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7 mai 2014 3 07 /05 /mai /2014 12:03

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D'autres références suivront début septembre...

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12 octobre 2012 5 12 /10 /octobre /2012 09:43

L’élection est la façon la plus simple d’assurer et de garantir autant que faire se peut le gouvernement du peuple. Néanmoins, certains auteurs estiment aujourd’hui que cela est insuffisant en ce sens qu’il s’agirait d’un système très partiel, trop limité, trop temporaires ; ils préfèrent ainsi se fonder sur les media, sur certains corps organisés qui, selon eux, reflètent mieux l’opinion publique. C’est d’ailleurs le choix de cette approche qui fonde les tendances actuelles des gouvernements au gouvernement d’opinion… Ceci justifie ainsi le décalage qui peut exister entre une majorité parlementaire et les actes du gouvernement, tout comme cela justifie la réduction de la durée des mandats ou encore le décalage entre l’action menée après l’élection et celle menée juste avant l’élection suivante…

 

Toujours est-il que la question clé est celle de savoir comment se forme l’opinion, ce qui fait que chaque gouvernant, quel qu’il soit, va chercher à faire de l’Etat l’instrument devant assurer l’information, jugée alors objective, des citoyens, voire même la former. Ceci justifie par exemple la multiplication des sondages et des campagnes d’information par les divers détenteurs du pouvoir politique ; cela justifie aussi les promesses non tenues, au nom du suivi de l’opinion, voire certaines divergences importantes entre les programmes politiques et à la réalité des actes…

 

Dans ce cadre, la meilleure justification du pouvoir se situe donc non pas dans l’élection, mais dans la confiance de l’opinion. Toute tentative de ne pas suivre cette démarche rend très difficile l’action du détenteur du pouvoir, tant on a réussi à ancrer dans l’esprit des électeurs le fait que l’opinion prévaut finalement sur l’élection et les programmes qui n’en seraient que l’expression temporaire et datée ! Il y a donc dans le gouvernement d’opinion une certaine perversion de la démocratie, l’authenticité de la démocratie dépendant non pas l’élection et des promesses, mais de l’action du gouvernement face à l’information et à l’opinion !

 

Mais comment se forme cette opinion ? L’opinion publique est assimilée a priori à l’opinion générale ; elle est donc par nature même distincte de celle de certains, mais aussi de celle des experts ou des élites… Et ceci est grave, car si l’opinion peut voir juste face à certaines réalités quotidiennes, reste que sa culture politique, voire même sa curiosité en la matière, sont limités, à la fois par le manque de nuance des enquêtes d’opinion et du fait de l’absence d’intérêt de la plupart des gens pour les questions techniques, bref pour le réel de la mise en œuvre des désirs collectifs de l’opinion…

 

De plus, l’opinion publique est en fait la mise en confrontation d’intérêts particuliers, bref, l’opinion est souvent égoïste en ce sens qu’elle n’est sensible qu’aux problèmes immédiats, qu’aux questions qui mettent directement en jeu des questions matérielles… L’automobile est par exemple conçue comme une liberté avant d’être perçue comme source de pollution et de détérioration de l’espace… La sécurité sociale est assimilée à un droit dont on peut consommer impunément… L’opinion ne s’intéresse le plus souvent aux affaires étrangères que si les media l’émeuvent ou que si elle ressent une menace… Elle ne voit les problèmes économiques que sous les angles du chômage, du salaire et de la fiscalité… Or, les intérêts de l’Etat, l’intérêt général ne sont pas forcément que cela… Mieux, et ceci explique la personnalisation du pouvoir, notamment du Président de la République, ce qui passionne l’opinion publique ne relève le plus souvent pas de l’article 34 de la Constitution, donc du domaine de la loi… Ce qui la passionne, ce sont souvent des faits divers montés en épingle par les media qui portent une lourde responsabilité… Ce qui la passionne relève bien plus de la compétence du gouvernement que du Parlement, ce qui explique à la fois les phénomènes d’hyper-présidence et la priorité donnée à la politique gouvernementale sur la loi, y compris dans la priorité des textes présentés devant les Assemblées… C’est en fait l’opinion elle-même qui impose la mise en avant de l’exécutif et la mise en retrait des Parlementaires souvent réduits dans l’esprit des citoyens à de simples courroies de transmission locales vers la tête de l’exécutif…

 

Mais l’opinion publique est aussi très pragmatique en ce sens qu’elle se fonde plus sur les résultats que sur les méthodes, sur le court terme que sur les grandes perspectives… Elle apprécie les résultats qui la satisfont en elle-même ou qui lui profitent dans l’immédiateté, et elle attribue ces résultats au Président de la république, même s’il n’y est pour rien… Il en va de même des échecs d’ailleurs… Malheureusement, avec un pragmatisme aussi limité, la politique se réduit à un degré de contentement ou à un degré de mécontentement, ne laissant place à aucune nuance, voire même à aucune temporalité ou projection dans l’avenir…

 

De même, l’opinion publique porte des jugements sur les hommes, jugements souvent partiels en ce sens que toute l’information n’est pas connue ou, paradoxe, que trop est connu, ce qui donne aux media un sur-pouvoir directe dans les choix politiques français… Et c’est ici que l’on retrouve l’usage de la technique des côtes de popularité…

 

En fait, l’opinion, somme d’intérêts particuliers, tend à se distinguer du peuple, expression et objet de l’intérêt général, d’où parfois certaines surprises électorales, certains décalages entre le jugement négatif porté sur l’action de certains politiques contrastant avec leur réélection. En ce sens, le sondage, la côte de popularité ne fait pas l’élection, le citoyen, individu s’inscrivant dans l’intérêt général, se distinguant de l’opinion, somme d’individus s’inscrivant dans les intérêts particuliers… Il est en fait heureux de constater que le citoyen, lorsqu’il est dans l’isoloir bref agissant comme souverain, se distingue de l’opinion, élément anonyme d’une masse souvent à courte vue…

