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31 mars 2010 3 31 /03 /mars /2010 16:28

Vue avec les yeux de notre temps, l’inquisition est un scandale ! C’est une institution totalitaire et obscurantiste ! Certes… Mais pourquoi oublier systématiquement de rappeler que cette institution relevait d’un autre temps, et donc d’autres mentalités, d’autres conceptions… N’oublions pas que les populations de son époque, souvent restées marquées par certains héritages du paganisme, avaient, y compris les savants, y compris les moins chrétiens, une conception magique du monde, en aucun cas notre vision scientifique actuelle. Comment oublier par exemple que le très érudit Jean Bodin, l’auteur des Six livres de la République, homme savant du XVI° siècle, de la Renaissance, a aussi écrit un ouvrage sur la sorcellerie ? En fait, à cette époque, tout le monde y croyait, chrétiens comme non chrétiens !

Or, nous en restons aujourd’hui à la légende noire posée à l’époque des pré-Lumières et des Lumières par Montesquieu et par Voltaire, sans même chercher à approfondir, sans même chercher à comprendre. C’est Montesquieu qui, le premier, allait affirmer dans le chapitre XIII du livre XXV de son De l’esprit des lois qu’une jeune fille juive de dix-huit ans avait été brûlée pour n'avoir pas renoncé à la religion de ses parents. Cette affirmation, que n’étaye aucune preuve, n’est qu’une abominable calomnie contre l’Église ; pourtant, elle reste reçue comme vérité car de la plume de Montesquieu… C’est de même Voltaire qui écrivait, à son propos, pour mieux attaquer l’Église : Ce sanglant tribunal, Ce monument affreux du pouvoir monacal, Que l'Espagne a reçu, mais qu'elle-même abhorre : Qui venge les autels, mais qui les déshonore ; Qui, tout couvert de sang, de flammes entouré Égorge les mortels avec un fer sacré, encore que cet auteur, en évoquant la seule inquisition espagnole n’aurait pas été forcément loin de la vérité, s’il n’avait occulté certaines réalités et entretenu la confusion avec l’Inquisition romaine. Je n’évoque que pour mémoire le Torquemada de Victor Hugo…

Il faut en tout premier lieu bien distinguer l'inquisition espagnole, institution politique au service d'un pouvoir politique, de l'Inquisition romaine qui fut bien moins excessive - même si elle oublia parfois Dieu -, notamment en modérant beaucoup de sanctions à l'égard de sorciers ou de sorcières. Des auteurs tels que H. G. Lea, N. Benazzi ou G. Bechtel font très bien le distinguo, alors mêmes qu'ils ne sont ou furent pas tous favorables à Rome, loin de là ! Il faut aussi faire une distinction dans le temps, l’inquisition médiévale du XIII° siècle – plutôt modérée – n’ayant pas grand chose à voir avec l’inquisition espagnole de la Renaissance – plutôt dure –.

Par delà cette confusion, il y eut aussi des "inquisitions privées" – terme fallacieux et inexact recouvrant que l’on appelle la chasse aux sorcières - ; cette chasse aura été un phénomène se développant principalement à partir du XIV° siècle, avec un point culminant vers la fin du XVI°, étant d’ailleurs aussi le fait de pays protestants. D’ailleurs, ces derniers pays ont souvent été encore plus virulents que les pays catholiques en la matière, puisque la sorcellerie recouvrait certes des pratiques sataniques, mais aussi souvent de vieilles pratiques païennes, souvent plus présentes dans ces pays plus tardivement christianisés. Ces "inquisitions" – dont certaines étaient religieuses ou du moins dirigées par des religieux, même si la majorité n’était que civiles - ont fait l’objet de réactions souvent très violentes sur un plan local, y compris contre le fameux Malleus Maleficarum, le Marteau des sorcières qui ne fut en rien une Bulle, n’en déplaise à l'auteur du Code da Vinci, même Lea ayant admis que Jacob Sprenger a du fuir bien vite devant les réactions épiscopales et populaires à ses exactions…

Pour ce qui est de l’Inquisition espagnole, je rappelle que s’il est indéniable et scandaleux que des Papes l'aient encouragée, notamment Urbain IV qui mis les inquisiteurs à l'abri de toute excommunication venant d'un mandataire du pouvoir pontifical (surprenant non ? Il avait donc conscience du mal, du péché, ... et de l'éventuelle réaction négative de ses successeurs. Dramatique !), ou encore la Curie romaine qui poussa au début du XVI° à l'adoption de Licet ab initio par Paul III en 1542. Saint Charles Borromée ne fut-il pas lui-même inquiété ?

