencé à réellement se complexifier qu’au cours de la pré-révolution industrielle du XVII° siècle.

Enfin, l’une des plus importantes conséquences de la globalisation tient en la masse d’informations aisément disponibles ; ainsi, il est essentiel de développer une capacité de manager une telle information, de déterminer ce qui est réellement important et, dans un même temps, une capacité d’adaptation des stratégies.

Dans le cadre d’une globalisation, les schémas classiques sont inversés, et ceci est particulièrement patent pour ce qui est des facteurs clés des économies occidentales, les ressources devenant secondaires.

 Jusqu’alors, un État était puissant parce qu'il avait des ressources, que l'État avait les moyens de s'en saisir et d'entraîner ses citoyens dans de grandes entreprises orientées vers le monde extérieur. Aujourd'hui, il y a inversion de ces facteurs, la clé étant le reste du monde, alors que les citoyens, les entreprises et les ONG se trouvent au cœur du système au détriment de l'État, les ressources n'étant plus fondamentales. Comment ignorer que Hong Kong, sans ressources, est - même aujourd'hui - plus puissant que toute l'Afrique pourtant très riche en ressources !

La clé est aujourd'hui l'international ou d'être international, fondée sur la communication. Mais il doit aussi y avoir éthique, car, en l'absence d'éthique, on arrive soit à la manipulation, soit à la loi de la jungle. La compétence individuelle n'est plus que secondaire, car elle peut s'acheter et n'est pas très chère, alors même qu'une véritable mondialisation, axée sur l'homme, va à l'encontre de cette dérive !

Il est donc nécessaire de mettre en place une nouvelle connexion, une autre forme de communication afin d'assurer l'ouverture vers les valeurs de compétences, d'où un nouveau schéma : international à communication à éthique à compétence à connexion.

On n'est plus aujourd'hui puissant contre les autres, quelle que soit la forme de l'éthique, mais avec les autres, soit en les utilisant, soit en s'appuyant contre eux, soit en travaillant avec eux. C'est l'exemple des coalitions et de la politique américaine. Mais, dans tous les cas, l'État n'a plus le rôle central pour ce qui est de l'économie; ce sont les citoyens, les entreprises… Mais l'État ne doit pas abandonner sa fonction de régulateur, de contrôleur, de … gendarme.

Pour en venir à une autre forme de globalisation économique, il est ridicule de vouloir - comme le font malheureusement trop d'économistes - systématiser, quantifier et « mathématiser » l'économie, celle-ci n'étant que la somme jamais parfaite d'une multitude d'attitudes et de perceptions tant individuelles que collectives que croisées; c'est d'ailleurs pour cela que les économistes ont toujours recours à des « théories générales », basées sur des « hypothèses », les mathématiques poussant à un formalisme très général - donc inhumain -, ce qui démontre bien que malgré les efforts de certains l'économie n'est et ne sera jamais seulement mathématique; il faut cependant se poser la question de savoir si cette dernière faute est finalement à rejeter sur les économistes qui ne se veulent, du moins pour les plus sérieux d'entre eux, que des théoriciens ou bien alors sur les « administrateurs des sociétés humaines » qui prennent ces théories pour des réalités directement transposables... Il est donc faux d'affirmer comme trop d'économistes que le débat sur la relativité de la notion de besoin économique est inutile; certes certains besoins économiques parmi les plus élémentaires sont communs à l'ensemble de l'humanité, comme l'alimentation ou l'habillement, mais il est tout aussi évident que les modes d'alimentation et d'habillement sont variables selon les cultures et les époques et donc en aucun cas véritablement objectifs.

De même, si à un moment déterminé et pour une société déterminée divers facteurs dit usages, modes, coutumes, mimétismes sociaux, styles de vie, tendent à uniformiser certains besoins au point de les transformer en éléments jugés collectivement indispensables à la vie sociale, il n'en reste pas moins vrai qu'il ne s'agit jamais là d'attitudes véritablement uniformément collectives, donc d'attitudes objectives. C'est là toute l'erreur de l'École néoclassique qui, tout en voulant ramener à l'individu, développe une pensée et une culture globalisatrices et mathématisées; certes, la mathématisation de l'économie à l'échelon de l'individu est indispensable pour comprendre la globalité, mais elle doit alors être plus chimique et physique - donc un peu mathématique, les mathématiques n'étant alors qu'un outil, qu'un médium - que mathématique, s'inspirer non pas de la simple statistique, mais de la théorie du mouvement brownien, des trois grands principes de la thermodynamique et de la loi des grands nombres, ce qui permet d'intégrer - certes de manière très difficilement accessible au plus grand nombre - des notions aussi importantes que les attitudes individuelles, le hasard et le chaos, qui sont fondamentales tant en psychologie qu'en économie, même si elles sont le plus souvent sous-valorisées. Les néo-classiques ont une bonne volonté évidente, mais, si ils partent d'une hypothèse juste qui est le retour à l'individu et aux choix individuels, trop globalisateurs et obnubilés par la théorie du marché parfait et de l'équilibre concurrentiel, ils en arrivent, même si ils prennent en compte l’« intertemporalité », à oublier leur postulat de base : l'homme, la somme des préférences de chaque agent n'étant pas suffisante à définir le volume des préférences humaines car ignorant les préférences sociales; ainsi, si la fonction d'utilité de chaque chose est « utile » pour concevoir ce qu'est le circuit économique, elle est insuffisante pour conceptualiser tant l'ensemble des attitudes humaines que l'environnement dans son ensemble -donc l'homme y compris-, et ce car supposée monotone et convexe au sens que si un « panier » de biens contient au moins autant de chaque bien qu'un autre « panier » et au sens que la moyenne de deux « paniers » équivalents -c'est-à-dire un « panier » composé de l'addition de deux « demi-paniers » de même utilité- est toujours préférée à chacun de ces « paniers », donc excluant la notion de seuil qui est toujours présente dans la nature.

