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5 janvier 2010 2 05 /01 /janvier /2010 15:09

(suite de Temps de Dieu et temps des hommes (1) )

Notons qu’avant d’être effectuée, une œuvre libre peut tout autant être omise qu’être voulue, mais s’il est certain qu’elle est future et non pas seulement possible, s’il elle est voulue, on peut être, certain du même coup qu’elle ne sera pas omise.

Pour ce qui est de la liberté de choix, du libre-arbitre, ceci permet de choisir entre deux ou plusieurs solutions, ou plus exactement entre deux ou plusieurs attitudes. Un arbitre est d’autant plus meilleur non pas quand il décide à tort et à travers mais qu’il penche en faveur de ce qui est le plus juste, ou plus exactement ici, en faveur du parti qui est le meilleur dans le dessein de Dieu. Pourtant, cette attitude, prédéterminée, n’empêche pas qu’il décide librement, sans aucune contrainte. Et c’est ainsi, pour en revenir à cet admirable exemple pour l’humanité, que la Vierge elle-même n’a jamais été dépourvue de libre-arbitre, du seul fait qu’elle ne pèche pas et que l’on peut assurer qu’en fait, entre deux solutions : le Oui à Dieu, le Non à Dieu, elle a toujours choisi la meilleure ! Même chez elle, il y a eu arbitrage de sa volonté, tout comme il y a d’ailleurs eu arbitrage de la volonté chez Judas l’Iscariote, tant pour sa trahison de Jésus que pour son suicide ! Et, il y a en fait, de par le libre-arbitre laissé par Dieu à l’homme, toujours arbitrage de la volonté, même pour Jésus en Sa totale humanité sur Sa Croix, et ce chaque fois que l’on précise son vouloir ! On avait décidé de telle solution, parfois de manière confuse, sans préciser que l’on y parviendrait par telle voie ou par telle autre ; et l’arbitrage rendu est libre, toutes les fois que le choix est prononcé sans autre considération et sans autre contrainte que la valeur intrinsèque des autres solutions en présence et que l’accord plus ou moins parfait dans le cas de l’homme des solutions en présence avec le désir profond de l’agent concerné !

Ceci ne signifie pas que Dieu n’intervient pas ! Dieu subordonne à notre assentiment sa coopération, se met  notre disposition ! Mais l’homme est, dans son libre-arbitre, libre de l’accepter ou non ! C’est ce qui me fait dire que le chrétien a une telle liberté qu’il a même la liberté de se damner, non pas du fait de la volonté ou de la préscience de Dieu, mais par sa propre volonté d’accepter ou non la coopération divine ! Si l’on veut une image, nous dirons que le vent ouvre la fenêtre que l’on ne verrouille pas, alors qu’il n’ouvre pas celle que l’on a volontairement verrouillée ! C’est de la pleine liberté de l’homme que de pouvoir non pas rendre inefficace le concours divin, car cela n’est pas possible, mais de refuser, ou même simplement de différer l’effet infaillible du concours divin, car l’effet divin, lorsqu’il est de Grâce est infaillible par rapport au système de référence qui est la durée de Dieu, mais sous la commande du libre-arbitre humain lorsque le système de référence est la durée humaine ! Faute de consentement du et par le libre-arbitre, le concours divin est inefficace du fait de l’homme et non de Dieu ; le défaut d’efficacité n’est pas du côté de Dieu, mais du côté de l’homme par acte de sa propre volonté !

Par contre, il ne faut pas oublier que l’efficacité du concours divin est bridée non par l’homme (du moins en dernier ressort), mais par la volonté divine elle-même afin d’assurer notre liberté ! Il n’y a donc rien d’injurieux à dire à l’égard de Dieu que le concours divin n’est pas efficace au sens strict, n’est pas déterminant, car cette non-efficacité n’est pas du fait de Dieu, mais du fait de notre propre libre-arbitre. D’ailleurs, dans Son infinie Grâce, Dieu peut très bien passer outre notre libre-arbitre et nous sauver malgré nous par la gratuité absolue de Sa Grâce, malgré notre refus de Lui dire Oui ! Frappez et on vous ouvrira (Lc 11, 9)…

Le libre arbitre du chrétien est donc bien réel, mais il n'est cependant pas absolu puisque le baptisé reste, dans son libre arbitre, soumis aux commandements de Dieu et de l'Église (huitième canon des canons sur le sacrement de baptême du Décret sur les sacrements du Concile de Trente, 3 mars 1547) ; mais il peut donc aussi refuser cette soumission, ce qui l’exclut de la Grâce du baptême, mais non de la Grâce divine qui reste, elle, totalement gratuite.  Cette idée de libre-arbitre et le concept de commandements de l'Église constituent une différence importante entre l'homme catholique et les tenants de la Réforme, et le décret du Concile de Trente sur le sacrement de baptême qui les traduit  s'inscrivait dans le cadre d'une condamnation des erreurs de Luther, de Philippe Melanchthon et de la Confession d'Augsbourg. Il s'agit là d'un fondement du Catholicisme, son non respect étant frappé d'anathème.

Souvenons-nous que Saint Paul a su nous rappeler avec des mots très forts le sens de la liberté et du libre-arbitre du chrétien, en particulier dans l'Épître aux Galates. Dans cette Épître, parlant des conséquences de l'avènement de Jésus crucifié, Saint Paul montre que Jésus, par l'accomplissement de la promesse du Salut, a libéré l'homme en le régénérant à la lumière de la Foi. Désormais, l'homme, libéré du péché originel, est libre de son propre destin, libre de créer sa propre liberté mais aussi son propre carcan en se détournant de la Foi ; on pourrait presque dire que depuis la venue du Christ sauveur, l'homme désormais est seul maître de son propre péché - sa liberté dans le Christ étant telle qu'il est même libre de se damner -, confronté en permanence aux choix imposés par le souffle de l'Esprit, car  celui qui est juste par la foi vivra (Ga  3, 11).  Comme l'a écrit Saint Paul, c'est à la liberté que l'homme est appelé, à la liberté par l'amour(Ga 5, 13), ce qui importe n'étant plus forcément la Loi, mais surtout l'Esprit et la Grâce du Don de Dieu, bref la nouvelle Création conséquence de l'accomplissement de la Promesse (Ga 5, 15). Cette liberté n'est de plus pas sans conséquences sur l'ordre du monde et sur les rapports entre les hommes car elle a pour conséquence certes la responsabilité individuelle de chacun par ses choix, mais aussi l'égalité entre tous les hommes, donc la solidarité si l'on applique le commandement nouveau Tu aimeras ton prochain comme toi-même de (Mc 12, 31) ;  cette égalité est  clairement exposée par l'Apôtre : Oui, vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n'y a plus ni Juif, ni Grec; il n'y a plus ni esclave, ni homme libre; il n'y a plus l'homme et la femme; car tous, vous n'êtes qu'un en Jésus-Christ (Ga 3, 27-28 ; on pourrait ici penser à (Ac 15, 1-35) en dehors du corpus paulien ).

