Pendant longtemps, on a attribué à Clément de Rome une Seconde épître aux Corinthiens. Il apparaît aujourd’hui que ce texte, qui est daté d’environ 150, n’est pas de la main de Clément de Rome. C’est pourquoi il est aujourd’hui connu soit sous le nom d’Homélie du IIème siècle, soit sous celui d’Épître du pseudo-Clément. Ce texte, axé sur le personnage du Christ, est intéressant, non pas tant en ce qu’il cherche à combattre certains courants gnostisants, mais parce qu’il parle du combat du chrétien ; mais ce combat là n’est pas un combat militaire, mais un combat pour le salut, même si certaines images semblent pouvoir se rapporter au combat militaire. Néanmoins, le pseudo-Clément préfère se référer à celui du lutteur, à celui du marin (Homélie V-VII) …
Ainsi, tout le chapitre V est une exhortation au combat, mais au combat spirituel, le seul qui compte aux yeux des premiers auteurs chrétiens. Le but de ce combat est le Christ, et la couronne du vainqueur n’est pas vaine gloire mais celle du Christ, celle du salut éternel. Le pseudo-Clément préfigure le De corona militis de Tertullien… Ce qui compte, ce n’est pas ce monde, car ce siècle présent et le siècle à venir sont ennemis (VI, 3). Ceci préfigure les deux cités, mais sans pour autant pouvoir s’y identifier, car le pseudo-Clément insiste plus sur la brièveté de la vie terrestre (V, 5) et pose cette opposition plus comme une exhortation à la vie sainte qu’autre chose (V, 1), et ce même s’il appelle à considérer les biens de ce monde comme étrangers (V, 6). On pourrait écrire qu’il s’agit là d’une forme archaïque des deux cités…
On en retiendra également la place importante accordée au thème de la justice. Ainsi, le pseudo-Clément rappelle [Mt 7, 21] qui nous dit que c’est en pratiquant la justice que l’on sera sauvé (IV, 2). Et cette référence à la justice est immédiatement suivie d’un appel à faire le bien, même si rien n’est véritablement dit sur les conditions pratiques de la mise en œuvre de ce bien (IV, 3). Les rappels que fait le pseudo-Clément de ce que doit faire le chrétien parle ainsi par exemple d’éviter l’adultère ou la médisance (IV, 3), mais ne fait aucune référence au cinquième commandement. Néanmoins, le texte appelle les chrétiens à s’aimer les uns les autres, à confesser leur foi par leurs œuvres (IV, 3). Faire le bien et aimer son prochain, n’est-ce pas déjà souhaiter la paix et ne pas tuer ? Ce lien entre la justice, le bien et la paix est d’ailleurs clairement mis en évidence par le pseudo-Clément : Si nous nous appliquons à faire le bien, c’est la paix qui s’attachera à nous (X, 2), ceci étant conforté par ces mots : Si nous pratiquons la justice sous le regard de Dieu, nous entrerons dans le Royaume des Cieux (XI, 7).
Justice, bien et paix sont donc indissociables dans la pensée du pseudo-Clément et le salut ne peut être atteint si ces trois éléments ne sont pas réunis dans les actes du chrétien.