 

Mais n’oublions pas que l’opinion est insaisissable car somme d’anonymats ! Il est donc aussi difficile que dangereux que de vouloir s’en saisir, et encore plus de vouloir la rendre unanime, cohérente… Il y a certes des moyens indirects, mais encore ne concernent-ils qu’une fraction de l’opinion, qu’il s’agisse de la classe politique, des syndicats, des organismes sociaux, des associations ou encore des élites nationales et locales… Il y a aussi l’usage de la presse, mais il s’agit, lorsque l’on cherche à la manipuler, d’un moyen contestable en ce sens qu’elle interprète l’opinion, qu’elle exprime et crée des mouvements, ce qui fait que la limite entre l’information et la manipulation est parfois très ténue…

 

D’autres moyens plus directs existent, moyens qui sont préférables même s’ils ne sont pas aisés à manier en période normale… Le but est alors souvent de rechercher la paix sociale, situation traduisant une certaine satisfaction mais non forcément la réalité… Mais cette recherche de la paix sociale est aussi recherche de l’expression de la population par le moyen des sondages d’opinion… Pourtant, l’intérêt de ces sondages est souvent surestimé car ils sont trop sommaires, et surtout trop fondés sur l’instant… Ils sont néanmoins devenus indissociables de toute démocratie moderne, et peuvent être des régulateurs utiles des politiques de toutes sortes. Reste qu’ils doivent être régulés, surtout en période pré-électoral, afin de ne pas devenir des manipulateurs de l’opinion…

 

Pour en finir avec elle, on peut dire que l’opinion limite le pouvoir, même si son influence directe sur ce dernier est très rare, ses moyens étant réduits et surtout intervenant le plus souvent a posteriori… De plus, l’opinion porte souvent sur un homme, rarement sur une idée, ce qui fait que son rôle est paradoxalement si on le sacralise négatif ! En fait, seul un très fort mécontentement de l’opinion peut agir sur le politique non populiste…

 

Mais l’opinion est aussi un enjeu de pouvoir en se sens qu’elle peut, si elle est positive, devenir un soutien efficace du pouvoir… En ce sens, elle est perçue comme étant légitimité populaire, ce qui fait que les gouvernements tendent de plus en plus à en rechercher les grâces car leur donnant une double onction, celle de la légalité et celle de la légitimité de l’instant… De même, les partis et mouvements politiques, les syndicats et les corps intermédiaires se la disputent, car elle les légitime eux aussi. Et c’est pourquoi les techniques de la vie politique et syndicale évoluent avec l’opinion, les gouvernants cherchant à l’informer et à la diriger par les media et par les politiques de communication… En fait, le sondage et la politique de communication sont devenus indissociables, toute augmentation de l’un deux impliquant pour une quelconque efficacité l’augmentation de l’autre, et ce dans un mouvement sans limites…

 

On a vue que l’opinion dans son acceptation actuelle entraînait une certaine personnalisation… Nous devons donc en parler… Etablie au départ contre la monarchie, la démocratie était fondée primitivement sur la dépersonnalisation du pouvoir, d’où la mise en place de collèges électoraux, de groupes politiques, de mesures garantissant l’anonymat des votes, d’une circulation des élites, etc… Mais, aujourd’hui, les démocraties admettent et soutiennent la personnalisation du chef conduisant la politique de l’Etat, ce qui impose de devoir s’appuyer non seulement sur l’élection mais plus encore sur l’opinion… Il est possible de mettre en avant au moins trois causes à cette personnalisation :

- l’organisation des partis politiques qui nécessite une discipline interne conduisant inévitablement à la prééminence du chef du parti, ce dernier s’appuyant sur la confiance des militants qu’il personnalise tout autant que le pouvoir ;

- l’internationalisation des problèmes politiques et économiques. Nous ne reviendrons pas ici sur les phénomènes de mondialisation et de globalisation, mais reste que l’efficacité des relations internationales semble devoir passer par un homme, par un représentant aisément identifiable. Les sessions décisionnelles réunissant des hommes, il semble nécessaire d’identifier par leur entremise les nations ;

- le progrès des moyens de communication, ces derniers permettant des contacts plus aisés entre l’homme politique et les citoyens, ceci se faisant en France de plus en plus aux détriments du député qui est, de par sa surface électorale, moins en vue, du fait de la globalisation des medias, que le Président de la République. Ainsi, la confiance saute d’une certaine manière la délégation du pouvoir.

 

Reste une quatrième cause tenant au caractère de plus en plus technique du gouvernement, les dossiers devenant de plus en plus nombreux, trop nombreux, de plus en plus techniques, trop techniques, ce qui fait que l’opinion va chercher l’homme semblant apte à dominer globalement tous les dossiers, la globalisation de la confiance répondant à cette globalité. L’opinion ne voit plus qu’en grandes masses décisionnelles et non plus en règlement de problèmes partiels, persuadée que tout est forcément lié.