Le libre-arbitre du chrétien est en fait l'expression de la liberté offerte par Dieu à l'homme, mais cette liberté est en fait une voie, une ouverture sur un chemin où l'homme peut trébucher, car plus il avance, plus il est libre dans son choix et dans son engagement, devant toujours se questionner sur son devenir. Le libre-arbitre du chrétien est abandon à Dieu et non pas abandon par Dieu, mais il est surtout liberté et conscience, ce qui le distingue du libre-arbitre social qui, s'il soumet aussi aux commandements d'une loi, n'est pas régi par l'Amour de Dieu, donc plus imposé que librement choisi, le libre-arbitre chrétien pouvant aller jusqu'au refus de Dieu, alors que celui de la société est conçu pour éviter tout refus de la société. Ceci est fondamental. La liberté de l'homme est en fait, depuis la faute d'Adam, finie et faillible, l'homme pouvant refuser le projet d'Amour de Dieu (CEC, 1739). Elle le rend surtout responsable de ses actes, dans la mesure où ces actes sont volontaires, tout acte directement voulu (étant)  imputable à son auteur (CEC, 1736 ; cf. Gn 3, 13 ; 4,10 ; 2 S 12, 7-15).

Repensons ici à la Vierge Marie, Mère du Christ. Marie a été, est une femme consciente de ce qu'elle risque - surtout au regard de son époque - et de ce qu'elle fait, et elle l'accepte en totale liberté. C'est par la liberté absolue de son don à Dieu que Marie est devenue la plus parfaite des créatures de Dieu. Par la liberté de son Oui, Marie est tout à la fois l'intercession avec Dieu et la sublimation de notre humanité ; elle est le modèle absolu pour l'homme car elle est elle-même humaine, créature parfaite et immaculée, mais en aucun cas une déesse. Par son adhésion entière à la volonté du Père, à l'œuvre rédemptrice de son Fils, à toute motion de l'Esprit Saint, la Vierge Marie est pour l'Église le modèle de la foi et de la charité (CEC, 967).

Tant la liberté du chrétien que l'égalité entre les hommes, proclamées tout au long des Évangiles, mais aussi dans l'Épître aux Galates, tant les principes d'Amour, de Foi, d'Espérance et de Charité, ont des conséquences fondamentales sur l'approche chrétienne, car ils sont les fondements même de la vie du chrétien.

La philosophie commence lorsque les hommes s’étonnent de ce que les choses sont ce qu’elles sont (Aristote, Métaphysique, 983a13) … Au sens strict, au sens philosophique, l’essence est ce par quoi un être est ce qu’il est, ce comme quoi il existe, ce par quoi il est rangé dans telle ou telle espèce. On l’appelle aussi souvent nature (d’un être)  en tant qu’elle est faite pour produire telle opération propre. Au sens logique, on l’appelle quiddité car elle est l’objet plus ou moins clairement perçu par l’intelligence quand elle voit ce qu’est la chose, quid sit res

Par delà tout ce qui a été écrit précédemment, mais pas sans lien, je rappellerai que saint Thomas d’Aquin nous dit que Dieu reste inconnaissable en ce monde puisqu’étant l’être pur ! Mais il ne faisait ici que confirmer les Pères de l’Eglise qui nous disent clairement que la connaissance de l’essence divine est au-dessus des forces naturelles de l’homme (Justin, Dial. CXXVII,2 ; Clément d’Alexandrie, Stromates II, 2 ; Irénée (Adv. Haer. IV, 20, 5 ; Origène, Contre Celse VII, 42). Cette connaissance reste mystérieuse même pour l’intelligence éclairée par la Grâce (Basile de Césarée, Contre Eunome ; Grégoire de Nysse, Contre Eunome ). Mieux, pour le chrétien, l’itinéraire de l’âme l’amène à découvrir que Dieu échappe à toute conceptualisation, une telle recherche le conduisant à s’aventurer dans les ténèbres (Grégoire de Nysse, Vie de Moïse, PG, XLIV, 377A ). Dieu est en fait incompréhensible en ce qu’il est (Jean Chrysostome, De fuga 141), in-représentable (Jean Chrysostome, De Sacrif. 59) et inexprimable (Clément d’Alexandrie, Praed. III, 12), tant en sa forme qu’en en son essence ! L’ousia - dans ses sens les plus larges - divine est incompréhensible pour toute la Création (cf. Ps 138, 6 ; Rm 11, 3 ; 1Co 13, 9) ! Elle est même inaccessible aux anges eux-mêmes, malgré la vision béatifique et l’amour béatifique (Jean Chrysostome, Homélies, PG, XLVIII, 707C, 728D, etc….), et cette inaccessibilité concerne tout le divin, y compris le monde divin (Jean Chrysostome 706D ). Par ailleurs, le monde invisible reste un mystère pour l’homme, y compris pour la propre âme de l’homme (Jean Chrysostome 740D ). En fait, l’homme ne connaît pas la nature du ciel (Basile de Césarée, PG, XXIX, 668A ; Grégoire de Nysse, PG, XLV, 93C ), et l’homme est impuissant à saisir les réalités spirituelles dans leur tout (Grégoire de Nysse, PG, XLIV, 731B ). Comme l’a écrit Jean Chrysostome (Jean Chrysostome, PG, XLVIII, 732D ), dans les choses qui sont au-dessus des réalités d’en-haut, il n’est pas permis à la créature de sortir de ses propres limites. (…) En ces choses, le silence est le meilleur. La reconnaissance de l’incompréhensibilité de Dieu est la docte ignorance, la vraie connaissance (Jean Chrysostome, 742D ), la connaissance partielle dont parle saint Paul étant de savoir que Dieu est, mais d’ignorer ce qu’Il est (Jean Chrysostome, 707D ), cette connaissance portant aussi sur l’action de Dieu dans le monde, y compris ses modalités (Jean Chrysostome, 710D ).

