Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
2 avril 2010 5 02 /04 /avril /2010 16:12

Clément de Rome, le troisième des successeurs de Pierre au siège de Rome, a, chose importante, connu certains des Apôtres (cf. Irénée, Adv. Haer., III, 3), ainsi qu'un nombre significatif de leurs disciples et témoins directs. Sa parole est donc d'importance, car il y a peu de distance temporelle entre lui et le message du Christ. Il semble clairement admettre dans son Épître aux Corinthiens l'armée, tout comme il semble admirer l'ordre militaire. Il faudra retenir que ce texte est antérieur à la Didachè - après 100 -, voire même à l'Évangile de Jean dont la rédaction se serait étendue entre 90 et 110.

Il faut noter que son Epître aux Corinthiens est le plus ancien des documents connus mettant en évidence la primauté du siège de Pierre. Cette lettre fut rédigée alors que les chrétiens de Corinthe étaient divisés par de graves différents et ressentiments. Certes, il n’est pas possible de dire si cette intervention de Clément fut spontanée ou en réponse à une demande de Corinthe, mais toujours est-il qu’il intervint par lettre pour inviter les Corinthiens, sur le ton de la charité, à faire la paix entre eux. Mais, tout en intervenant avec charité, il intervient aussi  avec la même autorité que celle avec laquelle Paul était intervenu devant la même Eglise de Corinthe, le parallélisme entre ces deux interventions étant particulièrement saisissant. De plus, les Corinthiens allaient semble t-il tenir compte des exhortations de l’Evêque de Rome, puisqu’ils allaient se souvenir de cette intervention, l’Evêque Denys de Corinthe rappelant vers 170 que cette lettre était toujours lue et conservée, à un rang quasiment égal à celles de Paul.

S'adressant aux Corinthiens en 96, donc dans l'un des plus anciens textes chrétiens connus, il leur dit : Servons donc en soldats, frères, de tout notre zèle sous Ses ordres irréprochables. Considérons les soldats qui servent sous nos gouvernants, avec quelle discipline, quelle docilité, quelle soumission ils exécutent les tâches qui leur sont assignées. Tous ne sont pas commandants en chef, ni chefs de mille, ni chefs de cent, ni chefs de cinquante, ni ainsi de suite, mais chacun à son rang propre exécute ce qui lui est prescrit par le roi et les gouvernants (Ad Corinthios, 37, 1-3)

Il appelle clairement les chrétiens à servir en soldats, reprenant ici une image chère à saint Paul, sa fin n'étant cependant pas ici la guerre terrestre, mais le combat contre le mal qui doit s'effectuer dans le cadre d'une discipline communautaire s'inspirant de celle des armées. Clément parle donc par métaphore en utilisant l'image de l'armée, comme le fit saint Paul, mais comme nulle condamnation de la guerre n'apparaît dans le reste de son Épître aux Corinthiens ; on peut en présumer qu'il dépasse cette simple admiration de l'ordre militaire pour admettre et défendre la chose militaire. Par ailleurs, par sa référence au roi et aux gouvernants, il laisse présager la vision augustinienne selon lequel la guerre ne peut être décidée que par une autorité légitime.

Il faut cependant noter que Clément n'est pas tout à fait exact dans sa description des formes de commandement militaire, en ce sens qu'il évoque des “chefs de cinquante”, grade qui n'existait pas dans l'armée romaine, se référant ici à la répartition traditionnelle du peuple de Dieu au désert (Clément de Rome, Épître aux Corinthiens, Paris, Cerf, 2000, coll. Sources chrétiennes n° 167, intr., notes et trad. A. Jaubert, page 161, note 3 sous 37, 2), répartition que l'on retrouve dans l'Ancien Testament en [Ex 18, 21-25], [Dt 1, 15] et [1M 3, 55]. Sa référence n'est donc a priori que spirituelle, même si elle ne contient aucune condamnation de la guerre et de l'usage des armes.

 

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires