Peut-on être soldat ? - Saint Augustin ne condamne pas a priori le métier des armes ; cela a déjà été vu lorsqu'il précisa que le christianisme n'interdit pas toute guerre, en particulier dans son analyse de [Lc 3, 11-14] : Et c'est souvent pour punir ces excès, pour résister à la violence, que des hommes de bien, par le commandement de Dieu ou de quelque autorité légitime, entreprennent des guerres, quand ils se trouvent placés dans une situation telle que l'ordre lui-même exige ou qu'ils les ordonnent ou qu'ils les exécutent. Autrement quand les soldats venaient trouver Jean pour recevoir le baptême (…) il leur aurait répondu : Jetez vos armes, abandonnez votre drapeau ; ne frappez, ne blessez, ne tuez personne. Mais comme il savait qu'en faisant cela à la guerre, ils n'étaient point homicides, mais serviteurs de la loi ; qu'ils ne vengeaient point leurs propres injures, mais pourvoyaient au salut public, (…). (…) Mais il serait long de discuter maintenant sur les guerres justes et injustes, et cela n'est pas nécessaire (Contra Faust., XXII, 74). S'appuyant sur l'exemple du roi David, ainsi que sur [Mt 7, 8-10], [Ac 10, 4-8], Mt [11, 11] et donc [Lc 3, 14], il dit encore aux chrétiens : Gardez-vous de croire qu'on ne puisse plaire à Dieu dans la profession des armes (Lettre CLXXXIX à Boniface, 4).
Il est donc des soldats qui peuvent plaire à Dieu, et il ne s’agit pas seulement ceux des croyants qui luttent spirituellement contre le mal, ce qu'il réaffirmera par ailleurs : Il en est donc qui, en priant pour vous, combattent contre d'invisibles ennemis ; vous, en combattant pour eux, vous travaillez contre les barbares trop visibles. (…) Nous ne devons pas vouloir avant le temps vivre uniquement avec les saints et les justes, afin que nous le méritions en son temps (Lettre CLXXXIX à Boniface, 5). Et saint Augustin parle bien des soldats temporels, insistant sur la source divine de la force temporelle : Lors donc que vous vous armez pour le combat, songez d'abord que votre force corporelle est aussi un don de Dieu ; cette pensée vous empêchera de tourner le don de Dieu contre Dieu lui-même. Car si la foi promise doit être gardée à l'ennemi même à qui on fait la guerre, combien plus encore elle doit l'être à l'ami pour lequel on combat ! (Lettre CLXXXIX à Boniface, 6).
Un métier exposant à des risques graves de déviance - Pourtant, il ne considère pas le métier de soldat comme étant des plus recommandable, rejoignant ainsi ses prédécesseurs : Comment se fait-il que lorsqu'on leur adresse des observations, quand on leur reproche de s'enivrer, de voler le bien d'autrui, d'être violents, de commettre des meurtres, ils répondent aussitôt : "Que voulez-vous que j'y fasse, je suis un homme du monde, un soldat ; je ne suis pas un prêtre, ni un moine." Comme si, parce que l'on n'est ni prêtre, ni moine, on avait le droit de tout se permettre (Sermon CCCII, sur l'amour de la vie éternelle, à l'occasion de la fête de saint Laurent).
Être soldat peut entraîner un mode de vie bien contraire à l'idéal du chrétien, et il faut donc veiller à ne pas sombrer dans ces risques de dérives… Ici, saint Augustin ne tranche pas véritablement avec ses prédécesseurs. Il va même plus loin en exposant la mauvaise réputation de certains soldats : Comment se fait-il que lorsqu'on leur adresse des observations, quand on leur reproche de s'enivrer, de voler le bien d'autrui, d'être violents, de commettre des meurtres, ils répondent aussitôt : "Que voulez-vous que j'y fasse, je suis un homme du monde, un soldat ; je ne suis pas un prêtre, ni un moine." Comme si, parce que l'on n'est ni prêtre, ni moine, on avait le droit de tout se permettre (, Sermon LXXXII (?), texte non retrouvé, mais cité par G. Minois, L’Église et la guerre, Fayard, 1994, pp. 49-50). Et de le confirmer de manière indirecte, tout en renvoyant la question de la déviance à celui qui la pose : Mais ce soldat m'a fait tant de mal. - Je voudrais savoir si, soldat à ton tour, tu ne ferais rien de semblable. Nous ne voulons pas toutefois que se conduisent de la sorte les soldats qui oppriment les pauvres ; nous voulons au contraire qu'eux aussi écoutent l'Évangile, car ce n'est pas la milice, mais la malice qui fait obstacle au bien (Sermon CCCII, 15).
Il dit aussi de manière claire dans ce texte que le soldat, membre de la milice, peut faire le bien, et que cette dernière n’est pas rejetée aux yeux de Dieu.