On pourrait par exemple dire beaucoup sur les anges. Les anges sont des êtres spirituels (Irénée, Adv. Haer. II, 36, 6ss ; Pseudo-Denys, Cael. Hier. 1, 3 ; Grégoire le Grand, Mor. II, 8 ; IV, 8 ; VII, 50) ; ce sont des esprits (Pseudo-Denys, Cael. Hier. 2, 2 ss ; 4, 2ss ; Eccl. Hier. 1, 2 ; Div. Nom. 7, 2 ; Tertullien, Apol. 22, 8 ; Clément d’Alexandrie, Stromates V, 36, 3 ; Origène, Contre Celse IV, 24ss ; Grégoire le Grand, Mor. II, 8 ; IV, 8 ; VII, 50 ; Dial. IV, 3, 29). Les anges n’ont pas de corps charnel (Irénée, Adv. Haer. III, 20), mais ils ont un corps immatériel correspondant à leur nature (Tertullien, De carne Christi 6, 9 ; Grégoire de Nazianze, Or. XXVIII, 9 et 31 ; Augustin d’Hippone : De Gen. III, 10), corps qui est aérien (Basile de Césarée, De Spir. Sancto 38 ; Fulgence, De Trin. 9). Les anges sont des symboles d’ordre spirituel (Pseudo-Denys, Cael. Hier. 4, 1 ss. ; Div. Nom. 7, 2). Augustin d’Hippone nous dit tantôt que les anges sont des esprits (Augustin d’Hippone, Psal.  103), tantôt qu’ils n’en sont pas (Augustin d’Hippone, Lettre XCV, 8), même si, majoritairement, il ne pensait pas qu’ils soient de purs esprits, sa doctrine étant abandonnée à partir de la haute scholastique ! Les anges se voient soit grâce à une corporalité éthérée (Augustin d’Hippone, De Trin. III, 5 ; Ench. 59 ; Fulgence, De Trin. 9), soit parce qu’ils prennent un corps matériel (Augustin d’Hippone, De Trin. III, 5), soit enfin parce qu’ils ont un corps aérien dans le temps (Grégoire le Grand, Mor. XXVIII, 3). Par contre, les anges n’apparaissent jamais dans un corps de chair (Jean Chrysostome, Hom. Contr. An. VII, 6), Jean Damascène pensant qu’ils n’apparaissent que sous la forme de visions (Jean Damascène, De Fide orth. II, 3 ; PG 94, 869A/B ). Les anges ont été créés par Dieu (Justin, Dial. 88, 5 ; Athénagore, Pres. 24, 3 ; Irénée, Adv. Haer. II, 2, 3 ; Clément d’Alexandrie, Protreptique 63, 2 ; Augustin d’Hippone, Civ. Dei IX, 23 ; XII, 26), par le Verbe de Dieu (Tatien, Or. ad Graec. 7, 1ss ; Irénée, Adv. Haer. II, 2, 4 ; Origène, De Princ. I, 7, 1 ; Athanase, Contr. Ar. I, 62), et ce avant toutes autres créatures (Basile, Hom. in Hexaem. I, 5 ; Augustin d’Hippone, Conf. XII, 13 ; Civ. Dei XI, 9, 32 ; Grégoire le Grand, Mor. XXVIII, 34). Les anges sont doués de raison, distincts, libres (Justin, 2 Apol. 6, 5ss ; Dial. 102, 4 ; Tatien, Or. ad Graec. 7, 3 ; Athénagore, Presb. 24, 4 ; Irénée, Adv. Haer. IV, 37, 1.6 ; Augustin d’Hippone, Civ. Dei. XXII, 1 ; Ench. 15 ; Grégoire le Grand, Mor. VI, 20) …. etc… Or, que nous dit aujourd’hui l’Eglise ? C’est qu’ils agissent selon les lois propres aux esprits, que l’on sait qu’ils existent mais que la science profane ne pourra jamais prouver ni leur forme, ni leur existence, ni leur action ! Ils ne peuvent être connus que par la Foi, l’Eglise contemporaine reprenant le Esse angelos novimus ex fide de saint Augustin (Augustin d’Hippone, En. Ps. 103).

Je rappellerai maintenant que la philosophie scholastique n’est pas forcément le dogme, d’autant plus qu’être Docteur de l’Eglise signifie certes Approbatio ecclesiae, soit l’approbation, non forcément explicite, de la personne et de la doctrine par l’Église, mais aussi Doctrina orthodoxa, ce qui signifie certes accord doctrinal dans l’ensemble de la théologie du Docteur concerné, mais en aucun cas infaillibilité absolue et exactitude totale dans tous les détails ; un Docteur de l’Eglise reste un homme et peut donc s’être trompé ! La philosophie scholastique n’est pas toute la théologie et toute la philosophie chrétienne, celle-ci étant vivante ! Et d’ailleurs, toute la philosophie franciscaine réfute toute une partie de la philosophie scholastique… Enfin, je crois me souvenir que la philosophie scholastique, pour ne pas admettre la mobilité et les dimensions du ciel, ne se fonde pas sur les Ecritures, mais sur… Aristote ! Or, l’absolue immobilité de Dieu, concept totalement scholastique, mais par exemple rejeté par la théologie franciscaine, ne risque t-elle pas de faire croire à certains que, par exemple, le baptême serait inutile en ce sens que le péché vrai serait impossible, même dans sa commission, car tout sera volonté de Dieu, jamais libre-arbitre ? Or, ceci est totalement erreur et hérésie !

Maintenant, une digression apparente… Descartes a éliminé de sa méthode tout ce qui est sensation, tout ce qui est rêve, tout ce qui n’est pas matériellement prouvable ! Mais, outre le fait que cette méthode n’est en rien la méthode chrétienne, n’a-t-il pas écrit : Je rêvais notre théologie, et prétendais autant qu’aucun autre à gagner le ciel (…) mais étant au dessus de notre intelligence les vérités révélées ne furent point soumises à la faiblesse de mon raisonnement !  Mais pour lui, la solution ne se trouva pas dans la foi, mais dans la seule matière, alors que saint Augustin (cf. Augustin d’Hippone, De Liberio Arbitrio II, 2) et saint Thomas d’Aquin (cf. la méthode de la Somme théologique qui commence toujours par les objections, par les raisons de douter, que certains confondent avec les solutions et les réfutations ) ont aussi douté, ont aussi appliqué le doute méthodique ! Le doute empirique du Descartes de la première partie du Discours de la méthode, mais aussi de ses Règles pour la direction de l'esprit, est à la fois de déception et phénomène de mode de son temps (car les sceptiques étaient alors à la mode, Descartes mélangeant parfois le doute socratique avec le scepticisme, de défendant d’être sceptique au sens antique, s’égarant même sur ce qu’ils étaient  : « Non que j’imitasse en cela les Sceptiques, qui ne doutent que pour douter et affectent d’être toujours irrésolus… » (Discours de la méthode, III, 6)), donc refuge face à l’inconnu, à l’inconnaissable ! Descartes avait décidé de se réfugier dans les mathématiques et dans la mécanique, qui, en effet, ne peuvent donner que des certitudes du type  2 et 2 font toujours 4, 1 étant toujours égal à 1 ! Les mathématiques et/ou la physique appliquées à la théologie ne sont qu’un refuge face à la peur de l’absence de certitudes non scientifiques ! Or, pour les chrétiens, 1 + 1 + 1 = 1, du moins lorsqu’ils parlent de Dieu ! Dieu ne se réduit pas à une équation différentielle !

Pour Descartes, les idées simples et les idées mathématiques restent vraies dans toutes les disciplines, dans tous les instants, y compris dans celui du rêve. Et il allait pousser son doute méthodico-empirique jusqu’au bout avec l’idée du Dieu trompeur, ainsi, s'il existe un Dieu et que ce Dieu dans sa toute puissance veut faire croire que 2 et 2 font quatre ou que le triangle a trois côtés alors que c'est faux dans son monde, alors l’homme se trouve en perpétuelle erreur. Certes rien ne prouve que Dieu existe et encore moins qu'il soit trompeur, mais le caractère hyperbolique du doute oblige à en envisager sérieusement l'hypothèse, et puisque rien ne prouve que ce Dieu trompeur n'existe pas, ceci imposerait, selon Descartes, à considérer comme fausses les idées simples et les vérités mathématiques. Donc, rien ne serait  vrai ! Fou, car, dès lors, en poussant l’absurde à son maximum, on pourrait dire que le suicide est le seul moyen de se réveiller de ce rêve, pas que Schopenhauer allait inciter à franchir d’une certaine manière… C’est là la faiblesse des approches uniquement matérialistes, même si elles se veulent métaphysiques !