 

Il faut donc porter son attention, dans le cadre de cette tendance, qui n’est pas forcément la bonne, sur trois points qui font que la démocratie réelle est ou n’est pas : - le mode de désignation de l’individu personnalisant le pouvoir ; - la responsabilité du dirigeant ; - le respect des libertés publiques par ce même dirigeant. Si la désignation est autoritaire, il n’y a pas démocratie… Si la responsabilité est absente, il n’y a pas démocratie… S’il n’y a pas remise en jeu périodique du mandat, il n’y a pas responsabilité, donc absence de démocratie… Si les libertés publiques sont bafouées, il n’y a pas démocratie…

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9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 09:49

Arrêtons nous maintenant de manière très rapide sur le caractère même de l’idée de nation,  puisqu’il faut bien se poser comme étant le fait qu’une idée se ramène toujours, selon la philosophie thomiste (il faudrait aussi analyser au travers du filtre de la théorie des entités et des fictions de Jeremy Bentham), à trois approches :

une approche selon l’objet ;

une approche selon le rapport du sujet des idées à leur objet ;

une approche selon l’origine.

Or, sans même avoir réellement besoin d’approfondir, force est de constater que rien n’est simple avec l’idée de nation, quelle qu’en soit la définition retenue, fors certaines définitions par nature raciste comme la définition nazie assimilant la nation au seul sang.

 

                        Section 1. Les difficultés de l’approche selon l’objet

 

                                    § 1. Première difficulté : raison v. métaphysique

 

Une idée peut être psychologique, physique ou métaphysique. S’il est évident que la nation n’est en rien physique, tout comme il est évident qu’elle est métaphysique, puisque posée comme fondement du système constitutionnel, elle est aussi psychologique en ce sens qu’on la pose comme émanation directe de la raison…

 

N’oublions pas que pour comprendre l’Europe, il faut comprendre ses sources ; et seuls l’humanisme grec et la Foi chrétienne le permettent…De très nombreux éléments de ce qui deviendra la culture européenne trouvent leur origine dans les mondes grecs et latin, même si cette simple approche méconnaît l'apport fondamental d'autres cultures comme la culture celtique et celle des peuples du nord. Le christianisme et sa foi, s'ajoutant à l'humanisme païen, présente un double héritage de l'Antiquité : la culture de la raison qui doit, pour l'humaniste, assurer la perfection de l'homme, la culture de la foi qui doit assurer la perfection du chrétien. Ces deux héritages de l'Antiquité ont prédominé, plus que tout, toute l'histoire et la civilisation européenne, l'Occident n'ayant depuis jamais cessé d'être déchiré entre la raison et la foi, entre le concret et le subjectif. On peut donc parler d'une véritable métaphysique de la culture européenne, la portée des sciences et de la conscience découlant de l'humanisme païen, l'intelligence ordonnatrice et l'inconscient découlant de l'héritage chrétien. L'accord entre la foi et la raison a été parfois réalisé, aussi bien chez les individus que dans les sociétés. En fait, christianisme et humanisme n'ont jamais cessé d'exercer l'un sur l'autre une influence profonde. Ainsi, qu'ils s'opposent ou qu'ils s'accordent, le christianisme et l'humanisme sont les deux éléments constants de la culture européenne, ce qui laisse déjà présager du pourquoi de la double nature et de la double source de l’idée de nation…

 

                                         § 2. Deuxième difficulté : substance v. rapport

 

De même, l’abstraction et l’analyse nous font distinguer l’être, la manière d’être et les rapports, d’où les idées de substance, de qualité et de rapport. Si l’idée de qualité ne semble pas s’imposer immédiatement à l’esprit quant à la nation, elle est déjà une idée de substance et une idée de rapport puisque posée constitutionnellement comme source de la Constitution et de tout pouvoir, et comme cause de ces mêmes concepts…

 

                                         § 3. Troisième difficulté : nécessité v. contingence

 

On distingue par ailleurs des idées nécessaires, celles dont l’objet ne peut pas ne pas être, et des idées contingentes, bref des idées dont l’objet peut être ou ne pas être. Or, posée comme cause première de notre système politique, la nation en est idée nécessaire. Mais, l’idée de nation est néanmoins contingente en ce sens que le pouvoir peut très bien exister en dehors de l’idée de nation, ce qui en fait une idée contingente…

 

                                    § 4. Quatrième difficulté : simplicité v. composition

 

De même, une idée peut être simple ou composée. La nation est posée par la Constitution comme une idée simple, ne pouvant comme cause première se décomposer en plusieurs éléments. Or, elle est aussi une idée composée puisque pouvant se décomposer en plusieurs éléments, ne serait-ce que celui de l’Etat-nation. Et tout ceci est complexifié par l’introduction de la notion d’identité qui est a priori une idée simple non décomposable. Comment peut-on donc, si l’on en revient à la question de l’identité nationale, associer deux causes premières comme étant un tout, deux idées simples comme dépendantes l’une de l’autre ?

 

                                    § 5. Cinquième difficulté : singularité v. collectivité

 

Ensuite, une idée peut être singulière, concernant un individu, ou collective, ayant pour objet plusieurs individus considérés comme réunis en une même totalité. La nation étant posée comme cause première par la Constitution, elle est concerne chaque individu, qui la ressent chacun à sa manière, et surtout l’individu « peuple », lui aussi posé comme cause première par la Constitution. Là encore le problème de deux causes premières dont aucune n’émane de l’autre, ce qui est absurde ! Mais c’est aussi une idée collective par sa nature même…

 

Par ailleurs, en posant l’idée de Nation, la France s’est voulue Rome, alors que la nation, inséparable d’une culture ou d’un sentiment, ne peut être que plurielle dans ses approches, d’où une sorte de théologie de la réforme applicable à la Révolution, et la difficulté des premiers temps avec l’Eglise catholique, d’autant plus que la Déclaration de 1789 se voulait universelle et non pas seulement nationale... A noter en passant que Luther a été le premier à associer nation à religion, mais dans le sens allemand, hors de celui des Lumières (cf. son manifeste de 1720 à la noblesse chrétienne de la nation allemande sur l’amendement de l’Etat chrétien).