Les jalons d’une éthique à la guerre - Le métier des armes étant admis, malgré quelques réserves sur certaines dérives possibles, se pose alors la question de savoir ce que le soldat peut faire à la guerre et dans la guerre ; bref, il pose les premiers jalons d'une éthique de la guerre. Déjà, le soldat doit se conformer à [Lc 13, 14], c'est-à-dire ne pas piller, ne pas mésuser de la violence légitime, ne pas convoiter…
Saint Augustin expose qu'un certain respect de l'adversaire doit rester à l'esprit de celui qui fait la guerre : Si la paix de ce monde est si douce pour le salut temporel des mortels, combien est plus douce encore la paix de Dieu pour le salut éternel des anges ! Que ce soit donc la nécessité et non pas la volonté qui ôte la vie à l'ennemi dans les combats. De même qu'on répond par la violence à la rébellion et à la résistance, ainsi on doit la miséricorde au vaincu et au captif, surtout quand les intérêts de la paix ne sauraient en être compromis (Lettre CLXXXIX à Boniface, 6). On est loin ici du vae victis des anciens, et saint Augustin, parmi les premiers, ose poser des limites éthiques à la guerre : (…) Que blâme t-on dans la guerre ? Est-ce que des hommes qui doivent mourir tôt ou tard, meurent pour établir la paix par la victoire ? C'est là le reproche d'un lâche, et non d'un homme religieux : le désir de nuire, l'envie cruelle de se venger, une animosité implacable et sans pitié, la fureur de la révolte, la passion de dominer, et autres défauts de ce genre, voilà ce que l'on condamne dans la guerre, et avec raison (Contra Faust., XXII, 74).
La guerre ne se fait donc pas pour n'importe quoi, ni n'importe comment, l'établissement de la paix et de la justice étant sa seule fin. Et ainsi se posent les conditions d'exercice de la guerre, donc la définition des prémisses du jus in bello. Les exactions sont ainsi interdites, comme le demandait saint Jean Baptiste en [Lc 3, 14], seul le mauvais soldat abusant de son droit pour en mener : Autre chose est qu'un propriétaire soit forcé de livrer son cheval à un soldat ; (…). Et comme la plupart des mauvais soldats, au mépris de la discipline militaire, abusent du drapeau de leur général pour effrayer certains propriétaires, et extorquer d'eux des contributions illégales ; ainsi quelquefois de mauvais chrétiens, des schismatiques ou des hérétiques, au nom du Christ, ou en employant des paroles chrétiennes et des objets consacrés, exigent quelque chose des puissances qui sont obligées de rendre hommage au Christ (Quatre-vingt-trois questions, Q. LXXIX [- Pourquoi les magiciens de Pharaon ont-ils fait certains miracles comme Moïse, le serviteur de Dieu ? (Ex 7-8)], 4).
Néanmoins, la ruse est autorisée : L'homme juste doit donc avant tout se préoccuper de faire la guerre uniquement pour la justice, et contre celui à qui il est permis de la faire ; car cela n'est pas permis contre tout le monde. Or, lorsqu'on entreprend une guerre juste, peu importe, au point de vue de la justice, qu'on remporte la victoire en bataille rangée ou par une ruse heureuse (Questions sur l'Heptateuque, Livre VI, Questions sur Josué, X (Jos VIII, 2.) Quand la guerre est-elle juste ?).
Par ailleurs, saint Augustin condamne le vol, le pillage et la rapine, le vol n'étant autorisé que dans un seul cas, celui du risque de suicide : N'est-il pas permis de dérober, lorsque le vol ne fait de tort à personne ? Ceci est parfaitement permis quand on se propose le bien de celui que l'on vole : ainsi, par exemple, si quelqu'un veut se donner la mort, il est permis de lui prendre son épée (Questions sur l'Heptateuque, livre III, Questions sur le Lévitique, LXVIII).
Enfin, le soldat doit respecter le droit d'asile : Parmi ses ennemis, plusieurs (…) avaient trouvé dans les lieux saints un asile pour échapper au fer ennemi et sauver une vie dont ils ont la folie de s'enorgueillir. (…) En effet, lorsque ces furieux, qui partout ailleurs s'étaient montrés impitoyables, arrivaient à ces lieux sacrés, où ce qui leur était permis autre part par le droit de la guerre leur avait été défendu, l'on voyait se ralentir cette ardeur brutale de répandre le sang et ce désir avare de faire des prisonniers (De Civ. Dei, I, 1. Saint Augustin parle ici des ennemis de la Cité de Dieu ; cet épisode se rapporte à la prise de Rome par Alaric ).