Si l’on veut résoudre la crise existentielle actuelle, c’est surtout le doute permanent insinué dans les esprits par les matérialismes ou par mauvaise compréhension de Socrate qui doit disparaître, non pas qu’il faille supprimer le questionnement – bien au contraire –, mais il faut aussi croire en ce que l’on dit et surtout ne plus chercher, par un quelconque jeu dialectique, seulement à détruire l’autre en se détruisant soi-même ! L’Encyclopédie nous apprend que le philosophe n’admet rien sans preuve ; il n’acquiesce point à des notions trompeuses ; il pose exactement les limites du certain, du probable et du douteux, ce qui n’est pas faux et serait même utile, s’il n’y avait exclusion de toute vraie métaphysique par enfermement de la pensée dans un matérialisme organique et une croyance en un déterminisme universel mettant en cause la liberté psychologique en faisant, à la suite de Condillac, dériver de la seule sensation les activités de l’esprit.

Or, si le postulat de Condillac n’est pas totalement faux dans sa forme première, si la philosophie est éternelle, elle est aussi fille de son temps, car créatrice de concepts. Le développement actuel de l’épistémologie marque ainsi un grand retour des sciences dans la philosophie contemporaine et modifie sensiblement notre vision du monde. La philosophie est en fait perçue aujourd’hui, comme le pensait Socrate, comme étant seulement la science du doute  - même si ce doute ne doit pas conduire au pessimisme - et de la connaissance de soi, donc de son environnement ; mais elle est aussi comme le voulait Thalès la science de la recherche des causes premières et des solutions permettant d’assurer une adéquation idéale entre l’homme et la société où il vit, cette dernière dimension ayant malheureusement trop souvent été oubliée jusqu’aux dernières décennies. Il nous faut donc éviter de tomber dans le travers pessimiste d’Aristote qui voyait le début de la sagesse dans le fait de douter de tout et de tout le monde ; une telle approche de la philosophie, donc de la vision conceptuelle du monde, fondée finalement sur une absence permanente de confiance, ne peut conduire qu’à des relations sociales de tension, si ce n’est de crise ! La philosophie est une science humaine, et le retour contemporain à la philosophie morale - souvent influencée par la phénoménologie des temps passés - est le signe de la volonté de l’homme de chercher des réponses à sa réalité et à son environnement, non pas seulement technicistes, mais aussi intellectuelles, donc dépassement de Socrate et d’Aristote.

N’oublions pas ces mots terribles de Malraux qui caractérisent si bien la philosophie européenne de Socrate jusqu’à ces derniers temps : Pour détruire Dieu, et après l’avoir détruit, l’esprit européen a anéanti tout ce qui pouvait s’opposer à l’homme… (A. Malraux, La tentation de l’Occident, Grasset, 1926, page 215 de l’édition de 1951), car une civilisation de l’homme seul  ne dure pas très longtemps (Psychologie de l’Art,  La monnaie de l’absolu, II) ! Quelle dure vérité, de Socrate à Spencer… Et dire qu’il aura peut-être fallu attendre le très affabulateur Malraux et le très matérialiste – du moins en apparence – Sartre pour voir resurgir la véritable métaphysique et la véritable recherche des causes premières dans la pensée philosophique ! Un comble !

Aujourd’hui, par absence apparente de perspectives face aux crises, beaucoup semblent vouloir basculer dans le sur-pessimisme. On se trouve ici, paradoxalement, en présence d’un caractère matérialiste ayant trouvé une combinaison avec le religieux, d’où par exemple les actuelles tendances à des religions kleenex ou libre-service, à des sectes, à des extrémismes religieux, ces trois dernières tendances procédant en fait d’une même attitude de peur de l’avenir… Cette peur est à relier à la perte des certitudes et plus encore de confiance de l’individu tant en lui-même qu’en la société et ses structures, entraînant de facto un double rejet de l’endogène et de l’exogène… C’est le triomphe du doute et celui du scepticisme ; c’est le triomphe du monisme matérialiste, ce qui explique le lien actuel avec les écoles du pessimisme (on songera à Nietzsche, à Schopenhauer, à certaines formes du Bouddhisme, à l’épicurisme pur, …), ainsi que leur résurgence dans la pensée… Mais peut-on véritablement suivre par exemple Schopenhauer, le fondateur de l’école contemporaine du pessimisme, lorsqu’il affirme que la plus noble aspiration de l’homme devrait être de se débarrasser de l’existence ? La seule échappatoire qu’il proposait était de détruire en nous, par tous les moyens, la Volonté de vivre et s'évader du désir inassouvissable par l'anéantissement dans le nirvana bouddhique et la contemplation esthétique, ou alors dans le suicide… S’il incitait les autres à se tuer pour s’accomplir, s’est-il pour autant suicidé ? Et la seule réponse se trouve t-elle dans la seule vacuité ? La rupture chrétienne opposant nettement un Dieu personnel, un Dieu homme, aux dénominations abstraites des Grecs, avait réfuté purement et simplement la conception antique, contribuant à sonner le glas de cette vision classique de l’homme et du réel (…) Ce n’est pas par hasard que survient si souvent ce débat sur l’individuel et l’universel, à la fois logique et métaphysique, mais aussi grammatical et juridique,  problème même de la médiation. (E. Garin, Moyen-âge et Renaissance, Gallimard, Paris, 1969, coll. Tel ).

Le scepticisme (du grec : skepitos, qui examine) tel que nous le connaissons est né au III° siècle avant Jésus-Christ, n’étant plus exactement celui de Socrate. Les tenants de cette école doutent que le vrai savoir existe ; donc, contrairement à une idée reçue le sceptique ne doute pas de tout – cela viendra avec Descartes -, mais seulement de l’accessibilité au vrai savoir ! Le sceptique pense que la connaissance est impossible, la science démontrant de plus cette impossibilité. Donc, dans l’idéal sceptique, si un être humain accepte qu’il ne peut tout comprendre et tout atteindre, il aura néanmoins atteint le bonheur, par réalisation d’un état vrai de tranquillité et de satisfaction. Comme il est écrit dans le Lalande, le scepticisme,  au sens le plus large, est la doctrine d’après laquelle l’esprit humain ne peut atteindre avec certitude aucune vérité d’ordre général ou spéculatif, ni même l’assurance qu’une proposition de ce genre est plus probable qu’une autre (cf. A. Lalande dir, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, PUF, 1972, 11ème éd., page 949, col. 2).

