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27 mai 2010 4 27 /05 /mai /2010 10:34

On se plaint aujourd’hui des « apéros facebook » ou encore de la banalisation de la cuite chez les jeunes… On se plaint du fait que les jeunes couchaillent de ci de là… On se plaint que les jeunes n’aient plus le sens civique… On se plaint de l’absentéisme scolaire… et ainsi de suite…

Par contre, on admire les sociétés premières et leurs rites d’initiation… malgré leur rudesse, malgré leurs risques, malgré parfois leurs "barbaries" à notre aune…

Or, n’a-t-on pas, au nom d’une certaine morale, finalement ni républicaine, ni chrétienne, supprimé les rites d’initiation que devait suivre le jeune français ? Quels étaient ces rites qui jalonnaient sa progression du rang d’enfant vers celui de citoyen adulte ?

Le certificat d’études, qui a été supprimé, qui marquait un passage et un niveau commun d’éducation… Rien ne le compense, même pas le bac qui, outre le fait qu’il est trop tardif, ne signifie plus un diplôme permettant un réel statut social ! ... La première communion, qui marquait le passage métaphysique et sociétal, même pour les libres-penseurs… Aujourd’hui, elle passe pour ringarde, et chacun conçoit la pensée comme un kleenex ! … La première peignée… Mais aujourd’hui, la moindre bagarre dans une cour de récré devient un drame national, … d’où le besoin de compensation par l’instauration de la violence scolaire, puis sociale ! … La première cuite… Faute de cela, on boit maintenant pour un rien, pardon, on se soule pour un rien, par jeu… et le besoin de collectif compensé dans la seule beuverie… ou pire, la drogue besoin compensatoire… … La visite au claque pour se faire déniaiser… Faute de maisons closes, on baisote, avilissant la jeune fille et l’amour lui-même ! … Le conseil de révision, le service national, la quille… Autant d’étapes vers la vie d’homme… Le premier vote qui était considéré comme une fête et non comme un devoir ou une contrainte… Et aujourd’hui on vote avant même d’avoir le bac… Faut-il s’étonner, ou alors au contraire paradoxalement se réjouir de la politisation des mouvements lycéens ?

Et pour la jeune fille ? Le certificat d’études ! Le premier travail de couture ! La première communion ! Le premier bal, qu’il fut des petits lits blancs, de village ou de guinguette ! La conservation de son pucelage offert comme un don et non comme produit de consommation ! La gestion de la première paye !

En politique, il y avait la première manif’, la première affiche collée… Mais organisons-nous encore des manifs, et peut-on encore faire des nuitées de collage ? Non, pour protéger l’environnement, il n’y a plus d’affichage politique dit sauvage, … alors même qu’il était intégrateur !

Dionysos et Aphrodite, ce n’est pas nouveau ! Dionysos et Aphrodite en réponse à une société qui ne répond plus, qui n’intègre plus, ce n’est pas nouveau ! Relisons Les Bacchantes d’Euripide ! Et la faute n’en est pas à Sarko ! Mitterrand au Panthéon s’est isolé de la foule et du peuple, qui ne regardait que du dehors un monument où le Président s’enfermait dans son secret ! Mitterrand à Solutré n’admettait que quelques amis, quelques « initiés » à son culte ! Sarkozy lors de son élection a fait une grande fête populaire ! Sarkozy va à la rencontre des français ! Paradoxalement, le « de gauche » s’est toujours isolé (le Sphynx, disait-on), alors que le « de droite » s’ouvre à toute la société ! C’est de Mitterrand qu’est née la fracture sociale, pas de Chirac !

Tous ces rites initiatiques ont disparu… Et on se plaint… Faut-il s’en étonner ? Certes la condition de la femme doit être améliorée avec des étapes moins axées sur le seul foyer, des étapes en faisant la véritable égale de l’homme qu’elle est ! Mais le reste, fallait-il le détruire ?

Toutes ces absences, en supprimant toute idée sociétale, voire même sociale, font que les jeunes cherchent aujourd’hui à nouveau des bandes, des réactions collectives… Il n’y a plus de rites repères, et les jeunes se retrouvent paumés ! Il n’y a plus aucun moyen d’échanger, si ce n’est par l’informel du Web, malgré tout positif ; or, il y a toujours un besoin d’être ensemble (ce fut aussi la réalité du mouvement beat’), mais aussi de se rassurer face à une société qui semble s’étioler, face à des médias qui ne relayent que du pessimisme ! Ce n’est pas l’école ou la famille qui ont failli, mais la société elle-même !

Alors, à qui la faute, messieurs les critiques admirateurs des sociétés premières ? Aux jeunes ou à vous-mêmes ?

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