Un millénaire après saint Augustin, Francesco de Vitoria sera le premier à analyser de manière très précise et à systématiser les principaux droits et devoirs du soldat à la guerre, faisant qu’une guerre est juste ou non, fondant ainsi les prémices des droits de La Haye et de Genève. Ainsi, les principaux droits et devoirs pendant une guerre juste sont le droit de recourir à la force des armes sans s’attribuer indistinctement le droit de nuire à l’ennemi par n’importe quel moyen, l’interdiction de tout procédé contraire à la morale et au droit, ainsi que le devoir de ne recourir qu’à des procédés correspondant raisonnablement à l’obtention du but légitime qui seul autorise le droit de guerre. De même, il évoque la question des non-combattants, des prisonniers et des autres non-belligérants qui doivent être protégés avec des statuts différents, ainsi que celle des indemnités et du sort du chef vaincu ; dans tous les cas, le statut et les droits de ces personnes doivent être régis par le droit.
Il n’est pas criminel de tuer à la guerre ! - S’il est une question où il faut bien garder à l’esprit que saint Augustin s’exprime tant sur un plan terrestre que sur un plan spirituel, c’est bien celle du droit de tuer à la guerre, et il ne faut surtout pas se tromper de perspective. Ceci oblige à rappeler que si l’on ne tient pas compte du contexte de toute son œuvre et de ses Rétractations, il est facile de se tromper sur saint Augustin et de croire qu’il cherche à donner des réponses abominables et des interprétations unilatérales. La lecture de ses ouvrages polémiques doit ainsi toujours être complétée par celle de ses ouvrages pastoraux, et plus encore de ses sermons et lettres. Il ne faut en effet pas oublier que toutes ses œuvres ont été conçues uniquement à la fin de répondre à des questions concrètes, aux besoins pastoraux et pratiques de son diocèse, de ses correspondants et de son temps. Dès lors, il est facile de lire littéralement et hors contexte, et donc de trouver de l’abominable chez saint Augustin. La pastorale quotidienne, des réponses à des réalités du concret et du quotidien – et non pas de la théorie ex nihilo – sont l’objet de saint Augustin ; et chacun de ses textes n’est qu’une réaction ponctuelle à une réalité concrète, ce qui impose de lire toute son œuvre avant de tirer des conclusions sur quelque point que ce soit. Par ailleurs, saint Augustin n’est qu’un homme ; il est donc faillible et peut parfois laisser parler ses passions plus que sa tête… De plus, même si, comme Père de l’Église, il est jugé de doctrina orthodoxa, ce qui signifie un accord doctrinal sur et dans l’ensemble de sa théologie, cela ne signifie pas infaillibilité absolue dans tous les détails ; d’où la nécessité de voir et de lire l’œuvre dans son intégralité et non pas en isolant quelques phrases. Et, sur cette question, saint Augustin donne deux réponses, l’une relative à la Cité terrestre, l’autre relative à la Cité de Dieu.
Et c’est ici que les doctrines catholiques du péché, de la pénitence, de la grâce et de la Rédemption, doctrines si bien explicitées par saint Augustin, doivent se déployer, en lien avec la volonté de rechercher avant tout la paix ! Saint Augustin est donc totalement actuel, même pour ce qui est des aspects de sa théologie a priori bien éloignés de la problématique développée ici, que ce soit pour sa théologie de la grâce ou encore pour sa théologie du péché, car, sans sa théorie du péché, il ne peut y avoir grâce, et il ne peut y avoir d’éthique, et, dès lors, tout serait permis…
Se pose donc la question de l'homicide à la guerre, car la guerre induit de devoir ou de risquer de devoir de verser le sang. Selon saint Augustin, il n'est pas criminel de tuer à la guerre, à la condition que la guerre soit juste et raisonnable : Dieu lui-même a fait quelques exceptions à la défense de tuer l'homme, tantôt par un commandement général, tantôt par un ordre temporaire et personnel. En pareil cas, celui qui tue ne fait que prêter son ministère à un ordre supérieur ; il est comme un glaive entre les mains de celui qui frappe, et par conséquent il ne faut pas croire que ceux-là aient violé le précepte : "Tu ne tueras point !", qui ont entrepris des guerres par l'inspiration de Dieu, ou qui, revêtus du caractère de la puissance publique, et obéissant aux lois de l'État, c'est-à-dire à des lois très justes et très raisonnables, ont puni de mort les malfaiteurs. (…) Ainsi donc, sauf les deux cas exceptionnels d'une loi générale et juste ou d'un ordre particulier de celui qui est la source de toute justice, quiconque tue un homme, soi-même ou son prochain, est coupable d'homicide (De Civ. Dei, I, 21).
Saint Augustin, se fondant sur [Gn 22], [Jg 11] et [Jg 16, 30], pose donc des cas d'homicides qui ne peuvent pas être considérés comme des crimes de meurtre, cas devant être strictement encadrés par une loi juste et générale, et soumis à un ordre particulier de l'autorité. Il s'oppose ici totalement à Lactance pour qui tuer, même à la guerre, est toujours un crime et qui écrivait qu’il n'est pas permis au juste de porter les armes ; sa milice à lui, c'est la justice ; il ne lui est même pas permis de porter contre quelqu'un une accusation capitale : il importe peu, en effet, que l'on tue par le fer ou par la parole, car ce qui est défendu, c'est de tuer. Il n'y a pas la moindre exception à faire au précepte divin : tuer un homme est toujours un acte criminel (Lactance, Institutions divines, VI, 20). Néanmoins, même chez saint Augustin, c’est Dieu seul qui reste seul juge de l’acte d’homicide !