 

                                    § 6. Sixième difficulté : concrétion v. abstraction

 

Une idée peut être concrète ou abstraite… La Constitution pose la nation comme objet et donc comme idée concrète, comme un être quasi-substantiel avec tous ses modes. Pourtant cette idée est aussi abstraite puisqu’indéfinissable a priori, puisque subjective. Nouveau paradoxe, sans même entrer dans la distinction entre idée abstraite générale et idée abstraite individuelle…

 

                                    § 7. Septième difficulté : sensibilité v. intellect

 

On distingue encore les idées sensibles, celles qui tombent sous le sens, des idées intellectuelles et des idées morales. La Constitution pose la nation comme objet sensible puisque ne la définissant pas. Pourtant, c’est aussi une idée intellectuelle, aussi difficile à définir que l’identité, que la vérité, et cetera. Et c’est aussi une idée frôlant l’idée morale puisqu’induisant, surtout confrontée à l’idée d’identité, des qualités moralement bonnes ou mauvaises…

 

                                    § 8. Huitième difficulté : réalité v. chimère

 

Enfin, pour en rester au seul objet, la nation est posée comme réelle par la Constitution, tout comme par exemple par le Préambule de 1946. Or, elle est aussi chimérique en ce sens qu’elle n’existe pas concrètement, qu’elle n’est qu’une construction de l’esprit, et ce même si elle peut être ressentie comme métaphysiquement réelle…

 

L’erreur de base qui perturbe toute réflexion est peut-être celle de l’Etat-nation, car il n’y a pas – à de très rares exceptions près – « une nation Þ un Etat », mais « un Etat Þ une nation », l’Etat suscitant inévitablement la nation et non le contraire… Il suffit d’analyser les exemples italiens ou allemands. En ce sens, la nation est artificielle ! Elle est une invention de la raison telle que définie par les Lumières, une invention servant à rationaliser.

 

Notons en passant que Voltaire critique très vertement dans son Dictionnaire philosophique (article Etats, gouvernements) l’Abbé de Bourzeis lorsque ce dernier pose le fait que la raison doit être la règle d’un Etat, ce qui est ici intéressant car Voltaire n’évoque la nation que d’une manière a priori neutre, la confondant tantôt avec l’Etat, tantôt avec la patrie… Heureusement que l’on nous surine que Voltaire est un admirateur de la raison ! Il est vrai qu’il a tant dit tout et son contraire… Il est vrai qu’il est peut-être erroné de faire de Voltaire un philosophe des Lumières, alors qu’il est bien plus un philosophe du despotisme absolu, même s’il cache cette idée d’absolutisme sous l’adjectif éclairé. Ou alors, si Voltaire est un philosophe des Lumières, cela nous forcerait à résumer les dites Lumières au seul progrès économique et au seul refus de tout obscurantisme religieux, voire même de toute religion révélée ; or, les Lumières sont bien plus que cela ! Peut-on considérer comme éclairé et éclairant un auteur ayant osé écrire les phrases suivantes : - Je crois que nous ne nous entendons pas sur l’article « Peuple » que vous croyez digne d’être instruit. J’entends par peuple la populace qui n’a que ses bras pour vivre. Je doute que cet ordre de citoyens ait jamais le temps ni la capacité de s’instruire. Il me paraît essentiel qu’il y ait des gueux ignorants. (Lettre à Damilaville, 1er avril 1766) ; - Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose. Il faut mentir comme le diable, non pas timidement, non pas pour un temps, mais hardiment et toujours. (Lettre à Thiriot, 21 octobre 1736) ; - Vous ne trouverez en eux [les Juifs] qu’un peuple ignorant et barbare, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition, et à la plus invincible haine pour les peuples qui les tolèrent et qui les enrichissent. (Dictionnaire philosophique, tome V) ; - Cette petite nation juive ose étaler une haine irréconciliable contre toutes les nations : toujours superstitieuse, toujours avide de bien d’autrui, toujours barbare, rampante dans le malheur et insolente dans la prospérité. (Essai sur les mœurs et l’esprit des nations, paragraphe 42) ; - Des Nègres et des Négresses, transportés dans les pays les plus froids, y produisent toujours des animaux de leur espèce. (…) La nature a subordonné à ce principe ces différents degrés et ces caractères des nations, qu’on voit si rarement se changer. C’est par là que les Nègres sont les esclaves des autres hommes. (Essai sur les mœurs et l’esprit des nations) ; - Les Blancs sont supérieurs à ces Nègres, comme les Nègres le sont aux singes, et comme les singes le sont aux huîtres. (Traité de Métaphysique) ; Il y a une canaille à laquelle on sacrifie tout et cette canaille est le peuple. (Lettre au Marquis de Condorcet), etc… ? Le mépris du peuple, des noirs, des Juifs et des Musulmans (cf. sa pièce Mahomet), l’apologie du mensonge, du despotisme et de l’absolutisme, le rejet de la démocratie et de l’égalité ne sont pas pour moi parmi les caractéristiques d’un homme éclairé, et encore moins d’un homme pouvant faire profession de lumières ; or ce sont là les idées de Voltaire !

 

Pourtant, le plus idiot des supporters de rugby sait bien que la nation n’est pas l’Etat, du Tournoi des Six Nations à celui du Four Nations : l’Ecosse n’est pas un Etat, alors qu’ Irlande regroupe un Etat et une partie d’un autre Etat, tout comme un joueur d’une autre nationalité peut très bien jouer sous un maillot différent que celui de son Etat sous quelques réserves d’éligibilité.

