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31 mars 2010 3 31 /03 /mars /2010 15:35

Lire les deux Épîtres de Pierre est indispensable. Ne serait-ce que parce qu’est à Pierre que Jésus à confie ses brebis ! De plus, Pierre, premier des Apôtres, est un témoin direct du message de Jésus dont il a suivi les pas au jour le jour tout au long de sa mission sur terre. Son témoignage est donc un bien des plus précieux pour le chrétien, tant car il fut témoin que car il reçut la charge de l’Église :

« Pais mes agneaux. » (5 Jn 21, 16)

 

Dans tous les cas, (Jn 21, 15-19) me semble bien plus significatif de la mission pastorale confiée à Pierre que le Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église de (Mt 16, 18), car, outre le fait que la traduction ne prête ici à aucune contestation possible, quelle que fut la langue parlée par Jésus, cet envoi a été effectué après la Résurrection, après le reniement de Pierre !

 

Saint Pierre fait un devoir de ne pas se révolter contre le pouvoir civil dans une épître datée par la tradition de 60-63, même si elle a plus vraisemblablement été écrite entre 70 et 90 par un disciple perpétuant l'héritage de Pierre à Rome[1] :

« Soyez donc soumis à toute institution humaine à cause du Seigneur, soit au roi, comme souverain, soit aux gouverneurs, comme délégués par lui pour faire justice des malfaiteurs et approuver les gens de bien. Car c’est la volonté de Dieu que, par votre bonne conduite, vous fermiez la bouche aux insensés qui vous méconnaissent. » (1P 2, 13-15)

 

Saint Pierre semble de plus mettre l'obéissance au prince quasiment au même niveau que l'obéissance due à Dieu en prescrivant :

« Craignez Dieu ; honorez le roi. » (1P 2, 17),

ce qui n'est d'une certaine façon pas illogique, le Royaume de Dieu n'étant pas de ce monde, d'où deux niveaux de pouvoir distincts, même si celui du prince reste soumis à la volonté de Dieu. A contrario, on peut lire en [Jn 1, 11] que le Verbe est venu dans son propre bien[2].

 

On a cependant trop souvent oublié que l’Apôtre étend cette exigence de respect dû au prince à toute l’humanité, car ces mots sont inscrits dans une plus longue phrase, dépassant le simple respect des autorités :

« Rendez honneur à tous ; aimez tous les frères ; craignez Dieu ; honorez le roi. » (1P 2, 17).

Roi doit ici s’entendre au sens de souverain terrestre, pas dans le sens de monarchisme)[/list].

 

Comment ne pas penser ici à la Règle de saint Benoît qui demande d’accueillir dans les monastères tout hôte, même inconnu, comme le Christ lui-même :

« Tous les hôtes survenant au monastère doivent être reçus comme le Christ, car lui-même dira un jour : « J’étais sans toit et vous m’avez reçu. » » (Règle de saint Benoît, LIII, 1) ?

 

Et l'Apôtre d'ajouter  :

« Dans la mesure où vous avez part aux souffrances du Christ, réjouissez-vous… Si vous êtes outragés pour le nom du Christ, heureux êtes-vous… Si quelqu'un de vous souffre comme chrétien, qu'il  n'en  ait  point honte ; plutôt  qu'il  glorifie Dieu  de ce nom même. » (1P 4, 13-16)

 

On notera en passant, que dans le même passage que celui qui vient d’être cité, Pierre condamne le meurtre, sans préciser la forme de celui-ci :

« Que nul d'entre vous n'ait à souffrir comme meurtrier, voleur ou malfaiteur, ou comme se mêlant des affaires d'autrui. »

 

Ceci n’est pas sans poser question quant à l’exercice de certaines de ses fonctions par le soldat, mais saint Pierre n’en dit pas plus, nous renvoyant à recourir aux paroles du Christ même, nous forçant à analyser avec attention la Tradition. L’ambiguïté tient en la référence, dans ce passage qui traité des outrages subis par le chrétien de la part de l’autorité, au fait de devoir souffrir, ce qui laisse planer un doute certain sur le cas du meurtre légal commis par le soldat, celui-ci n’ayant pas à en souffrir sur terre.

 

Dans tous les cas, le mal ne peut pas être le moteur de l’homme, donc du soldat :

« Enfin qu’il y ait entre vous union de sentiment, bonté compatissante, charité fraternelle, affection miséricordieuse, humilité. Ne rendez point le mal pour le mal, ni l’injure pour l’injure ; bénissez, au contraire ; car c’est à cela que vous avez été appelés, afin de devenir héritiers de la bénédiction. « Celui qui veut aimer la vie et voir des jours heureux, qu’il garde sa langue du mal, et ses lèvres des paroles trompeuses ; qu’il se détourne du mal, et fasse le bien ; qu’il cherche la paix et la poursuive. Car le Seigneur a les yeux sur les justes, et ses oreilles sont attentives à leurs prières ; mais la face du Seigneur est contre ceux qui font le mal. » (1P 3, 8-12)

 

L’amour du prochain, l’humilité, le refus du mal, la patience, la recherche de la paix et de la justice sont des vertus impératives pour le chrétien…



[1] R. E. Brown, Que sait-on du Nouveau Testament ?, Paris, Bayard, 1997, 2ème éd., page 760

[2] Cette traduction est celle de la TOB.  La traduction Crampon est : « Il vint chez lui. » ; le texte latin de la Nova Vulgata est : « In propria venit. ». Or, le Verbe était Dieu (Jn 1, 1). Certaines traductions utilisent même le mot domaine au lieu du mot bien. Le mot grec utilisé est “idia” qui peut se traduire par “maison”, “biens propres”. Néanmoins, une telle interprétation réduirait la mission du Christ à une simple dimension matérielle, alors que sa dimension est avant tout spirituelle et salvatrice. Rien de ce qui est sur la terre n’est insouciant à Dieu, et la terre est sienne en ce sens qu’il en est créateur ; mais la finalité de l’homme est de contempler Dieu, pas de rester éternellement sur terre avant la fin des temps

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