De plus, la rémission du crime d'homicide n'est pas absolue à la guerre. Elle ne concerne que le soldat, que celui qui obéit sous une autorité, et quiconque tue sans en détenir le droit par délégation de l'autorité est homicide. Certes, saint Augustin n'évoque pas ici le cas du soldat, mais celui du bourreau, mais la logique exposée est aisément transposable au soldat. Que dit-ce passage ? Considérez les divers degrés de la hiérarchie. Quand un homme est condamné au dernier supplice, quand le glaive est déjà suspendu sur sa tête, nul autre n'a le droit de le tuer que celui qui a reçu cette mission spéciale. Le bourreau (…) est seul chargé de frapper le condamné. Voici un homme réservé par le tribunal au dernier supplice ; que le greffier vienne à le frapper, le greffier à son tour est condamné comme homicide. (…) Il y a homicide à frapper sans ordre un homme condamné à mort (Sermon CCCII, 13).
En fait, le soldat n'est pas à juger car il agit sous les ordres d'une autorité qui aura elle des comptes à rendre à Dieu si elle n'a pas agit dans un souci absolu de justice et de défense contre le mal. Et saint Augustin d'y revenir pour écarter le soldat du crime d'homicide à la guerre : “Tu ne tueras point”, car, quand un homme est mis à mort pour une juste cause, c'est la Loi qui le frappe, et non pas vous (Questions sur l'Heptateuque, livre III, Questions sur le Lévitique, LXX ).
Tout ceci sera à relier avec les conditions d'intention droite, de juste cause et de nécessité d'une autorité légitime que saint Augustin exposera, avec d'autres, comme impératifs pour qu'une guerre soit juste.
Il reprendra ces idées, et notamment le rapport à la loi dans son Traité du libre arbitre : - Evode. Elles ne sont donc pas juste, les lois qui donnent la faculté (…) de tuer (…) ? Les lois veulent encore que les soldats tuent les ennemis, et s'ils s'abstiennent de le faire, ils sont punis par leur chef. Oserons-nous dire que ces lois sont injustes, ou plutôt qu'elles ne sont pas des lois ? Car à mon avis, une loi injuste n'est pas une loi. - Augustin. Je trouve cette législation assez bien défendue en elle-même contre une semblable accusation. En effet, elle permet aux peuples qu'elle régit des attentats moindres, pour en éviter de plus grands. Il serait par trop rigoureux de préférer la vie de l'agresseur à celle de l'innocent qui ne fait que se défendre ; (…). Quant au soldat, en tuant l'ennemi, il est le ministre de la loi, et il lui est facile de faire son office sans passion. Pour ce qui est de la loi même de la guerre, portée pour la défense du peuple, on ne peut non plus l'accuser de passion. (…) Le soldat peut donc, sans agir par passion, se conformer à la loi qui lui ordonne de repousser la force par la force pour défendre ses concitoyens (Traité du libre arbitre, V, 11-12). Comme on le lit, cet extrait dépasse la question du droit de tuer et pose également les conditions de l'usage de la force par le soldat.
Cette exemption relative du crime d'homicide n'est cependant limitée qu'au seul combat, le soldat ne devant pas tuer son ennemi vaincu, tout comme, lui-même vaincu, il n'a pas le droit de se suicider ; et saint Augustin de prendre les exemples de Caton et de Regulus : Ainsi donc, ces courageux et illustres personnages, mais qui n'ont après tout servi que leur patrie terrestre, ces religieux observateurs de la foi jurée, mais qui n'attestaient que de faux dieux, ces hommes qui pouvaient au nom de la coutume et du droit de la guerre, frapper leurs ennemis vaincus, n'ont pas voulu, même vaincus par leurs ennemis, se frapper de leur propre main ; sans craindre la mort, ils ont préféré la domination du vainqueur que de s'y soustraire par le suicide ; Quelle leçon pour les chrétiens, adorateurs du vrai Dieu et amants de la céleste patrie ! avec quelle énergie ne doivent-ils pas repousser l'idée du suicide, quand la Providence divine, pour les éprouver ou les châtier, les soumet pour un temps au joug ennemi ! (…) ; et qu'ils se souviennent enfin qu'il n'y a plus pour eux de discipline militaire, ni de droit de la guerre qui les autorise ou leur commande la mort du vaincu. Si donc un vrai chrétien ne doit pas frapper même un ennemi qui a attenté ou qui est sur le point d'attenter contre lui…. (De Civ. Dei, I, 14). On remarquera que saint Augustin se distingue ici nettement de Clément de Rome qui, dans son Épître aux Corinthiens, sans néanmoins justifier le suicide, cite comme exemple de dévouement le suicide de certains chefs païens : Voici comment agissent et agiront ceux dont la conduite est de Dieu, et ne connaît pas le remords. Mais pour prendre aussi des exemples chez les païens, bien des rois et des chefs, alors que la peste sévissait, se sont donnés la mort sur le conseil d’un oracle, afin de sauver leurs concitoyens (Clément de Rome, Ad Corint., LIV,4-LV,1).