 

Mais, paradoxalement, elle se heurte très vite à la raison car elle est tant spirituelle qu’indéfinissable matériellement.  C’est pourquoi, alors qu’elle est née contre la religion chrétienne, sous l’impulsion de la Gauche, en vue d’établir une cité terrestre se substituant à la cité de Dieu, elle ne peut être que contestée par cette même Gauche devenue marxiste. L’autre paradoxe est que la droite catholique puisse l’admettre, sauf si elle sombre pour sa part dans la pensée de Maurras qui ne voit dans la religion qu’un ordre social, en aucun cas une foi. Dès lors, la nation ne peut être que liée à l’ordre chez la droite libérale (au sens pur) – par nature athée ou agnostique – et maurrassienne.

 

Ici, il nous sera nécessaire de chercher à approfondir le concept de nation au travers de l’approche ontologique de Jeremy Bentham qui distingue les entités réelles, les entités fictives, les entités fabuleuses, les fictions logiques et les non entités, même si des passerelles existent entre les entités fictives et les fictions logiques, les fictions logiques étant la texture des entités fictives (cf. Bentham (Jeremy), De l’ontologie et autres textes sur les fictions, Le Seuil, Paris, 1997, coll. Points Essais n° 353, Ph. Schofield éd., trad. et comm. J.-P. Cléro et Ch. Laval).

 

                                    § 9. Remarque in itinere

 

Huit difficultés… Et encore ne sommes nous ici que dans le cadre l’idée vue selon son objet… L’absurdité est déjà apparente : c’est celle de vouloir poser la nation comme transcendance de la Constitution et de la souveraineté, par exemple au premier alinéa de l’article 3 de la Constitution de 1958 ; c’est celle de vouloir la juridiciser, de l’introduire comme norme ou comme élément définiteur dans le droit (par exemple aux article L. 113-10 ou encore L. 132-76 du Code pénal, la nation dépassant d’ailleurs dans ce dernier cas la nation « française ». Cela est encore le cas dans notre corpus constitutionnel ou encore dans le Traité sur l’Union européenne !) ! Il est vrai, notons le en passant, que les auteurs de la Déclaration du 26 août 1789 bénéficièrent de l’aide de l’idée … d’Être Suprême, ce qui facilitait bien des choses… (…) En conséquence, l’Assemblée nationale reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l’Etre Suprême, les droits suivants de l’Homme et du Citoyen (…) (fin du préambule de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789). D’une certaine manière, l’homme ayant besoin de croire, la nation a été originellement, du moins dans son sens politique, le substitut offert par l’Etre suprême à la religion. Mais reste que l’on peut s’interroger sur le fait de savoir si quelque chose peut être à la fois idée et objet, surtout en droit et en science politique, bref en toute science de l’homme…

 

A noter en passant que, contrairement à une idée reçue, la Constitution des Etats-Unis du 17 septembre 1787 n’est fondée ni sur Dieu, ni sur un Etre suprême, ni sur une quelconque transcendance ! D’où la prépondérance et le symbolisme du dollar, ainsi que la profusion des sectes ?

 

 

Section 2. Les difficultés de l’approche selon le rapport du sujet des idées à leur objet

 

Considérons maintenant les idées selon le rapport de leur sujet à leur objet. Plus clairement, réfléchissons selon la manière dont l’individu, sa conscience, sujet des idées, se met en rapport avec les objets par ses idées. Là encore, on peut percevoir plusieurs distinctions et paradoxes.

 

                                    § 1. Neuvième difficulté : clarté v. obscurité

 

Une idée peut être claire lorsqu’elle fait bien comprendre son objet, mais elle est obscure lorsqu’elle ne se fait comprendre qu’imparfaitement, qu’avec difficulté ou pas comprendre du tout. Il est ici possible d’affirmer, et ce sans aucun doute possible, que l’idée de nation est une idée obscure. Pas de paradoxe, tant l’objet de l’idée que l’idée elle-même étant difficilement définissable, voire même indéfinissable…

 

Une idée peut aussi être claire ou confuse. La nation devrait être une idée claire puisque, selon la lettre de la Constitution et sa place dans la dite Constitution, elle devrait nettement se distinguer de son objet, bref de la souveraineté. Or, rien n’est plus confus puisque la nation se laisse très facilement confondre, y compris chez les spécialistes, avec d’autres idées telles que la patrie, que l’Etat, que communauté, que civilisation, qu’ethnie, que race, etc. ; et même que … peuple… La nation est une idée confuse, alors qu’elle devrait être claire pour tous, de par ces confusions… Et ceci impose d’ailleurs de définir les mots supposés synonymes…

 

                                    § 2. Dixième difficulté : confusion v. incomplétude

 

Maintenant, s’agit-il d’une idée confuse ou d’une idée seulement incomplète, car, le plus souvent, lorsqu’il y a obscurité dans l’esprit sur un sujet cela est dû à une insuffisance d’idées, ou alors à un manque de connaissances, de lumières sur le sujet. Certes, l’idée de nation est incomplète parce que l’on ne représente pas totalement son objet, mais ici, la confusion ne nait pas de la seule incomplétude ; elle nait du concept lui-même ! …

 

Section 3. Les difficultés de l’approche selon l’origine de l’idée

 

                                    § 1. Onzième difficulté : sensation v. raison

 

Reste la question de l’origine, de la manière dont nous vient ou nous est venue l’idée de nation… Et, là encore difficulté ! En effet, l’origine d’une idée peut être expérimentale (de l’externe), psychologique (de l’interne), bref liée à l’idée de sensation, l’intuition pouvant être considérée comme une sensation ; mais elle peut aussi être d’origine rationnelle, produit non plus de la sensation mais de la raison. Or, la nation est tout cela à la fois : le fruit d’une expérience sociale commune, le fruit d’une intuition de communauté, mais aussi le fruit de la raison elle-même, ce qui fut le cas dans l’esprit de la plupart des Constituants…

 

La nation est un phénomène tant psychologique que moral, mais surtout un phénomène social, supposant donc une nature ayant une certaine fixité, indifférente à l’action qu’elle subit, ce qui est distincte de l’identité. Or, un phénomène social est modifié en permanence par la conscience même que l’on en prend, ce qui permet de lui proposer d’autres fins. Cela le distingue d’une technique politique qui consiste à utiliser, pour une fin clairement définie, des déterminismes naturels ; on pensera ici à la pensée de Dominique Parodi.