Le Catholique est sceptique… Le catholique est sceptique, mais uniquement au sens antique, en aucun cas au sens cartésien, car il admet son ignorance face à certains mystères divins, reconnaît qu’il peut être victime d’illusions de ses sens et de son esprit (l’œuvre du malin), admet les différences individuelles entre les hommes et enfin soumis au diallèle, au di allêlôn tel que le définissait Pyrrhon d’Elée ; mais il est aussi sceptique au sens contemporain du terme, en ce sens qu’il admet que la connaissance sensible de chaque individu dépend de son environnement et de sa culture. Il faut se rappeler que selon le diallèle on ne peut démontrer la valeur d’une chose – et en particulier de la raison – qu’en s’appuyant sur cette même chose ; même si Pyrrhon développa sa pensée à partir d’une erreur, celle selon laquelle nul ne sait ce qu’est le bien en soi, il est possible de faire un parallèle entre le diallèle et la réalité du mystère de la Foi ! L’homme chrétien, et plus encore le Catholique, est en lui-même ambivalent, car partagé entre Foi dogmatique et raison sceptique, entre acceptation du message divin et soumission au mystère divin ; sans cette ambivalence, qui ouvre la voie à la métaphysique – donc à Dieu -, à la spiritualité – donc à Dieu -, à la critique et à la vérité, sainte Thérèse d’Avila, saint Thomas d’Aquin, Jean la Croix seraient-ils des auteurs chrétiens ? Ils sont tous enfants de la Foi, mais aussi enfants de la raison, cette combinaison entre Foi dominante et raison au sens de Kant [Emmanuel Kant allait exposer que la connaissance commence par les sens, passe par l’entendement, et s’achève par la raison, cette dernière étant la faculté suprême recherchant pour un conditionné l’ensemble des conditions. La raison est donc, dans son usage logique, la faculté de conclure. La raison est donc trine : 1) un système de principes a priori dont la vérité ne dépend pas de l’expérience, qui peuvent être logiquement énoncés et dont l’homme a une connaissance réfléchie. Donc, tout ce qui dans la pensée est a priori et ne provient pas de l’expérience ; 2) elle est pure lorsqu’elle concerne exclusivement la connaissance ; 3) elle est pratique lorsqu’elle est considérée comme contenant a priori le principe de l’action, c’est-à-dire la règle de moralité] étant l’essence même de la Foi chrétienne, même si, dans cette Foi chrétienne l’élément raison est soumis à l’élément Foi dont il procède. Et le mystère de la Sainte Trinité n’est-il pas en fait la meilleure expression de cet équilibre parfait entre Foi et raison, le Père, le Fils et l’Esprit Saint étant une seule et même personne car le Père engendre le Fils et car l’Esprit Saint procède du Père et du Fils (cf. 4ème Concile du Latran, chapitre II) ?

La doctrine théologique de la transcendance se trouve au centre de la question de la Création. En effet, Dieu n’est pas dans le monde comme un principe vital animant tous les êtres vivants, mais comme Créateur et Maître de l’Univers. De plus, la transcendance, relation personnelle avec Dieu, traduit le mouvement par lequel la conscience vise l’objet qui, tout en tant en corrélation avec ses actes, lui est radicalement extérieur, ce qu’est Dieu, d’où les principes de Grâce et de Révélation.

Selon l’immanence, Dieu serait identique à la Création, ou même élément de la Création, alors que Dieu n’est pas élément de la Création mais créateur (le Fils est engendré et non pas créé, et ici prédomine l’idée de Trinité), tout comme Dieu I Création (ici se situent l’univers, dont l’homme et l’idée de créatures, en aucun cas le a-monde de Dieu) = zéro ! Contrairement à ce qu’avait écrit en 1979 Luc Ferry (in : Le nouvel ordre écologique, Grasset/Le Livre de Poche, Paris, 1992, n° 13565, page 150), ce n’est pas la transcendance qui fait de l’homme l’être de l’anti-nature par excellence, mais bien au contraire l’immanence ; en effet, en plaçant Dieu en position de Père créateur et l’homme en qualité de maître de la nature (et non pas de l’univers ; cf. Gn 1, 28), la Foi chrétienne impose un lien fort à cette même nature, y compris sous tous ses aspects physiques ! La transcendance établit une relation personnelle de l’homme à Dieu, mais aussi des êtres animés quels qu’ils soient du fait de l’Alliance avec Noé (Gn 9, 8-17), et fait en sorte que Dieu met d’une certaine façon sa Création en jeu au travers de l’homme puisqu’Il est lui-même, et Lui seul, distinct de Sa création ! C’est en ce sens que les théories contemporaines tendant à concevoir le divin dans un sens uniquement d’immanence sont dangereuses, y compris celles cherchant à expliquer Dieu au travers des notions classiques de mesure, de dimension, car, dès lors, Dieu et la Création ne sont que des énergies physiques, physiquement mesurables, seule cette énergie étant immuable, quelle qu’en soit sa forme. Admettre que la relation entre Dieu et l’homme serait une relation d’immanence, c’est en fait nier l’homme lui-même, car le réduisant au seul couple (matière/énergie), car c’est le réduire au seul sens de point de l’histoire terrestre, alors que Dieu l’en a établi le maître… C’est aussi nier la nature elle-même puisqu’elle se trouve réduite seulement à une forme particulière de l’énergie cosmique universelle, bref le dada des New Age, puisque seule cette énergie cosmique universelle compterait, quelle qu’elle soit !

Universel, admettant la raison tout en étant fondé sur la Foi, le message chrétien est en fait transposable au monde entier, l’Eglise ayant de plus proclamé depuis Vatican II qu’acceptation du message du Christ ne signifie pas forcément pratique de la religion du Christ, même si cette voie est la plus pure aux yeux de Dieu. Le tout est que le message du Christ, interprété et explicité par la Tradition pour le Catholique afin de ne pas trébucher, soit bien compris et appliqué en tenant compte des cultures… L’homme a reçu de Dieu la mission de dominer les choses créées et de cultiver le jardin du monde ; mais cette mission l’homme doit s’en acquitter dans le respect de l’image divine qu’il a reçue, et donc avec intelligence et amour : il se doit de se sentir responsable des dons que Dieu lui a prodigués et lui prodigue sans cesse. L’homme dispose d’un don qui doit passer – si possible amélioré – aux générations futures qui sont elles aussi, dans l’éternel présent de Dieu et de Dieu seul, destinatrices des dons du Seigneur. La domination accorée par le Créateur à l’homme… n’est pas un pouvoir absolu, et l’on ne peut parler de liberté d’user et d’abuser, ou de disposer des choses comme on l’entend (Jean-Paul II, Sollicitudo Rei Socialis, Mediaspaul, Paris, 1988, points 34 et 43, pp. 67-68 et 131-132. Les citations de Jean-Paul II qui suivent sont tirées du même texte).

Il est donc nécessaire de trouver l’harmonie, c’est-à-dire l’ordre admirable et parfait au sens d’Aristoxène de Tarente, mais non figé, donc distinct de l’immobilité et de l’inerte qui régit le mouvement et le monde - ici l’univers visible et l’univers invisible - ; de trouver l’harmonie existant et devant exister entre la nature, la nature de l’homme, l’homme-nature et la société humaine, et c’est là que doivent se trouver les véritables enjeux de société ! L’harmonie est par nature chrétienne, et, en ce sens, environnementale, car lié à l’essence de l’Univers - tant visible qu’invisible, ici global -, définissant une vision parfaite du cosmos, une cosmologie des relations entre l’homme et la nature, entre l’homme et les autres créatures, rejoignant par là-même l’idée de sacré, toutes les créatures étant, de par l’Alliance entre Dieu, les hommes et les êtres animés, égales devant Dieu !