Saint Augustin allait encore s’exprimer sur ce thème, revenant en particulier sur le rôle de l’autorité, tout en l’élargissant au cas de l’émeute, et ce dans un sermon prononcé à l'occasion du meurtre d'un soldat mis à mort justement au cours une émeute : Éloignez-vous donc, oui éloignez-vous complètement de ces actions sanglantes. (…) - C'est un méchant qui est mort. Il n'en est que plus à plaindre, à plaindre comme mort et comme méchant. Il faut le plaindre doublement, car il est deux fois mort, éternellement et temporairement. (…) Votre devoir est donc de plaindre, mes frères, de plaindre et non de maltraiter (Sermon CCCII, 18). Il ressort bien de cet extrait que c'est à l'autorité civile de punir les malfaiteurs, pas à la foule, saint Augustin se référant à l'épisode de la femme adultère. La question qui se pose est de savoir si le soldat peut tuer, car on est méchant quand on met à mort le méchant… Et là, saint Augustin dit formellement et avec toute la liberté que Dieu (lui) donne (…), qu’il n'y a que des méchants pour maltraiter les méchants. Le pouvoir a des obligations différentes, et souvent le juge est contraint à tirer l'épée et à frapper malgré lui (Sermon CCCII, 16). En fait, le soldat n'est pas à juger véritablement sur un plan humain, car il agit sous les ordres d'une autorité qui aura elle des comptes à rendre à Dieu, alors que tuer lors d'une émeute est un homicide de son propre chef, punissable en tant que tel.
On notera que l'un des successeurs majeurs de saint Augustin sur la question de la guerre juste, Francesco de Vitoria considérait l'homicide comme contraire au droit naturel, ce qui lui fit à nouveau poser la question de la licité de donner la mort au combat. Sa réponse positive sera très proche de celle de saint Augustin.
Mais, saint Augustin ne se prononce finalement que sur le jugement humain de l’homicide à la guerre, et, de ce fait, il renvoie à Dieu, et lui seul, pour faire la distinction quant au salut. Le soldat n’est pas à juger par l’homme lorsqu’il obéit, mais il reste soumis au jugement de Dieu, donc à la Providence de la Grâce. On remarquera que saint Augustin n’utilise pas dans son raisonnement sur la question de l’homicide à la guerre le Remets ton glaive à sa place de la veille de la Passion.
La fréquente nécessité d’une intervention de la Grâce divine pour se sauver - Prenons un passage de La Cité de Dieu souvent présenté comme une exemption de responsabilité pour le soldat (cf. G. Minois, L’Église et la guerre, Fayard, 1994, pp. 70-71) : Quand un soldat tue un homme pour obéir à l’autorité légitime, il n’est coupable d’homicide devant aucune loi civile ; au contraire, s’il n’obéit pas, il est coupable de désertion et de révolte. Supposez, au contraire, qu’il eût agi e son autorité privée, il eût été responsable du sang versé ; de sorte que, pour une même action, ce soldat est justement puni, soit quand il la fait sans ordre, soit quand ayant ordre de la faire, il ne la fait pas. Or, si l’ordre d’un général a une si grande autorité, que dire d’un commandement du Créateur ? (De Civ. Dei, I, 26).
L’interprétation d’exemption totale de responsabilité serait totalement vraie si saint Augustin n’avait pas écrit la dernière phrase de cette citation. Saint Augustin ne se prononce pas ici sur le droit de tuer ou sur la responsabilité du soldat, même s’il semble admettre une certaine irresponsabilité de ce dernier ; ce n’est pas là sa priorité. Comme tant de ses prédécesseurs, il reprend une image tirée de la vie militaire pour parler de l’attitude que doit avoir le chrétien. Son but est ici de démontrer combien il serait vain au chrétien de désobéir à Dieu, et il ne prend l’image du général que pour qu’elle serve à sa comparaison ! Il faut bien se replacer dans sa vision des deux Cités et dans le positionnement des chrétiens en faveur du Royaume de Dieu, et, dès lors que l’on admet l’obéissance au chef ou à la loi dans la Cité terrestre, il devient évident que le chrétien se doit d’avoir une obéissance encore plus exemplaire dans le cadre de sa Cité céleste. C’est ça l’important de ce passage, pas tant l’éventuelle irresponsabilité du soldat, et, à ne voir que cela, on se trompe de perspective. En parlant même de commandement du Créateur, saint Augustin renforce l’obligation faite au chrétien d’obéir et de se soumettre aux commandements de Dieu, donc y compris au “ Tu ne tueras point. ” Plus encore, par la différence de niveau d’obéissance et par la distinction entre les deux Cités, saint Augustin met bien en évidence que le soldat qui tue doit encore plus avoir besoin de la grâce divine pour se sauver, car le respect de la loi civile ne dispense en aucun cas de l’application de la loi divine ! Le soldat peut être irresponsable civilement ou pénalement, mais il reste responsable devant Dieu de tous ses actes, et en particulier de toute violation des commandements. Donc, même s’il peut tuer dans certains cas, cette seule action l’abandonne à la seule grâce divine pour son salut éternel.