Maintenant, il faut aussi rappeler que beaucoup de Papes se sont opposés à cette inquisition espagnole dont les membres, bien que religieux, étaient des fonctionnaires royaux avant tout, des instruments politiques avant tout ! Je pense par exemple à Nicolas V qui, au début du XV°siècle, promulgua la Bulle Humanis genis inimiscus qui condamna la chasse aux juifs conduite par l'inquisition espagnole. Je pense encore à la Bulle de Sixte IV de 1482 qui condamna les agissements de l'inquisition espagnole qu'il jugeait plus attirée par l'argent et le pouvoir que guidée par un souci des âmes. Je pense aussi à la position de Pie II lors de la querelle entre dominicains et franciscains espagnols en 1464 ou encore à Calixte III en 1556. De même, le même Calixte III la menaça d'excommunication. Je pense aussi à diverses lettres de Papes à diverses époques adressées à des Évêques, voire à certains inquisiteurs, espagnols pour les appeler à plus de modération... Ce ne fut certes pas assez, mais il y eut bien condamnation à plusieurs reprises !

Et puis, comment oublier que l'Inquisition en général ne fut pas convoquée au Concile de Trente en 1562 ? Une autre forme de condamnation....

Dans tous les cas, prière de ne pas juger avec les yeux d’aujourd’hui ! Et puis, s’il n’y avait pas eu à une certaine époque des inquisiteurs pour faire le sale boulot, serions-nous encore Catholiques ?

Il ne faut par ailleurs pas séparer la très importante Bulle Ad extirpendam du contexte de son époque qui était un contexte de violence, et qui privilégiait encore le talion et le Code de l’Alliance sur le droit tel que nous le concevons, car le droit romain lui-même n’était pas tendre ! Il y avait strict encadrement juridique de l’usage de la torture, avec des limites qui n’existaient pas au temporel à cette époque… Dans tous les cas, et à lire les divers manuels des inquisiteurs, force est d’admettre que la torture n’était pas obligatoire ou inévitable. D’ailleurs, dès 1458, le Saint Office s’attacha à limiter et à organiser son usage, notamment avec le Flagellum Hoereticorum Fascinariorum de la même année… De plus, aussi bizarre que cela puisse paraître aux yeux de certains, ces divers manuels apportaient des garanties exorbitantes du droit commun de l’époque aux personnes poursuivies ! Eh oui !

On peut citer à l’appui de cette affirmation les propos de Bartolomé Bennassar (in : L'Inquisition espagnole, Hachette, 2001), dont on ne peut mettre en doute le sérieux ou l'objectivité. Selon lui, les juges inquisitoriaux sont des hommes d'une qualité intellectuelle remarquable", et l'Inquisition fut une justice "plus exacte, plus scrupuleuse. (... ) Une justice qui pratique un examen attentif des témoignages, qui en effectue le recoupement minutieux, qui accepte sans lésiner les récusations par les accusés des témoins suspects, une justice qui torture fort peu et qui respecte les normes légales (...). Une justice soucieuse d'éduquer, d'expliquer à l'accusé pourquoi il a erré, qui réprimande et qui conseille, dont les condamnations définitives ne frappent que les récidivistes

Il valait mieux d’ailleurs souvent avoir affaire à la justice inquisitoriale ! En effet, la justice séculière appliquait la peine de mort pour certains crimes, quasi systématiquement dans tous les cas que nous qualifierions aujourd’hui de déviances sociales, alors que la justice religieuse offrait en premier lieu simplement une chance de repentir à ceux qui risquaient d'être condamnés de la sorte, y compris par la justice civile. Ceux qui refusaient cette chance accordée par l'Inquisition étaient remis à la justice séculière qui appliquait finalement la sentence éventuellement prononcée. Pour être condamné à mort suite à un passage devant l'Inquisition, il fallait donc d’une certaine manière le vouloir. En fait, la véritable problématique n'est pas l'Inquisition mais la légitimité de la peine de mort en Europe à cette époque. Et notons en passant qu’il pas déraisonnable de rappeler que les personnes condamnées à mort suite à leur refus d'obtempérer avec l'Inquisition durant ses quatre derniers siècles furent moins nombreuses que les victimes de la Terreur lors de septembre 1793, le Tribunal révolutionnaire étant moins sourcilleux de la réalité des accusations et ne connaissant qu’une sentence : la mort !