 

 

                                    § 2. Douzième difficulté : vérité v. erreur

 

Maintenant, on considère, du moins en Occident, qu’une idée est soit juste, soit fausse, ce qui a été au cœur du débat politique sur ce sujet quant à la nation. Mais comment se fait-il que l’idée maîtresse d’une Constitution puisse tantôt être jugée vraie, tantôt jugée fausse, parfois même par les mêmes personnes, non pas forcément simultanément dans le temps, mais dans l’espace ? Tout est ici affaire de jugement. Néanmoins, un concept aussi fort que celui de nation ne devrait pas être jugé faux par des républicains, tout comme des anti-démocrates ne devraient pas forcément le juger comme vraie ! Paradoxe ! Si l’idée de nation est à la fois juste ou fausse selon l’instant ou le lieu, c’est donc qu’elle est mal définie ou indéfinissable, car un jugement ne peut pas être double sur le même objet ! De plus, si une idée est jugée de cette manière, elle ne peut en aucun cas être cause première, alors même qu’elle est centrale dans notre histoire constitutionnelle ! Enorme difficulté !!!

 

§ 3. Treizième difficulté : quelle logique ? un, deux, trois, quatre, … ?

 

Ne faudrait-il donc pas raisonner autrement la nation, selon une autre logique, par exemple en s’inspirant d’autres cultures, non forcément contradictoire ? Par exemple, la logique japonaise n’admet pas deux possibilités de jugement, mais quatre : certes le « oui » et le « non », mais aussi le « oui-et-non » et le « ni-oui-ni-non » (cf. Marc Luyckx, Les religions face à la science et la technologie, Commission des Communautés européennes, Bruxelles, novembre 1991, page 181). On notera que, dans son Ethique à Nicomaque, Aristote dit clairement que le juste est quelque chose de proportionnel (…) et que la proportion discrète est formée de quatre termes (…) le juste se [composant] également de quatre termes au moins, (…) (Aristote, Ethique à Nicomaque, V, III, 8-9) ; notons aussi que, dans son Ethique à Eudème, il insiste sur la médiété et sur les intermédiaires qu’elle porte (Aristote, Ethique à Eudème, II, 3). Il n’y a donc aucune incompatibilité avec la pensée européenne classique !

 

Dès lorsque l’on modifierait les possibilités de jugement logique, certaines difficultés s’estomperaient, …même si d’autres émergeraient… Ou encore admettre que la nation, idée métaphysique par nature, tout en n’échappant pas aux obstacles et aux difficultés de la métaphysique et de la théodicée, peut être pluriel tant verticalement qu’horizontalement en un même espace, ce qui condamne d’une manière ou d’une autre la conception fixiste de l’Etat-nation ? Ou encore penser la nation non plus dans les approches monistes, duales ou ternaires traditionnelles aux sociétés indo-européennes et méditerranéennes pour la penser dans la vision quaternaire proposée par les civilisations noires africaines, par l’hindouisme tardif ou encore par … le Catholicisme marial ! … Treizième difficulté, d’autant plus que chacune de ces quatre approches cosmologiques du monde a sa propre approche de la nation, le problème définiteur se posant en fait dès que la vision dépasse le binaire car on n’est plus dans le duel mais en présence d’une altérité qui complexifie les rapports qui, dès lors, ne sont plus simplistes !

 

On pourrait réfléchir à partir de la vision quaternaire, qui permettrait d’intégrer le « soi », l’ « autre », le « tierce » et … le monde lui-même ! Et nous n’avons pas forcément à inventer ! L’organisation des sociétés et des pouvoirs africains n’est pas trinitaire mais quaternaire (cf., y compris pour  les trois éléments suivants, Dika-Awa nya Bonambela, « La sacralité du pouvoir et le droit africain de la succession », in : Sacralité, pouvoir et droit en Afrique, Éd. du CNRS, 1979, et notamment de la page 39 à la page 45) :

il y a ainsi quatre fondements du pouvoir : l’homme, l’ancêtre, la divinité et enfin Dieu en tant que tel ;

chaque point cardinal est associé à une saison ou à un moment de la journée, les règles organisant l’espace de la cité reflétant celles de l’organisation sociale, mais aussi et surtout la cosmologie. En effet, la cité est organisée sur un plan quaternaire, y compris en Égypte pharaonique ;

tout comme il y a quatre formes d’énergie substance de tout pouvoir politique : la capitalisation des biens, la capitalisation des parentés, la capitalisation de prestige et la capitalisation des connaissances.