Tout ce qui précède nous oblige donc à écrire quelques mots sur la théologie augustinienne de la grâce, d’autant plus qu’une partie de la théologie augustinienne de la grâce est réfutée par l’Église – du moins lorsque cette théologie n’est pas approfondie ou mal comprise, notamment du fait d’une non prise en compte de la totalité de l’œuvre augustinienne -, en particulier lorsqu’il va jusqu’à dire que la grâce de Dieu est irrésistible et que le salut de l’homme individu ne dépend que de Dieu qui n’accorderait ou refuserait sa grâce que de façon arbitraire, niant ainsi les œuvres.
Il y a en effet là risque de mauvaise interprétation de l’idée de prédestination, et saint Augustin lui-même rectifiera – ou plutôt précisera - sa doctrine première en la posant non plus comme une prédétermination mais comme un présavoir et une préparation de et à la grâce. Il ne s’agit donc pas d’une décision préalable de Dieu décidant du destin de l’homme et éliminant la liberté humaine, bien au contraire, mais d’une prédestination générale de l’homme, par delà le péché originel, au bien. Et, dès lors, les œuvres ne sont pas éliminées, car conduisant à la grâce, la gratuité de cette grâce ne se rapportant qu’à l’homme consciemment pécheur…
En fait, la grâce est reçue dès le baptême, avec cette prédestination au bien par effacement spirituel du péché originel, mais l’efficacité de cette première grâce dépend de la décision de l’homme et de la conduite de sa vie. Ceci ne signifie pas que Dieu ne soit pas libre de prodiguer sa grâce, que l’homme puisse gagner par lui seul cette grâce, mais saint Augustin rappelle dans son Contre Julien que si Dieu peut sauver sans mérite, il ne damne pas non plus sans faute (Contre Julien III, 35. Saint Augustin développe également cette idée dans ses Lettres CLXXXVI (10) et CCXVII (8)) ! Le libre arbitre de l’homme est donc réel, car c’est de la libre volonté de l’homme que dépend l’efficacité de la grâce baptismale, grâce offerte au préalable par Dieu à l’homme par sa prédestination au bien…
Apparemment, dans ses Rétractations, saint Augustin reviendra à nouveau en arrière en énonçant que l’accomplissement des commandements divins ne suffit pas à lui seul et ne justifie pas sans une inspiration de la grâce divine, la grâce seule libérant la nature et procurant le salut, et il faut donc agir en défendant la grâce, non comme contraire à la nature, mais comme délivrant et gouvernant cette nature (Retr. II, 42 ; cf. De la Nature et de la Grâce, V).
Il n’y a pas là contradiction, bien au contraire, car la simple application irréfléchie de la Loi ne suffit pas, comme l’a dénoncé Jésus lui-même en tançant les pharisiens ; l’accomplissement des commandements, sans de vraies œuvres venues du cœur et de l’Amour de Dieu, ne sert à rien, si ce n’est à tromper. Or, comme l’a dit Jésus, en particulier au Centurion de Capharnaüm, la foi sauve, mais la foi en actes, avec une démarche vers Dieu, non pas une foi d’apparence, de règlements, mais une foi tendant vers l’Amour de Dieu et du prochain, en aucun cas la foi de façade du pharisien... C’est le célèbre “ Aime, et fais ce que tu voudras ” de saint Augustin (Commentaire sur la première Épître de Jean, VII, 8), car aimer, cela implique beaucoup, implique et induit tout !