À titre de démonstration, le modèle d'Arrow-Debreu qui repose sur l'existence de marchés parfaits pour tous les biens et services, présents et futurs, est irréaliste car supposant que chaque bien a un prix unique et connu de tous, et surtout que les biens et les services futurs sont déjà connus aujourd'hui, ce qui est une aberration; la simple existence en matière de marchés boursiers des ordres sans limite de prix pour lesquels le prix n'est par définition pas connu alors qu'il concerne une valeur par définition marchande - l'action - suffit à détruire le modèle d'Arrow-Debreu, donc à démontrer l'inutilité pratique -mais non pas théorique- de la pensée néoclassique... De même, le théorème d'Arrow (K. J. Arrow, Social choice and individual values, Wiley, New-York, 1951) relatif à l'agrégation des préférences individuelles en une préférence collective, théorème dominant dans la pensée économique européenne, n'est pas totalement juste, notamment lorsqu'il doit être appliqué dans le cadre des politiques environnementales, puisque si les principes de rationalité de transitivité, d'unanimité et d'absence d'un « dictateur » peuvent être considérés comme réels, la règle de l'indépendance des alternatives représentatives affirmant que, quel que soit un agent, l'ordre de ses préférences sur deux objets quelconques est indépendants de ses préférences sur les autres objets, est contraire aux réalités des choix des citoyens; par contre, Arrow a raison d'affirmer que l'asymétrie de l'information entre les agents économiques conduit à une incertitude des choix et à des déviances du marché quant aux règles de l'équilibre général (K. J. Arrow, « Uncertainty and the welfare of medical care, in : The American Economic Review, vol. III, n° 5, décembre 1963), ce qui contredit d'ailleurs le principe des alternatives non pertinentes....

Même l'existence d'un équilibre concurrentiel est fictive ne serait-ce que du fait des inévitables interventions de l'État, comme l'est d'ailleurs par définition le « commissaire-priseur » de  Walras censé regrouper et organiser les offres et les demandes, et même si la notion d'optimum de Pareto qui s'y trouve liée est importante, elle ne peut donner qu'une tendance car négligeant les réactions individuelles et collectives, même si elle met en évidence la notion d'efficience dans l'affectation des ressources de l'économie, donc le fait que dans un état de l'économie il n'est pas possible pour un agent de faire mieux sans détériorer la situation d'un autre agent économique; l'optimum de Pareto est donc une notion « juste », mais il ne peut en aucun cas être calculé sans une certaine marge d'erreur, les valeurs individuelles n'étant jamais identiques.... L'optimum de Pareto ne doit cependant en aucun cas être rejeté car il est peut-être l'apport le plus important de l'École néoclassique à l'économie de l'environnement, mais il ne peut cependant que traduire une tendance, certains des facteurs permettant de le calculer n'étant pas chiffrables.... D'ailleurs, pourquoi les néo-classiques ont-ils été obligés d'imaginer le théorème du second best  si l'intervention de l'État n'existait pas, même sous forme minime, ce théorème remettant en cause lui-même les « sacro-saintes » conditions de Pareto ?

L'erreur fondamentale des néo-classiques, comme d'ailleurs de la plupart des économistes - y compris marxistes - n'est-elle pas de faire du marché et de la consommation le centre de leur vision du monde alors qu'ils n'en sont que des éléments parmi d'autres. Le Pape Jean-Paul II, qui est souvent mal compris ou mal lu, n'a t-il d'ailleurs pas bien mis en garde les chrétiens, et par delà toute l'humanité, contre les dangers du phénomène de la consommation mal compris, rappelant dans son Encyclique Centesimus Annus que lorsque l'on définit de nouveaux besoins et de nouvelles méthodes pour les satisfaire, il est nécessaire qu'on s'inspire d'une image intégrale de l'homme qui respecte toutes les dimensions physiques et instinctives aux dimensions intérieures et spirituelles... Il n'est pas mauvais de vouloir vivre mieux, mais ce qui est mauvais, c'est le style de vie qui prétend être meilleur quand il est orienté vers l'avoir et non vers l'être, et quand on veut avoir plus, non pour être plus mais pour consommer l'existence avec une jouissance qui est elle-même sa fin (Jean-Paul II, Centesimus Annus, Cerf, Paris, 1991, pp. 74-75)...

 

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