L’harmonie est fondamentale, car elle est définitrice d’une vision fondamentale de l’Univers liée à un ordre cosmique immuable (… l’ordre n’étant pas l’univers, tout comme Dieu n’est pas Sa Création) qui doit être respecté ; on touche ici au divin puisque, pour les Catholiques, c’est la rupture de cette harmonie, la distorsion existant dans la relation de l’homme à Dieu qui est à l’origine des crises environnementales et existentielles actuelles, l’homme contemporain ayant été appelé par Jean-Paul II à retrouver l’émerveillement pour l’être, retrouvant ainsi cet aspect puéril (au sens d’enfant) et sentimental du Christianisme, de la Foi du charbonnier, aspect complémentaire (aucun cas contraire, mais dans un sens d’équilibre) car spirituel des aspects savants de la Foi, mais trop souvent oublié sous l’influence tant de la philosophie pessimiste de Kierkegaard que de l’individualisme romantique qui expliquent certaines dérives culturelles et sociales depuis le XIX° siècle, tout comme les Lumières mal digérées ont participé à ces crises depuis le XVIII°, pour en rester à cet exemple…

La notion d’ordre divin et son respect sont des impératifs pour le chrétien, car liés à l’essence même de la création, Jean-Paul II ayant ainsi rappelé que cet ordre doit être respecté : l’humanité est appelée à l’explorer, à le découvrir avec une grande prudence et à en faire usage en sauvegardant son intégrité. Vivre et penser harmonie avec la nature, avec le monde invisible, avec Dieu n’est pas contraire au Christianisme mais au contraire vivre pleinement en chrétien ! Ce n’est pas l’homme catholique qui est responsable des crises actuelles, mais l’homme ayant oublié le sens premier de la transcendance chrétienne, l’homme oubliant le sens premier de la Création ! Cette notion d’harmonie, l’homme doit la vivre en tout, mais ce n’est pas le cas, malheureusement… Sans même parler l’harmonie des relations de voisinage, ou encore celle de l’environnement, j’évoquerai uniquement le droit positif, ce dernier régissant les relations entre les hommes vivant en société. Or, on ne peut que déplorer que la plupart des textes juridiques actuels donnent prédominance à la seule valeur idéographique des mots, ce qui est certes nécessaire, et ce au détriment de la musique du verbe (ne parle t’on pas de la musique céleste, de la musique de la Création, de celle de l’univers créé ?) qui est pourtant aussi importante, tant pour la compréhension générale que pour la cohésion interne du texte. Il est frappant de ressentir combien les textes retouchés, amendés, mal appliqués sont le plus souvent des textes sans harmonie, alors que les textes combinant à la fois valeur idéographique du mot, sens de l’humain et valeur musicale du tout sont le plus souvent clairs, cohérents, compris, admis, et surtout bien appliqués… Le même constat peut se faire pour l’économie, le rôle de l’oïkonomia, de l’administration des affaires de la maison, étant d’assurer la bonne harmonie au sein de la maison sociale et entre ses diverses composantes, donc le juste – mais peut-être terrestrement – utopique équilibre entre le sentiment, l’utile et le nécessaire, rejoignant ainsi ces mots de Grammont : On peut peindre une idée par des sons (in : Le vers français, 1904).

L’harmonie est au cœur même de la doctrine chrétienne, car elle est directement liée au Verbe, … au bruit de fond de la Création ? Le Verbe, le logos, est le pilier de la pensée chrétienne ; il en est la source, comme le rappelle si bien l’Evangile selon saint Jean qui commence par ces mots (Jn 1, 1-3) : Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu. Il était  au commencement avec Dieu.  Tout fut par lui  et sans lui rien ne fut.

Par cette harmonie et par l’Alliance, qu’il s’agisse de l’Alliance avec Adam, de l’Alliance avec Noé ou de la Nouvelle Alliance, Dieu a laissé la Création, c’est-à-dire pour l’homme terrestre la terre et la nature, indépendante de lui-même ; Il en est la source, le créateur et le global, non pas l’élément ou le système ; hors de la Création, qu’Il précède et qu’Il suivra, Dieu est au-dessus du monde dont il assure l’harmonie… C’est peut-être là que réside la différence fondamentale entre le Christianisme et l’animisme, le paganisme, les religions orientales, le Nouvel Âge, le christisme de certaines Loges maçonniques… Détruire l’harmonie n’est pas détruire Dieu, mais c’est détruire l’œuvre de Dieu, donc nier Dieu ! L’harmonie doit donc être préservée et développée car elle est à la fois œuvre et don de Dieu !

Cette vision, que l’on trouve déjà chez Hermas dans Le Pasteur, se retrouve dans l’harmonie musicale qui influe le monde. Alors que l’harmonie classique enfermait le monde, bloquant le rôle de l’homme alors que Dieu lui avait donné mission de continuation et de sauvegarde de la Création, l’harmonie nouvelle, par son dépassement et son ouverture à un nombre a priori indéterminé de temps, ouvre l’homme à l’infini et « libère » Dieu d’un carcan que voulait lui donner l’homme en l’ouvrant à nouveau à l’infini dans le cœur de l’homme, ce qui est sa vraie nature. Et, paradoxalement, cette nouvelle harmonie rejoint le chant grégorien qui était ouverture à l’infini, à l’éternité, à l’univers visible et invisible, au monde céleste, ce qui en fait le chant d’Eglise absolu car ouvrant à la vision béatifique, quasiment hors du temps terrestre, mais dans l’a-temps de Dieu !

De même, le passage de la gamme de 7 à 10 est fondamental (le chant grégorien échappe d’une certaine façon à toute idée de gamme, de temps, d’intervalles, ce qui en fait encore une perception pour le chant d’Eglise), car s’inscrivant dans une même logique… Alors que le 7 est le chiffre de la Création du monde (cf. les travaux de Méliton de Sardes ou encore du Cardinal Pitra) et le 6 celui de la terre, du monde visible hors de Dieu car hors du temps du repos de Dieu, la gamme à 10 temps et l’intonation juste ont ré-ouvert la gamme à l’infini. On est passée d’une création finie que ne voulait pas Dieu, Dieu ayant confié à l’homme la continuation de son œuvre terrestre, d’où son apparente non intervention dans les affaires des hommes, à une création infinie, ouverte à tout l’univers, qu’il soit visible ou invisible, des hommes ou des anges, donc au cosmos, à la continuation de la Création, à la vie ! L’harmonie re-libérée des carcans de la doctrine mécaniste est celle de Dieu, … même si certaines tentatives sont parfois bizarres du fait des tâtonnements ; elle impose le respect de toute la Création, non sa destruction ; son amélioration par le prolongement de l’acte de Dieu.

Cette harmonie nouvelle se retrouve aussi aujourd’hui partiellement dans la vision qu’avaient les Grecs de la nature, puisque, s’il y a chez ces derniers coupure entre le monde des dieux et celui des sciences, il n’y a pas élimination des dieux, mais au contraire vision globale et harmonique du monde, par le lien entre la phusis – nature, expansion – et le logos – science, discours -. On retrouve finalement ici l’idée développe par Platon dans le Timée, c’est-à-dire le fait que l’harmonie est la gamme servant à démontrer la création et la vie du monde qui sont les aunes de l’univers. La seule erreur des Grecs, corrigée par le Christianisme – d’où le lien philosophique évident entre la philosophie grecque et la philosophie chrétienne – est que la Grèce a surtout cherché à rendre compte des apparences, des phénomènes (…cette dérive revenant aujourd’hui par oubli de l’enfantine admiration de Dieu et des splendeurs de Sa Création), alors que le chrétien associe le divin au matériel, sans pour autant les confondre, sans les mêler, en totale harmonie, le Christianisme n’étant pas immanence ! Les seuls points de conjonction ont été les Théophanies et encore sans vision absolue de Dieu, sauf sous la forme du feu ou de sensations), l’extase (… mais avec des limites physiques … même si le temps est suspendu) et surtout l’Incarnation, Dieu se faisant homme, Jésus Vrai Dieu et vrai homme !