Par cette approche de la grâce, on s’éloigne tant de l’hérésie pélagienne tant combattue par saint Augustin que de l’erreur calviniste…. On est, dans la lettre et dans l’esprit du canon 1 du Décret sur la justification du Concile de Trente, donc au cœur de la doctrine catholique de la justification, l’homme coopérant à l’œuvre de la grâce (cf. Rm 5, 5 ; Jc 2, 22 ; etc…). C’est en effet par ses œuvres que l’homme est justifié et non par sa seule foi (cf. Jc 2, 24), et ce même si la grâce salvifique de Jésus-Christ est gratuite (cf. Rm 3, 24 ; Tt 3, 5), dans la liberté que Jésus-Christ a donné à l’homme pour qu’il reste libre (cf. Ga 1, 5), gratuite car dépassant les seuls mérites (cf. Rm 9, 22-23 ; 1 Tm 14-16) et le strict respect de la Loi! D’ailleurs, le Christ lui-même ne guérit, ne sauve que lorsqu’un homme spontanément, par acte de foi, fait acte positif, donc œuvre, de demande (par exemple en Mc 10, 47), Jésus répondant que la foi sauve alors (par exemple en Mc 10, 52). Et plus grande est la foi, plus grandes et belles sont les œuvres, l’homme coopérant ainsi positivement et volontairement, avec la confiance qu’apporte la foi, à son salut (cf. Mt 15, 28). Mais les œuvres dépassent dès lors la simple Loi (cf. Rm 3, 27-28), d’où la critique que Jésus fait aux pharisiens et aux scribes qu’Il qualifie d’hypocrites (Mt 23, 13), car on se trouve dès lors non plus dans la lettre de la Loi mais dans son esprit, ce qui pousse l’homme à agir pour et par sa foi et non pas par simple obligation, car la seule Loi sans les œuvres peut faire connaître le péché (Rm 7, 6). En fait, la foi et les œuvres ne font qu’un, les œuvres étant leur traduction matérielle… Les aspects liberté de l’homme, coopération de l’homme à la grâce, renouvellement intérieur de l’homme et caractère méritoire des œuvres ont été réaffirmés par le Concile de Trente. Ils sont d’ailleurs rappelés dans la Déclaration commune Église catholique/Fédération luthérienne mondiale sur la doctrine de la justification de 1999, notamment aux pages 36 et 37 de l’édition Cerf/Bayard/ Fleurus-Mame/Labor et Fides.
Toute la difficulté du soldat, toute la problématique de la guerre est ici posée, car, même s’il l’admet comme fait humain, saint Augustin ne conçoit la guerre que comme un péché, comme une misère, et de ce fait tant celui qui ordonne la guerre que le soldat qui la fait ont besoin de cette grâce divine post mortem pour se sauver, car, en tuant, en pratiquant le contraire de la paix, il a perdu une partie de la grâce, tout comme en sombrant dans certaines déviances auxquelles s’expose le métier des armes, le soldat retombe dans le péché originel, par concupiscence notamment…
Essai de synthèse sur le soldat et ouverture à la guerre juste - Traduit en termes contemporains, tout ce qui précède sur la figure du soldat, et en préjugeant des conditions de la guerre juste, signifie tout d’abord que le militaire ne doit et ne peut agir a minima que sans haine, que sans intention de détruire à tout prix et que dans la mesure où son action est l’ultime recours pour défendre le faible ou la victime ou pour assurer, défendre ou rétablir la paix. De plus, son engagement initial ne doit pas avoir été conduit par l’orgueil, par l’intention d’obtenir un “droit de tuer” ou quelque autre motivation impure. Il est dégagé d’un degré de sa responsabilité morale dès lors que son action est légal, légitime, proportionnée et guidée par la volonté de protéger et non par une quelconque autre motivation. Le soldat a donc légitimement le droit de désobéir à un ordre foncièrement illégal ou illégitime. D’ailleurs, le Règlement de discipline générale des Armées dit-il autre chose notamment en ses articles 6-1 et 8-3 ? En effet, le subordonné ne doit pas exécuter un ordre prescrivant d’accomplir un acte manifestement illégal ou contraire aux règles du droit international applicable dans les conflits armés, et aux conventions internationales régulièrement ratifiées et approuvées (art. 8-3, TTA 101).
Dans tous les cas, saint Thomas d’Aquin n’a jamais écrit autrement : Celui qui doit exécuter un ordre doit considérer, avant d’obéir, dans quelle mesure il est de son devoir de l’exécuter. (…) En conséquence, le chrétien est tenu d’obéir exclusivement dans la mesure où le pouvoir est issu de Dieu, et pas autrement. (…) Quant à l’abus de pouvoir, il peut également être double. D’une part, si ce qui est ordonné par le chef est contraire à la fin pour laquelle le pouvoir a été établi : par exemple, s’il ordonne de faire un péché, contraire à la vertu, alors que le pouvoir est établi pour inciter à la vertu et pour la maintenir. Dans ce cas, non seulement on n’est pas tenu d’obéir à un tel chef, mais encore on ne doit pas lui obéir, à l’exemple des saints martyrs qui ont souffert la mort plutôt que d’obéir aux ordres impies des tyrans. D’autre part, si l’on est contraint au-delà de la compétence du pouvoir établi : par exemple, si un maître exige un impôt que son dépendant n’est pas tenu de donner, ou autres excès semblables. En ce cas, le sujet est libre d’obéir ou de ne pas obéir (Thomas d’Aquin, Commentaire du livre II des Sentences de Pierre Lombard, dist. XLIV, quaestio II, art. 2).