 

Donc, alors que la conception de la société en Europe et en Asie occidentale et centrale est avant tout géo-cosmique, elle est avant tout cosmo-biologique en Afrique. En Afrique noire, le pouvoir et le droit partent de l’ethnie pour aboutir au cosmos en passant par l’organisation sociale, alors qu’en Europe et dans le monde indo-européen, le pouvoir et le droit partent du cosmos, de la terre et de l’individu pour aboutir, là encore par l’organisation sociale, à la société ; et, dans la pensée des Lumières qui nous baigne et qui inspire notre vision politique, la nation est substitut au cosmos... Et pas de rupture néanmoins dans la pensée quaternaire puisqu’un point commun existe cependant : la nécessité d’une organisation sociale, ce qui explique pourquoi il y a conjonction entre les modes de royauté et les modes de sacralisation entre ces deux cultures…

 

Un autre point de conjonction est que, chez les noirs africains le trait d’union entre la divinité et l’humanité est symbolisé par trois pierres, trois autels, comme si la vision trinitaire restait la pierre de base de toute l’humanité dès que l’on veut institutionnaliser une autorité ou potentialiser une institution… On peut penser ici au Masoso, c’est-à-dire aux trois pierres reliant les divinités aux humains que l’on retrouve dans le foyer de chaque Père-maître et seigneur du lignage Djolof au Sénégal. À noter aussi une très fréquente division binaire entre le dos et le ventre…, ainsi qu’une vision unitaire dans l’approche solidaire de la famille, du groupe, de la tribu ou de l’ethnie…

 

                                    § 4. Déconstruire ?

 

Il serait aussi intéressant de faire application à la nation des processus de déconstruction posés par Derrida, qui propose par ce procédé d’en revenir aux briques originelles, permettent de revenir à une structure initiale de pensée de cette idée, et ce quel que soit le penseur politique analysé. Le socle pourrait être, malgré les paradoxes, solide… Et si, en fait, ce n’était pas le schème fondateur qui variait, l’idée de nation qui variait dans ses imprécisions, mais seulement les schèmes interprétatifs ? Or, rien de cela n’a été fait !

 

 

 

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9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 09:46

Jusqu'à ces dernières années, et même aujourd'hui, l'idée de nation a dominé la culture européenne. L’Armée n'étant, dans une démocratie, que la délégataire de la nation, il nous faut donc définir ce qu’est la nation. Il nous faudrait aussi définir ce qu’est l’État.

 

Pourquoi la nation ? Il faut toujours un principe indépassable pour qu’il y ait justice, ordre et liberté … Quel qu’il soit, Dieu ou la raison, la nature, le peuple ou la nation ! Mais il faut aussi un consensus minimal sur ce point, et c’est ce que recherchait selon moi, peut-être suis-je naïf, Nicolas Sarkozy, ou du moins certains de ses conseillers…

 

                        Section 1. La Nation, fille de 1789, et son détournement

 

Souvenons-nous que la nation est fille de 1789 ! Qu’elle fut adulée par Saint-Just, personnage clé de son émergence dans le vocabulaire politique et constitutionnel français !

 

La Révolution française a eu des implications paradoxales : elle se présente d'emblée comme un fait européen, sera réaffirmée comme telle, mais elle va embraser partout les sentiments nationaux. La Révolution  française se veut un fait européen par la bouche de Saint-Just lorsqu'il écrivait en 1791 :

« L'Europe marche à grands pas vers sa révolution, et tous les efforts du despotisme ne l'arrêteront point. Le destin, qui est l'esprit de la folie et de la sagesse, se fait place au travers des hommes et conduit tout à sa fin. La révolution de France n'est point le coup d'un moment, elle a ses causes, sa suite et son terme : c'est ce que j'ai essayé de développer. Je n'ai rien à dire de ce faible essai, je prie qu'on le juge comme si l'on n'était ni Français ni Européen... » (Louis Antoine Léon de Saint-Just, Esprit de la Révolution et de la Constitution de France, 1791), 

ou encore en 1793 :

« La Constitution des Français doit consumer le ridicule de la Royauté dans toute l'Europe, (...) ; elle doit être simple, facile à établir, à exécuter et à répandre..... Bientôt les nations éclairées feront le procès à ceux qui ont régné sur elles ; les rois fuiront dans les déserts, parmi les animaux féroces leurs semblables, et la nature reprendra ses droits. » (Louis Antoine Léon de Saint-Just, Discours à la Convention sur la Constitution à donner à la France du 24 avril 1793).

Michelet reprendra cette idée par ces lignes : Par devant l'Europe, la France, sachez-le, n'aura jamais qu'un seul nom, inexpiable, qui est son vrai nom éternel : La Révolution (Jules Michelet, Le Peuple). Le messianisme français a en fait intensifié les particularismes et les sentiments nationaux dans toute l'Europe et, en s'efforçant de parachever par la force une certaine unité culturelle par une unification politique, Napoléon Ier allait lui donner le coup de grâce.

 

Au XIXème siècle, l'art lui-même devient national, un fait radicalement nouveau, même la Renaissance ayant laissé libre champ à la diffusion artistique, ce dont il faut lui être gré. L'oeuvre et la vie de Verdi sont là pour en témoigner. Ainsi, Verdi deviendra célèbre grâce au caractère patriotique de Nabucco, les spectateurs lisant en filigrane de l'histoire des Hébreux opprimés par les Assyriens celle de l'Italie occupée par l'Autriche, le célèbre Va pensiero  des Hébreux ayant été voulu comme un hymne à la liberté de l'Italie, de la nation italienne… O ma patrie si belle que j'ai perdue ! O souvenir si cher et si fatal ! D'ailleurs Verdi devait faire suivre cet opéra par un autre à caractère encore plus patriotique : I Lombardi.  Et que penser de son opéra La Bataille de Legnano qui raconte l'histoire de l'empereur Frédéric Barberousse battu par une ligue lombarde au sein de laquelle sont unies les principales villes italiennes, la répétition générale de l'œuvre à Rome le 27 janvier 1849 étant saluée aux cris de Vive Verdi ! Vive l'Italie !, en réponse au serment des soldats de la Ligue : Vive l'Italie ! Un pacte sacré unit tous vos fils. Verdi lui-même n'expédia t-il pas à Mazzini un hymne intitulé Suona la tromba, avec ces mots : Pour chanter avec  accompagnement  de canon dans les plaines de Lombardie (!!).