Maintenant, une réflexion sur le zéro, qui n’est pas le rien ! Le zéro n'est-il pas une utopie car il est lui-même valeur, donc réalité ? N'est-il pas le croisement de deux lignes, le résultat de la rencontre de deux réalités -au moins- équivalentes mais opposées - donc complémentaires - qui, loin de s'anéantir ne font que se confronter, donc créer au minimum de la pensée ? Le zéro absolu des thermiciens n'est-il pas inaccessible non pas pour de simples raisons physiques ou chimiques mais plus simplement car il est hors de la pensée, donc hors de l'homme, car purement concept et étranger tant à l'homme qu'à la nature ? Mais paradoxalement, n’est-il pas aussi totalement dans le divin puisque absolument a-physique, a-humain, a-temporel ? La meilleure démonstration de l'inhumanité du zéro est en l'entropie des corps purs, sous forme de cristaux parfaits, est nulle à la température du zéro absolu, ce qui signifie qu'il existe un ordre parfait au zéro absolu (J. Ficini et al., Thermodynamique. Équilibres chimiques, Hermann, Paris, coll. Méthodes, 1969, page 52) ; or, l'ordre parfait n'a jamais été une conception - et encore moins une réalité - humaine et toutes les tentatives d'organisation de société d'ordre parfait ont été vouées à l'échec car basées sur l'exclusion et sur des principes de rejet de l'autre ; ces principes de rejet sont d'ailleurs condamnés par de grandes religions ou philosophies comme le Christianisme, le confucianisme ou encore par les religions « de la nature » comme l'animisme... En fait, aucune action humaine n'est vaine, et c'est pour cela qu'il faut être vigilant et veiller à ne pas détruire la nature, donc l'harmonie qui unit l'homme au monde ; si cette harmonie n'est pas cet utopique état de nature exposé par certains, si elle n'est pas Dieu pour les athées, elle n'est est pas moins réalité car condition du mystère de l'existence même de l'homme, donc divine par essence...

Tout scientifique, tout artiste, toute personne qui réfléchit, tout être doué de sentiment n'est-il donc pas croyant par nature même, la croyance étant l'essence même du vivant ? L'ordre parfait n'est que divin : il est l'harmonie de la Création, et j'y vois là, par conséquence de ce que j'ai écrit précédemment, le lien avec le rien avec lequel Dieu, dans son infini Amour, a lancé sa Création...

Sans même aller jusqu’à Dieu, en restant pour une fois simplement matérialiste, il y a impossibilité d’une prise en compte seulement physique et mathématique des attitudes individuelles ! En effet, l’application du deuxième principe de la thermodynamique aux systèmes non-isolés – ce que sont les systèmes humains (ils sont en effet autant de systèmes non isolés fondus dans le système quasi-isolé qu’est pour l’homme la terre, étant entendu que la terre n’est en aucun cas un système isolé, le seul véritable système isolé étant l’Univers visible, physique lui-même. Néanmoins , à ce stade, il est possible de considérer la terre comme un système quasiment isolé, la préoccupation dominante étant ici la société humaine et ses relations avec la seule nature terrestre, avec le seul milieu terrestre, au sein de la seule anthroposphère) – montre qu’une décroissance de l’entropie, c’est-à-dire la traduction des critères permettant de prévoir la spontanéité et les proportions d’une action/réaction, est tout à fait possible au cours d’une transformation, cette diminution étant composée par une augmentation de l’entropie du milieu extérieur, donc du système isolé somme des systèmes – ici humains - non isolés : -DSsyst ≤  DSext. Le seul fait qu’il puisse y avoir diminution de l’entropie d’un système non isolé et celui qu’il y ait compensation – donc influence et impact – au moins gale de l’entropie du milieu extérieur démontre les limites des théories uniquement physiques et de tout l’intérêt d’une réflexion autre. D’ailleurs, le fait qu’il puisse y avoir augmentation devrait faire réfléchir sur le poids des décisions individuelles qui, en se combinant avec les décisions collectives, font qu’il y a plus d’attitudes que d’individus !

Le même constat, rapporté ici à l’Univers, archétype du système isolé, permet de démontrer la vanité et l’erreur évidente de ceux qui veulent réduire Dieu à une équation différentielle ou encore lui appliquer les dimensions classiques de la physique ; c’est là la grande erreur des tenants du New Age. Selon cette vision, Dieu serait le Grand Tout usant des mêmes lois que la physique (…même s’Il les respecte dans Sa Création et Son action en direction de Ses créatures, car Dieu n’est pas illogique, ayant créé ces lois), la réunion et la synthèse de toute l’énergie cosmique universelle, les hommes étant fondus dans une seule et unique grande conscience universelle, ce qui n’est qu’immanence, entre rien la transcendance chrétienne ! Si cette proposition était vraie, la somme des entropies des systèmes non isolés devrait toujours être gale à l’entropie du système isolé qu’ils composent, le tout devant être la stricte somme arithmétique des éléments qui le composent, ce qui n’est pas le cas. Le postulat de base d’un Dieu énergie cosmique universelle est donc faux, alors même que cette idée est défendue par des personnes souhaitant l’avènement d’une humanité nouvelle basée sur la seule gnose comme voie de Salut, alors que la vision chrétienne de Dieu un en trois Personnes et distinct de Sa Création est en parfaite harmonie avec la prise en compte du deuxième principe de la thermodynamique. Ceci permet de plus d’expliquer la raison possible d’une stricte égalité des variations d’entropies, ainsi que celle d’une discontinuité des valeurs puisque Dieu étant distinct de Sa Création, n’est pas présent physiquement dans chacun des éléments de cette Création [ce qui est l’erreur majeure de l’animisme, mais aussi du panthéisme qui est doctrine selon laquelle tout est Dieu, selon laquelle Dieu, le monde et la nature ne sont qu’une seule et même chose, qu’un seul et même être… Un dernier mot… Si l'on peut éventuellement tirer du darwinisme ou de sa postérité une quelconque idée d'existence d'un être supérieur ou de quelque chose d'approchant, cela n'a rien à voir avec Dieu ! Si l'on peut en tirer l'idée de l'existence d'une intelligence ordonnatrice supérieure à l'homme, cela n'a rien à voir avec Dieu ! C'est du panthéisme, c'est tout ce que vous voulez, mais ce n'est pas Notre Dieu ! Par contre, c'est une idée chère à certains des tenants du New Age. Mais il faut éviter de laisser croire que le New Age, basé sur la triple erreur d'un Dieu énergie universelle, de l'immanence intégrale et aussi parfois de la réincarnation, est l'avenir de l'homme, est chrétien, alors qu'il n'est dans les faits que remise en cause de la civilisation chrétienne, qu'artefact des idéologies de l'oligarchie - dont certaines étaient très chères à Darwin - et de la technostructure - là on est plus proche de Spencer, ou du moins de son école -, ainsi que tendance, le plus souvent inconsciente mais réelle, non pas à la préservation de l'univers dans son sens de fruit de la Création, mais à la dictature de la science omniprésente, donc en totale contradiction - malgré ses origines - avec une quelconque liberté de l'individu, tant au sens chrétien qu'au sens social du terme], d’où parfois cette différence qui tient à Dieu lui-même, créateur et non pas tout universel. On peut d’ailleurs s’interroger sur la portée ou plutôt la limite même des trois principes de la thermodynamique, leur enchaînement pouvant laisser présupposer de l’existence d’un quatrième principe lié au lien entre la chaleur, le travail et les formes non physiques de l’énergie dont commencent à parler certains scientifiques. En effet, le condensé qu’expose Atkins de ces trois principes : On peut transformer la chaleur en travail … mais la transformation n’est complète qu’au zéro absolu … or le zéro absolu est inaccessible ! (cf. P. W. Atkins, Chaleur et désordre. Le deuxième principe de la thermodynamique, Belin/Pour la Science, Paris, 1984), pourrait être achevé par les mots : …ce qui démontre l’existence – sinon de Dieu – mais du moins de formes non physiques de l’énergie, donc de la matière, donc du temps, mais aussi peut-être quant même de Dieu, celui-ci étant distinct de Sa Création. 