Une énorme avancée pour l’humain, mais un gros risque pour la civilisation, même si le chrétien ne doit juger qu’à la seule aune de son salut, par crainte de Dieu, crainte qui n’est pas peur mais au contraire immense respect dans l’exercice du plein libre-arbitre. Mais, se pose alors une question, le soldat n’est-il pas dès lors plus responsable de son salut que par le passé avec de telles règles ?
Pour en revenir à ce qui a été dit avant d’évoquer le “droit de désobéissance”, le soldat peut donc même tuer celui qui fait le mal – par ordre ou en conscience - dans ce cadre, même si la part de sa responsabilité morale restant engagée fait qu’il s’en remet entièrement à la grâce divine pour préserver son salut, Dieu seul pouvant laver son péché. Il joue donc d’une certaine manière à pile ou face son salut, et seul un total abandon spirituel à Dieu unit à la pureté de son cœur dans l’action peuvent lui donner l’espérance et non la certitude de son salut. Nous sommes donc ici dans un recours absolu à la seule grâce divine, dans ses dimensions les plus larges, sachant de plus que les œuvres ne seront pas ici mesurées à l’aune du positif, mais à l’aune du mal fait ou d’intention. Dit autrement, si le soldat tue avec une intention mauvaise, ou encore par exemple en sachant que son action est illégitime, il peut avoir la certitude de sa damnation, alors qu’à l’inverse il ne peut avoir qu’une espérance de la grâce divine. Il est donc confronté à un choix difficile, choix qu’il doit bien appréhender avant de s’engager…
Encore plus grande est la responsabilité de celui qui décide de l’usage de la force, car sa décision a à la fois des conséquences sur le salut de ceux qui sont sous ses ordres, mais, de plus, cette décision peut se trouver condamnable alors même que l’action des soldats ne le serait pas. Le chef, même s’il ne tue pas, est donc encore plus exposé à la damnation que celui qui obéit… Une reprise sous une autre forme de la parabole de l’homme riche… Si les deux s’en remettent à la grâce divine, le chef aura plus à se justifier avec les six conditions de la guerre juste, qui doivent toutes être réunies a minima, que le simple soldat qui, sous la réserve de la légitimité et de la conscience de cette légitimité de son action, aura moins de justification à présenter…
C’est toute la question de la conscience du péché qui se pose ; c’est toute la question de la grâce divine… D’une certaine manière, et sous forme de boutade, et même si nul ne peut présumer de la grâce divine, on pourrait dire que les missions Petersberg ne mettent pas véritablement en cause le salut du soldat – du moins lorsque son action est réalisée dans un esprit d’assistance et de paix -, alors que les missions du type “Irak 2003” sont bien plus problématiques en la matière… Mais tous les militaires ne sont pas confrontés aux mêmes cas de conscience. Le marin-pompier n’a pas à s’inquiéter, même s’il est un militaire, toute son action n’étant axée que vers le service de son prochain, sans devoir jamais tuer – bien au contraire – et risquant sa vie en conscience pour ses frères ; par contre, le commando se trouve confronté à des dilemmes de conscience fondamentaux quant à son salut, d’autant plus lorsqu’il constate que le prix d’une vie humaine en mission n’est pas le même selon que le théâtre de son action est en Europe, où tout doit être justifié, ou en Afrique, où bien moins est à expliquer ; or, une vie humaine est toujours une vie humaine unique et égale devant Dieu ! Et combien plus grave est le dilemme du chef, et celui du politique… Le poilu de 14/18 perdu dans la tourmente de la guerre s’est trouvé bien plus proche du salut que Nivelle ou Pétain, ou encore que Clemenceau… Ne pas avoir tout fait pour la paix, ne pas tout faire pour limiter au maximum les effets potentiellement dévastateurs de la guerre, ne pas agir selon une seule volonté de paix peut vite conduire à la quasi-certitude du non-salut… C’est ici que les doctrines catholiques du péché, de la pénitence, de la grâce et de la Rédemption doivent se déployer, en lien avec la volonté de rechercher avant tout la paix !
Saint Augustin est donc totalement actuel, même pour ce qui est des aspects de sa théologie a priori bien éloignés de la problématique du présent document, que ce soit pour sa théologie de la grâce ou encore sa théologie du péché ! Et c’est en cela que saint Augustin est vraiment l’auteur décisif dont il est heureux que l’on reprenne conscience lorsque le bruit des armes retentit, même si la théorie thomiste du tyrannicide viendra compléter son approche, ce que l’on peut dès lors qualifier de théologie de la guerre en tant que branche de la théologie de la paix !
Voir aussi : Augustin d'Hippone : la théorie des deux cités
Augustin d'Hippone : la guerre et la paix
Augustin d'Hippone : les conditions de la guerre juste