On peut aussi appeler à la barre de la défense quant à la question de la torture deux auteurs peu enclins à louer l’inquisition. Et en premier lieu Charles-Henri Lea, l’un de ses plus grand pourfendeur qui reconnaissait que la croyance populaire selon laquelle la chambre de torture était le théâtre [...] d'un acharnement particulier à extorquer des aveux est une erreur imputable aux écrivains à sensation qui ont exploité la crédulité publique. De même, l’historien britannique Henry Kamen, auteur en 1966 d’une Histoire de l’Inquisition espagnole, admettait qu’à une époque où la torture était universellement répandue dans les cours criminelle de toute l'Europe l'Inquisition espagnole suivait [à cette égard] une politique de modération et de circonspection qui permet de la juger favorablement.

En fait, à cette époque, personne ou presque ne contestait le principe de la torture en matière judiciaire. Mais, dans le cadre de la procédure inquisitoriale, et à la différence des procédures civiles, son emploi étant strictement réglementé, nécessitant par exemple une sentence spéciale, signée de l'inquisiteur et de l'Évêque du lieu, l'opération devant de plus se dérouler en présence d'un médecin qui pouvait interrompre un tel interrogatoire ! De plus, cette torture n’était pas aussi répandue que l’on veut bien nous le faire croire, puisque, si l’on en croit le Catalogo de las causas seguidas ante la Inquisicion de Toledo dressé par Vincente Vignau en 1903, sur les 300 procès engagés devant le tribunal inquisitorial de Tolède avant 1500, seuls six cas de torture sont relevés. De même, sur les 2.000 procédures engagées devant le tribunal inquisitorial de Valence entre 1480 et 1530, seuls douzze cas de recours à la question sont attestés ! On est bien loin de la torture systématique dénoncée par les Voltaire et Hugo !

Certains semblent souvent oublier que l’interprétation du sixième commandement (Ex 20, 13), bref l’interdiction de tuer, comme un absolu n’est finalement que récente, les Pères de l'Église eux-mêmes ayant été très divisés sur la question, avec une légère tendance à l'admission de la peine de mort à la condition qu'elle soit décidée par le pouvoir civil...

De plus, une analyse un peu approfondie oblige à corriger cette impression d'absolu. En effet, le verbe hébreu utilisé – ratsa -, choisi parmi d'autres possibles, désigne spécifiquement le meurtre, l'assassinat c'est-à-dire une situation de violence privée et illégale ; la traduction tu n'assassineras pas serait donc, de loin, préférable. Les Codes vétéro-testamentaires prévoient en effet explicitement par ailleurs la peine de mort dans certains cas - violence légale - et ne s'insurgent pas nécessairement contre la violence collective ! C’était cette vision qui prédominait à l’époque ! Les Pères de l’Église quant à eux étaient partagés sur ce point, même si un avis "favorable" se dégageait avec Basile de Césarée, Ambroise de Milan et Saint Augustin…

De plus, le talion était aussi une source de droit importante, le droit romain n’étant redécouvert en Occident qu’à la fin du XI° siècle, ne se re-développant que peu à peu ! Or, dans la vision de l’époque, le talion introduisait un principe de limitation de la vengeance. Certes, ce concept restait très primitif, mais il était d'une très grande supériorité morale par rapport à celui de la loi du plus fort, et ce parce qu'il donnait plus de chance à une société de vivre harmonieusement dans l’égalité, surtout dans le contexte de violence de l’époque que l’on oublie trop facilement. Par ailleurs, son côté primitif permettait de le rendre accessible et motivant sans apprentissage ; même une personne peu cultivée pouvait en saisir immédiatement la justice, l'avantage et donc l'adopter effectivement comme ligne de conduite. Son côté primitif lui permettait aussi de résister comme principe même en situation d'offense majeure, ce qui n'est pas le cas de principes plus subtils ou plus généreux. De plus, le principe de réciprocité qu’il pose est positivable ; en effet, s'il est valable en situation de tort causé, il l'est pareillement en situation de bienfait causé. Il devenait dès lors générateur de qualité de vie supplémentaire !

