Suite de : Saint Augustin a demandé d'aimer !
Puisque vous êtes tenté par le marxisme, je vous propose une chose simple : pourquoi ne reliriez-vous pas tout simplement le Nouveau Testament, le Message des Béatitudes ? Vous y trouverez tout ce que vous recherchez et prônez, exceptions faites certes des idées de collectivisation absolue (le communisme apostolique n'a rien à voir avec le communisme), de révolution (donc de violence négative, du moins dans l'acceptation anarchiste) ! Vous y trouverez donc paradoxalement aussi bien plus ! Quant à la démocratie directe dont vous rêvez, c'est une utopie, tous ses exemples dans l'histoire démontrent que c'est une hyper-manipulation des masses, d'Athènes à Rome en passant par Moscou !
Je vous dis aussi, je vous répète, connaissez-vous Lamennais ? Malgré quelques erreurs (et son mauvais caractère, pire que le mien), je pense que vous y trouverez tout ce que vous désirez ! Oui, lisez Lamennais, d'autant plus qu’il n'est plus aussi condamné que cela ! Vous y trouverez le réformisme - mais ni la révolution, ni le communisme -, une certaine cohérence entre Catholicisme et socialisme (ici socialisme chrétien), la liberté pour tous, la remise en cause partielle de la propriété privée, l'association des travailleurs aux processus décisionnels, la remise en cause du capitalisme, etc... Vous seriez bien plus proche du Christ avec Lamennais, malgré ses limites, qu'avec Marx et son matérialisme omniprésent et sa négation de Dieu ! Bref, soyez « lamennaisien », non plus anarcho-chrétien ou marxiste-chrétien ! Je pense sincèrement que cet auteur vous plaira ! Qu'il répondra à vos attentes, à votre vision du monde et de la société ! Tout ce que vous n'y trouverez pas, c'est l'idée de révolution, au sens contemporain du terme !
Vous vous dites chrétien, mais vous êtes tenté par le marxisme... Alors pourquoi aller chercher des réponses et des modèles chez Marx et chez les communistes athées ? Au-delà de Lamennais, vous avez pourtant deux grands modèles chrétiens, tous deux martyrs, tous deux pleurés par Jean-Paul II, tous deux à la Foi inébranlable catholique totalement orthodoxe qui répondent à vos aspirations : Monseigneur Oscar Romero et le Père Jerzy Popielusko, l'un assassiné par l'extrême-extrême-droite, l'autre par les communistes ! Ils ne disaient rien d'autre que ce que vous cherchez en fait ! Par exemple, n’est-ce pas Monseigneur Romero qui a dit dans son homélie du 18 septembre 1977: Il est douloureux pour l’Eglise de voir certains idolâtrer l’argent et tourner le dos à Dieu, parce que c’est là un chemin de perdition. Ces hommes vont être condamnés. Ils disent : Tout cela est encore très loin, c’est maintenant qu’il faut jouir de la vie. Ils ressemblent aux enfants qui, lorsqu’on leur demande ce qui est le plus grand, la lune ou le volcan de San Salvador, répondent que c’est le volcan parce que, se trouvant près, ils le voient énorme. La lune est très loin, mais ils n’en déduisent pas qu’elle doit être immensément plus grosse. C’est de cette myopie que souffrent les riches ?
Et le Père Jerzy Popielusko ? C’est pourtant lui qui a dit le 18 octobre 1984 que le devoir du Chrétien est de promouvoir la Vérité même si le prix est très élevé. Parce que la Vérité se paie... Prions pour ne pas se laisser intimider, pour être libérés de la peur et surtout du désir de la violence et de la vengeance… Le Père Popielusko a été battu à mort, assassiné lâchement par des marxistes orthodoxes, par des communistes athées juste parce qu'il prêchait l'amour, la justice, la fraternité, le social, bref tout ce que vous désirez ! Ils ont eu peur de ces mots : justice sociale, amour, liberté, fraternité, juste répartition, démocratie, solidarité, ... ! Ne l'oubliez pas ! Ne l'oubliez jamais !
Donc, si vous êtes véritablement chrétien, alors choisissez ces modèles, pas Marx et ses négations, ses visions conflictuelles ! Prenez ces modèles de positif et de refus de la violence ! Ils sont morts mais leurs idées ont fait leur chemin ! Leurs tourmenteurs ne sont plus là ! Leurs idées de justice et de partage, elles, sont toujours vivantes ! Faites-donc une pause... Relisez certes Marx, mais alors tout Marx, pas uniquement ce qui vous y plaît, ainsi que sa descendance... Mais aussi et surtout, s'il vous plaît, lisez Monseigneur Romero, lisez les sermons du Père Popielusko ! Prenez le temps de les découvrir ! Et vous verrez que l'on peut être chrétien, social et non destructeur ! Que vous pouvez répondre à vos aspirations sans être marxiste !
Mais… Quoi ? J’en entends quelques-uns là, au fond, vous en tête, qui disent que Romero était coco ? Bon, d’accord… Je cède donc la parole au Pape, à Benoît XVI, à ce Pape accusé d’obscurantisme, de rigidité, d’étroitesse d’esprit, de rejet de Vatican II… Voici ce qu’il répondait aux journalistes l’interrogeant le mercredi 9 mai 2007 : « Question: Votre Sainteté, nous arrivons sur le territoire de l'Evêque Oscar Romero. On a beaucoup parlé de son procès en canonisation. Pouvez-vous nous dire où nous en sommes, s'il sera canonisé et comment vous considérez cette figure? Benoît XVI - D'après les dernières informations sur le travail de la Congrégation compétente, il y a de nombreux cas en cours, je sais qu'ils progressent. S.Exc. Mgr Paglia m'a envoyé une biographie importante, qui éclaircit de nombreux points de la question. Mgr Romero a certainement été un grand témoin de la foi, un homme d'une grande vertu chrétienne, qui s'est engagé pour la paix et contre la dictature, et qui a été tué au cours de la célébration de la Messe. Il s'agit donc d'une mort véritablement "crédible", de témoignage de la foi. Le problème était qu'un camp politique voulait le prendre à tort comme porte-drapeau, comme figure emblématique. Comment mettre en lumière de façon juste sa figure, en la préservant de ces tentatives d'instrumentalisation ? Tel est le problème. Nous sommes en train de l'examiner et j'attends avec confiance ce que dira à cet égard la Congrégation pour les Causes des Saints. » Rien que ça ! Fondamental, car ce sont les propres paroles de Benoît XVI, plus que défavorable au dévoiement de la théologie de la libération, et répondant donc aux accusations faites à Monseigneur Romero d’appartenir à ce courant…
Osez donc Jésus !
Rêvez aux côtés de Monseigneur Romero vous disant : Je ne me suis jamais posé en chef d’un peuple, car il n’y a qu’un chef: Jésus-Christ. Jésus est la source de l’espérance (homélie du 28 août 1977) ; vous chuchotant que le pasteur doit rester là où règne la souffrance (homélie du 30 octobre 1977) ; vous promettant : Je veux vous assurer de cela et je vous demande de prier pour que je sois fidèle à cette promesse: Je n’abandonnerai pas mon peuple, mais au contraire je courrai avec lui tous les risques qu’exige mon ministère (homélie du 11 novembre 1979)…
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Voir aussi : Les sources de Karl Marx