Une amie m'a posé une question : « Reste t-il des plumes de droite ? » Alors, quelques réflexions rapides...
Ma réponse est claire : "Non" ! Si l’on appelle « plume » l’adulation sans analyse, il en reste certes, mais si ce qualificatif porte sur la réflexion, la réponse est bien négative !
Mais tout a été fait, y compris dans notre propre camp, pour qu’il en soit ainsi !
Nous nous sommes laissé imposer l’idée que la doctrine était supérieure à l’idéologie, alors même que le concept d’idéologie exprime les idées de pensée, d’action et de transmission, celui de doctrine se limitant à l’idée de verticalité de la pensée du haut vers le bas… La doctrine impose le « béni oui-ouisme », et c’est à cela qu’est réduite aujourd’hui la « plume de droite »… Soyons clairs, on a « tué » les plumes de droite, car elles pouvaient être critiques, oubliant que la critique que pouvait avoir ces plumes était constructive ! Il est bien joli de vouloir dénoncer les élites comme on le fait aujourd’hui, mais lorsque nous avons nous-mêmes détruit ces élites, du moins celles de notre bord, est-ce réaliste ?
Guaino a bien essayé de revenir là-dessus en critiquant les « élites », mais, en l’absence de toute explication et d’historique, cela est destructeur et réducteur…
Le FN a des plumes, mais la droite n’en a pus ! Mais le FN n’est pas une droite contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, mais un melting-pot de mécontentements ! Il n’est pas un idéal, mais la superposition de rêves individualistes, un super-libéralisme de jalousies et de conservatisme ! D’ailleurs, à bien y regarder, les fiefs du PCF d’avant 1981 sont aussi les fiefs du FN d’aujourd’hui…
La défaite fort possible aura lieu sur l’idée, sur la pensée et non sur le bilan ! La défaite sera celle du déficit intellectuel de la droite, déficit voulu par la droite elle-même, en rien celle du bilan ! Car la droite a cédé à la tentation de l’abandon de ses idées, de ses idéaux, pervertissant l’idée du rassemblement, l’idéal de l’harmonie qui sont ses fondements !
La défaite de la droite, sa ruine, est inscrite dans les gênes de la droite depuis l’abandon du débat sur l’identité nationale, depuis l’abandon de toute réflexion sur les valeurs… Nous avons abandonné l’idée de nation – qui est d’ailleurs aussi de gauche, ne l’oublions pas – au FN, alors que ce melting-pot, ce salad-bowl nous a piqué beaucoup de nos idées, mais en les outrant, en les déformant, en les privant des valeurs républicaines, ou du moins de certaines… Or, nous nous sommes couchés…
D’ailleurs, qui chez nous pourrait renier la finale du discours de Hollande à Vincennes sur la nation et le drapeau ? Personne ! Mais là encore nous nous sommes couchés, nous avons abandonné, justement faute de « plumes », faute d’élites intellectuelles, la finalité ayant été de les détruire !
Notre défaite serait celle de l’abandon de l’idée de valeurs, idée à laquelle nous avons renoncé dans les faits ! Et ce n’est pas « Bruxelles » qui en est responsable ! C’est nous-mêmes, c’est lorsque nous avons abandonné l’idée du rassemblement pour celle de « droite », copée ayant ici sa part de responsabilité, même si elle est inconsciente et subconsciente ! Nous avons cautionné l’idée de confrontation – lutte des classes, France d’en haut/France d’en bas, Nation/monde – au détriment de l’harmonie qui est aussi discussion… L’ouverture faite par Sarkozy lors de ses deux premières années était un retour à nos valeurs, à l’idéologie du rassemblement, mais elle a été trop rapide, et surtout abandonnée, induisant un glissement de l’idéologie à l’idéologisme !
N’oublions pas que la gauche est soudée par le marxisme, qu’il soit modéré ou non, trotskyste ou social-libéral ! A droite ? Nous nous sommes laissés enfermer dans l’image du fascisme, alors même que le fascisme, on oublie trop de le rappeler, n’est qu’une forme de socialisme, que ce dernier soit d’inspiration marxiste ou non ! Le fondement de notre pensée était l’idéologie du rassemblement et non pas celle du sauveur, et nous l’avons oublié, abandonné en tuant les élites qui, dès lors, ne peuvent plus être que de gauche ou technocratiques ! Guaino a essayé de sauver les meubles, mais il n’a pas expliqué, donc il a échoué ! Et ses attaques contre les élites sont désormais destructrices !
Souvenons-nous aussi que le Général de Gaulle n’était ni de droite, ni de gauche mais au-dessus dans une certaine idée de la France ! Son grand mot était «L’intendance suivra », alors même qu’aujourd’hui le grand mot est « L’intendance précède tout »… De Gaulle parlait-il à tout bout de champ de croissance, d’économie ? Non ! Il parlait d’action, de rassemblement, de grandeur, … Le déclin a commencé avec les dernières années de Pompidou, lorsque l’on a donné la primauté à l’argent sur la grandeur ! C’est le désastre de son « Plus de petites femmes, fini la fête, … »… C’est la défaite de Malraux face à la finance mondiale et face à l’énarchie mono-pensante et non pas servante ! C’est la défaite de De Gaulle et de Malraux face à la théorie du bienfait des crises, or la crise n’est pas une réussite mais toujours échec car réduction de l’harmonie, bris du rassemblement ! or, cette idéologie du bienfait des crises a été mise au pinacle ces dernières années, sauf les deux premières de Sarkozy… Mais pourquoi a t-il abandonné son idéal ?
Aujourd’hui, la droite n’offre plus de rêve réaliste, d’utopies réalisables, mais seulement de l’économisme ! Elle n’offre plus qu’un matérialisme d’action et non plus de pensée, ce qui est contraire à toutes les valeurs, à toutes les traditions françaises, et c’est pourquoi certains des nôtres voteront Hollande ! Car le vide de la pensée n’est pas une solution ! Car le « fric-roi », le « fric tout-puissant » n’est pas la solution ! L’homme ne vit pas que d’eau et de pain, il vit aussi de pensée, de rêve, d’espoir… Or, porter la désespérance comme seule alternative n’est pas une solution !
On a oublié que nos racines étaient plurielles, et pas seulement chrétiennes ; qu’elles étaient aussi celtiques, grecques, latines, juives, carthaginoises, "barbares", etc… et même un peu musulmanes sous l'influence du XII° siècle... Et, dès lors, en réduisant, nous en sommes arrivé à une pensée apparaissant comme d’exclusion alors qu’elle ne l’est pas a priori…
Dès lors, il ne peut plus y avoir, entre la destruction de l’idée d’élite et la pensée unique « finances », de plumes de droite, et celles qui restent sont comme le Mozart de Cesbron : on les « assassine » !
NB : Quant à Twitter, ce n'est que le post-mâché d'une pensée réductrice se voulant dominante...