En passant, n’oublions  qu'avant même que l'Inquisition ne soit créée, la Bulle Vergentis in senium d'Innocent III assimilait l'hérésie à un crime de lèse-majesté.

Ensuite, il faut savoir qu'à l'exception des États d'empire, beaucoup de royaumes étaient faibles quant à leurs structures, ce qui faisait que l'Église se trouvait souvent être le seul ciment, le seul facteur d'unité ! Elle était aussi seule pour ce que l'on appellerait aujourd'hui le SAMU social, les hôpitaux, l'aide aux plus démunis, etc... ! Briser le Christianisme, c'était briser la société elle-même, et la priver des quelques bases qui permettaient de vivre, malgré les dissensions, malgré les violences, avec un minimum d'éthique et de sûreté ! Sans ce ciment, c'était le retour à la loi de la jungle, et, en ce sens, l'Inquisition était une certaine garantie de stabilité sociale, et ses moyens n'étaient que ceux de l'époque ! Et il n'y a rien de cynique dans mes propos ! L'hérétique ou supposé tel n'était pas seulement un déviant sur le plan religieux, il était avant tout considéré comme un déviant sur le plan social, comme mettant en danger la stabilité de la communauté, et il devait donc être châtié selon la conception de l’époque, et pas que chez les Catholiques !

C’est ce qu’écrivait de manière moins forte, ou plus exactement plus ciblée Régine Pernoud (in : Pour en finir avec le Moyen Age, Seuil, 1979) : Sous bien des rapports, l'inquisition fut la réaction de défense d'une société pour laquelle, à tort ou à raison, la préservation de la foi paraissait aussi importante que de nos jours celle de la santé. On touche ici du doigt ce qui fait la différence d'une époque à l'autre, c'est-à-dire des différence de critères, d'échelle de valeur. Et il est élémentaire en histoire de commencer par en tenir compte, voire de les respecter, faute de quoi l'historien se transforme en juge

Par ailleurs, le but premier de l'Inquisition n'était pas de condamner, mais d'amener les hérétiques au repentir, à la conversion. Et ce n'est qu'en dernier recours que la Bulle de 1231 autorisait le retrait du peuple chrétien, qui était soit excommunication, soit plus simplement … une amende, ou enfin, en dernier recours, la remise à l'autorité laïque, donc soit la prison (ne l'oublions pas, avec possibilité de repentir), soit le bûcher ! Dur certes, mais logique dans la vision de l'époque. De plus, la sanction était considérée comme aidant le condamner à se sauver, ce qui peut choquer aujourd'hui, mais était concevable dans le temps passé, d'autant plus, et là encore on l'oublie, que le recours à l'Inquisition devait être précédé d'un débat cherchant à convaincre !

Il faut relativiser et remettre dans le contexte de l'époque ! Par ailleurs, pour en rester à cet exemple, en 1170, la condamnation d'un assassin par son Évêque Jean de Montlaur à marcher nu-pieds pendant sept ans, à ne jamais se servir de linge, à pratiquer le jeûne quarante jours avant Noël, à s'abstenir d'aliments gras le mercredi et le samedi, à se contenter de pain et vin le vendredi de chaque semaine, à ne boire que de l'eau ce jour-là en Carême fut jugée par la population de son diocèse - celui de Maguelone - comme très sévère, bien plus dure qu'une condamnation à mort ou à la prison ! Anecdote certes, mais ô combien significative !

D’ailleurs, pour en revenir aux seuls bûchers, l’historien danois Gustav Henningsen, a dépouillé dans les années 1970 environ 50.000 procédures inquisitoriales datées de 1560 à 1700, concluant qu’environ 1% seulement des accusés ont dû être exécutés. Mieux, la Revue des études juives, se penchant sur l'activité du très actif tribunal inquisitorial de Badajoz de 1493 à 1599, a recensé en tout et pour tout une vingtaine de condamnations à mort, en 106 ans ! Bien peu pour un tribunal de l’époque !