En passant, pour ce qui est de la forme de la création et de l'évolution, ne faudrait-il pas, avant toute interprétation, se souvenir que Dieu a créé pour l'univers les lois de la physique et de la chimie, dont découlent entre autres celles de la génétique ? Il ne pouvait donc échapper pour sa Création matérielle à ces (ses) lois. Pourtant, ce n’est pas d’impossibilité matérielle qu’il s’agit, mais seulement de cohérence avec son propre projet, et ce sans nier les innombrables exceptions possibles aux règles que la science a déjà pu dégager et pleinement connues de Dieu seul. Donc, si la volonté de Dieu était bien de créer l'homme, fin de sa Création matérielle, il ne pouvait le faire directement, ni même par pré-déterminisme absolu, d'où les différentes étapes de l'évolution et de la flèche de cette même évolution. Ceci explique à la fois les six jours, les diverses étapes de l'hominisation, les divers rameaux et surgeons de l'évolution, mais aussi l'épisode d'Adam chassé du Jardin d'Éden (Gn 3, 23-24). Si Adam est chassé du Jardin d'Éden, c'est parce qu'il est devenu image de la volonté primaire de Dieu, et surtout premier épisode de l'homme conscient, successeur de Dieu pour la suite et le service de la Création (Gn 3, 22). Avec Adam, Dieu a achevé son oeuvre matérielle, la faute d'Adam marquant la transition de l'animalité matérielle à la conscience organisée et créatrice. L'évolution est en fait peut-être un nouvel élément de démonstration de l'existence de Dieu, car elle s'inscrit dans la logique du dessein de Dieu ; en effet, si Dieu avait choisi deux voies différentes, l'une pour le non humain, une autre pour l'homme, donc pour une même Création, il n'aurait pas été Dieu car il aurait alors créé des lois qu'il n'aurait pas respectées, ce qui est absurde. De plus, vue la multitude des êtres animés, qui sont liés par l'Alliance à Dieu, celui-ci aurait prévu une voie pour chaque objet de sa Création, ce qui aurait induit l'absence de toute loi de l'univers; or, Dieu, par sa position de Créateur, de Père de l'univers, étant Verbe, était donc logos, donc loi. Sans évolution, sans loi de l'univers, il ne peut y avoir Dieu. L'évolution est donc intimement liée à Dieu, car soumise à ses lois. La nature de l'homme est donc double : animale car matérielle, mais surtout divine car spirituelle, et c'est cette ambivalence qui le conduit certes à dominer la Terre, mais qui l'oblige aussi à l'aimer, à la servir, car il est lié à cette même terre dont il est issu, terre qu'il peut dominer comme achèvement de la Création divine primaire, mais qu'il ne peut ignorer car il est en à la fois fils et partie, qu'il doit aimer car divin, qu'il doit respecter car à la fois divin au sens transcendant et animal sur un plan biologique..... Précisons ici que la conscience humaine est déjà pleinement présente lors de la reconnaissance d’Eve et de la décision d’Adam de s’y attacher et de quitter père et mère. Cette conscience humaine était aussi présente pour qu’il y ait un péché originel. Néanmoins, c’est bien au terme de son œuvre matérielle que Dieu fait la personne humaine, homme et femme, à son image et à sa ressemblance.

Il peut paraître inepte à certains de se référer à la création lorsque l’on parle de Dieu, mais le visionnaire que fut Nicolas Léonard Sadi Carnot lui-même, c’est-à-dire le père de la thermodynamique ne parlait-il pas de l’unité fondamentale de deux mondes apparemment distincts : la science et le beau ? N’avait-il pas écrit : Thermodynamique et Dynamique sont comme l’Homme et la Femme apparus simultanément en I, 27 de la Genèse, et dont les interactions restaient empiriques. Pour qu’ils puissent devenir une seule chair thermodynamique, il a fallu attendre qu’en II, 22 de la même Genèse, Yahvé remplace la première « femme » par une autre, consubstantielle, car tirée d’une côte de l’homme, faisant ainsi un lien entre Foi, Création, science et mécanique, forçant au constat de la dissymétrie de la nature, mais aussi de son unité globale, tout comme Dieu est à la fois un et trine, Trinité et Unicité ?

Finalement, combien sommes-nous proches du Dieu caché d’Isaïe ! La foi consiste (…) à saisir l’intervention de Dieu dans l’histoire. Elle nous installe ainsi dans notre monde. Mais est-il certain que le Dieu de l’histoire soit le Dieu proche ? Pour Isaïe, il était le « Dieu caché ». Croit-on qu’en parlant du Dieu de l’histoire de préférence au Dieu de l’Univers on ait rendu Dieu plus familier ? (…) A vouloir rendre Dieu trop proche, on risque de dégrader son action, et de l’y reconnaître là où elle n’est plus la sienne, mais tout simplement l’enchaînement d’agirs humains. (…) Le Seigneur Dieu Jésus-Christ existe Souverain incompréhensible d’une histoire dont le déroulement correspond à ses desseins, mais nous n’en avons ni perception, ni expérience. La souveraineté du Christ est trans-historique, comme sa Résurrection. (…) Dieu n’est pas seulement le Maître de l’histoire ; le monde dans sa totalité est son œuvre. Il est incompréhensible et au-delà de tout ; il est le Dieu inaccessible, le Dieu caché, et pourtant, le Dieu si proche que les données familières de l’expérience humaine sont plus propre à décrire sa conduite que les métaphores tirées de la nature, lesquelles auraient apparemment l’avantage de ne point faire de Dieu une projection à l’absolu de l’homme. La dialectique de la proximité et de l’éloignement trouve son terme en Jésus-Christ :

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