Par ailleurs, contrairement à une idée reçue, aucun décret ou canon du Concile de Trente ne s'exprime sur le maintien ou le renforcement de l'Inquisition. La seule allusion possible est le point 15 du deuxième décret de la session V de ce Concile, mais je ne pense pas qu'il s'y trouve une quelconque référence à ce maintien, voire même à l'institution… Toujours est-il que l'Inquisition n'aura pas été convoquée ou invitée au dit Concile... Il est cependant vrai que c'est dans "le temps" de ce Concile que Paul III avait adopté le 21 juillet 1542 la Constitution Libet ab initio et Paul IV celle du 14 octobre 1562 – Pastoralis officii – qui la transformait en Saint-Office ou Sacrée congrégation de l'Inquisition, mais en la réformant de fond en comble, à tel point que ce n'était pas une simple réforme, mais une totale refondation !

Faisons maintenant un bilan chiffré. Mais avant, un passage de Pierre Chaunu (in : Église, Culture et Société, SEDES, 1981) : Les 10 à 12.000 exécutions capitales en trois siècles doivent être rapprochées des 50.000 sorcières brûlées en trois ou quatre décennies dans le reste de l'Europe au début du XVIIème siècle. Cette comparaison prouve que la répression inquisitoriale a été relativement économe en vies humaines.

Et rappelons que la chasse aux sorcières eut surtout lieu en terres … protestantes , et les condamnations furent le plus souvent prononcées par des cours laïques, en dehors de toute intervention du religieux ! Mais, soyons large, nous les accepterons puisque les protestants sont des Chrétiens ! Donc, des chiffres :

⒜ Inquisition espagnole : 32.000 exécutions (taux de relaxe des "inculpés" : 40 %)

⒝ Inquisition romaine : environ 6.000 exécutions (taux de condamnation à mort : moins de 1 %)

Ce sont là les chiffres les plus élevés trouvés chez les auteurs sérieux, y compris critiques de l’Inquisition (Lea, Bennassar, …). On arrive, en confondant les deux institutions qui n’ont rien à voir – l’une est politique, l’autre religieuse - à 38.000 en six siècles. Doublons pour faire bon poids, du fait de la disparition de certaines archives, et on arrive à 76.000. Arrondissons à 80.000, voire même à 100.000 toujours pour faire bon poids en six siècles. C'est certes dramatique que des Chrétiens aient pu tuer des hommes, mais il faut se resituer dans l'époque... On n'était pas au l'aube du XXI° siècle, les temps étaient plus durs, on ne pouvait pas s'asseoir dernière un ordinateur tout en mangeant, car pouvait-on manger à sa faim, car pouvait on vivre (épidémies, famines) ? Arrêtons de faire de l'histoire en se basant sur les données du présent !

Et maintenant comparons :

⑴ Lieutenance du Châtelet (XVI°): environ 15.000 exécutions pour des raisons criminelles ;

⑵ Guerre de sept ans (1756/1763) : 554.000 tués ;

⑶ Terreur (1793/1795) : 17.000 guillotinés (chiffre le plus bas trouvé) + 15.000 exécutions sommaires (chiffre le plus bas trouvé) = 32.000 morts en deux années pleines ;

⑷ Vendée (1794 et environs) : 100.000 morts (chiffre le plus bas trouvé) ;

⑸ Verdun (1916) : 721.000 morts en une année ;

⑹ Dresde (1944) : 35.000 morts en une nuit ;

⑺ Nagasaki (1945) : 87.000 morts en une seconde.

Tout ceci se passe de commentaires… Bref, l’Inquisition, combien de morts ? quelques milliers en plusieurs siècles, ce qui est toujours trop aux yeux du Décalogue… Les fanatismes anti-chrétiens, combien de morts ? une petite centaine seulement … mais de millions !

Pour finir, n'oublions pas qu'au temps de la création de l'Inquisition : ⑴ le droit était morcelé, entre autre avec de multiples coutumes ; ⑵ le pouvoir royal était affaibli. Ainsi, en "France", la seigneurie banale était souvent l’usurpation de fait de prérogatives de puissance publique du roi, et principalement de la justice, de la levée d’hommes ou encore de l’impôt ; ⑶ les guerres privées existaient toujours, ne respectant pas toujours de plus le lien de suzeraineté et les obligations vassaliques ; ⑷ la violence tant physique que sociale (y compris famines, épidémies, grands froids, etc...) était omniprésente ; ⑸ la justice seigneuriale, d'ailleurs le plus souvent usurpée de la personne royale, se montrait dès le XI° siècle en faisant placer aux entrées de la seigneurie des instruments de torture, des piloris, des fourches patibulaires, des carcans ou encore un gibet ; etc...

Ce que je veux dire, c'est que la Chrétienté était le ciment de tout l'édifice social, du moins presque partout, et surtout dans les zones où sévit l'Inquisition, et que tout ce qui menaçait l'Église était dès lors perçu comme menaçant toute la société. Il est vrai que dans le cas particulier de l'Espagne l'Inquisition a nettement dérapé, envers l'Islam et les juifs... Mais n'oublions pas, dans le premier cas, les exactions des sarrasins, mais je sors du sujet...

Je ne défends pas l'Inquisition ! Mais je peux la comprendre dès lors qu'un pouvoir civil ou politique apte à canaliser et/ou à réprimer la violence n'existait pas vraiment... Les méthodes sont condamnables à nos yeux, mais c'étaient celles d'une époque ! D'ailleurs, l'Inquisition s'est quasiment effacée en France dès lors que le pouvoir royal est devenu fort, au sens d'apte à diriger réellement en ses fonctions régaliennes.

Par contre, l'Inquisition ne s'est pas maintenue telle qu'elle après 1542 (je mets à part le cas espagnol), tant ses règles, son contrôle, sa procédure furent bouleversés à cette date. Elle n'a plus rien à voir !

En fait, le drame est que l'on mélange souvent l'Inquisition médiévale, l'Inquisition espagnole, les "inquisitions" locales (avec des rivalités entre dominicains et franciscains), les chasses aux sorcières, le Saint-Office dans le sens lutte contre la Réforme, le Saint-Office ultérieur, etc... Il y a là des identités de nom, mais pas de réalités !

Qu'il y ait eu des abus, nul ne le nie ! Que certains actes furent forts peu chrétiens, tout le monde l'admet ! Mais de là à réduire, comme le font certains la Chrétienté à la seule Inquisition, il y a plus qu'un pas fallacieux et mensonger à faire ! Et de plus, la Chrétienté n'a pas été la seule, malheureusement, à commettre de tels actes, mais ces autres actes avaient-ils une justification aussi poussée que ceux de l'Inquisition ? ces autres actes ne furent-ils pas bien plus démesurés ? la haine, qui n'animait pas l'Inquisition aussi surprenant que cela paraisse (sauf peut-être dans le cas de son évolution espagnole tardive), ne fut-elle pas présente dans ces autres actes ?

Personnellement, je ne renie pas, même si j'ai parfois du mal à admettre... C'est un fait d'histoire ! Par contre, je condamne toujours la violence gratuite... Je ne sais plus qui disait que l'expérience n'est que la somme de nos erreurs, mais personnellement je pense que l'histoire est là non pour nous dire ce que nous devons faire, mais ce que nous ne devons pas faire... Mais je pense aussi que l'histoire doit toujours être resituée dans son temps, ce qui n'est pas relativiser, mais comprendre !

 

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commentaires

J
<br /> Bonjour, j'ai été baptisé, enfant de coeurs, etc... Avec ce que j'ai lu, enttendue, vu (j'ai 43 Ans) j'arrive a une conclusion, la religion c'est une chose et l'église c'est une autre. Rien a<br /> voir l'une avec l'autre et de loing. J'ai eu la chance de visité. Fàtima, Lourde, Le Vatican, La Salette je n'ai vu que du luxe, de l'argent et du pouvoir et cela existe depuis des siécles. Je<br /> crois que je sais encore ou est le bien et le mal, ou c'est normal et le éxagérer. Je crois que nous ne somme pas encore sortie de l'ére médiéval puisque les guerres existes encore, on n'a encore<br /> l'hiérarchie:Le juge, le président, le procureur, l'avocat, l'ingénieur et j'en passe, les riches puis le pauvre. Donc on n'a rien evolué. On ne vie qu'une fois, et toute les conneries que les<br /> gens font dans ce monde. Je suis née en 1969, avant cette date je ne me rapelle de rien et aprés ma mort non plus, mais je ne suis pas un agneau égarer comme dit l'église je sais trés bien mon<br /> chemin et j'aime vivre, avec des haut et des bas comme tous le monde. Comment la terre est apparue, encore personne le sais, puisque des preuves palpable il y en a pas. Ce qui est triste c'est<br /> que encore maintenant les gens ne peuve pas s'éxprimer en liberté et dire ce qu'elles pense. L'inquisition existe encore et je suis née et je vais mourir sans avoir connue la Démocratie<br />
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