 

C'est l'émergence du romantisme, de Fichte à Michelet, de Goethe à Chopin, de Mazzini à Wagner, romantisme qui met en valeur la Nation, la subjectivité et le peuple. Michelet écrivait ainsi : Il y a bien longtemps que je suis la France,  vivant jour par jour avec elle  depuis deux milliers d'années ; il écrivait de même que l'Angleterre est un Empire, l'Allemagne est un pays, une race, la France est une personne (Jules Michelet, Histoire de France, chapitre II), mettant en évidence la lien entre la subjectivité et la rupture induite par le fait national. Michelet se voulait aussi le porte-parole du Peuple : Et moi, qui en suis sorti, qui ai vécu avec lui, travaillé, souffert avec lui, qui plus qu'un autre ai acheté le droit de dire que je le connais, je viens poser contre tous la personnalité du peuple. Quant à la subjectivité, il s'agit du règne exclusif du moi, comme l'exprime dans ces mots le poète allemand Johann-Paul Friedrich : Un matin, ...me vint du ciel comme un éclair cette idée : «Je suis un moi », qui dès lors ne me quitta plus ; mon moi s'était vu lui-même pour la première fois, et pour toujours., ou encore, avec encore plus de force en ce qui concerne le déchirement du romantique, Chateaubriand : Dans l'existence intérieure et théorique, je suis l'homme de tous les songes; dans l'existence extérieure et pratique, l'homme des réalités. Aventureux et ordonné, passionné  et méthodique, il n'y a jamais eu d'être à la fois plus chimérique et plus positif que moi, de plus ardent et de plus glacé... (François René de Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe,  première partie, livre XI, chapitre 1).

 

Les cultures nationales ne sont certes pas choses nouvelles en Europe, mais elles avaient toujours gardé un caractère subordonné par rapport à celui de la culture européenne commune aux élites et aux peuples de tous les lieux européens; ainsi en était-il par exemple des Chants Courtois des troubadours occitans. C'est cela qui est fini : désormais il n'y a plus de culture cosmopolite commune mais seulement un système de cultures nationales.

 

Mais, avant d’aller plus loin, une quasi-provocation à partir d’un passage de Guy Sorman. Ce dernier affirme que les hommes, comme les abeilles de Mandeville, contribuent par la somme de leurs vices et de leurs vertus à édifier un ordre collectif dont les principes mêmes leurs échappent (Guy Sorman, La solution libérale, Fayard, Paris, 1984, pp. 71-72). Et si la nation était cet ordre collectif ? Et surtout, sommes-nous capables de dire quels sont les principes même de la nation ? Peut-on connaître ces principes ? Et, s’ils sont, ne sont ils pas évolutifs en fonction du temps, de nos actes, de ceux de nos partenaires et adversaires, mais aussi de notre démographie, de nos décisions politiques, et ainsi de suite ? Bref, la nation et son identité sont-elles des notions figées ou évolutrices ? et surtout, peut-on savoir ce dont on parle lorsque l’on parle de nation, d’identité et d’identité nationale, ou cette tache est-elle impossible ?

 

Cette tache est-elle impossible ? et ce d’autant plus que dans nos sociétés, inspirées par un libéralisme mal compris et d’ailleurs tel que condamné par tous les Papes, prévaut la thèse selon laquelle chaque individu n’a qu’une seule approche du monde, toujours égocentrée. Cette vision, paradoxalement bien plus répandue chez les socialistes et les extrêmes français qu’à droite, est celle défendue et promue par l’égérie du co-listier de Mitt Romney, Paul Ryan, bref par Ayn Rand ; cette dernière ultra-libérale à faire passer un Jacques Garello pour un affreux marxiste avait posé la doctrine de l’égoïsme rationnel ; notons que cette doctrine est née de sa vision athée et libertaire de la vie…

 

Mais, si la nation est indéfinissable, alors même qu’elle semble au cœur de beaucoup, est-il possible de la dépasser, de la cadrer malgré tout ?

 

Section 2. La nation dans les textes constitutionnels français, …et quelques autres

 

Nous nous bornerons ici à voir si la nation comme telle est présente ou non dans diverses Constitutions qui ont accompagné nos institutions depuis 1789.

 

La Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789

Le mot nation n’apparaît qu’une seule fois dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, mais en un lieu fondamental de ce texte, puisque l’article 3, déjà cité, pose que le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. L’importance d’un mot n’est donc pas liée à sa fréquence. Reste que l’on doit se poser deux questions fondamentales à la lecture de cet article 3 : 1/- Qu’est-ce que la nation, lieu de résidence de la souveraineté ? 2/- L’adverbe essentiellement doit-il se comprendre au sens d’essence, ou au sens de source première mais non pas unique ? de la réponse à ces deux questions dépend tout l’esprit des institutions… Or, y a t-on répondu ???

 

La Constitution du 3 septembre 1791

Le mot nation  est présent 23 fois dans la Constitution de 1791. Il est surtout utilisé comme opposition, ou plus exactement comme équilibre, à la personne du roi.

 

On a souvent posé la nation telle que définie par la Constitution de 1791 comme étant la réunion du roi et du peuple. Or, ceci est à la fois vrai et faux ! C’est vrai puisque la nation est posée comme la source de tous les pouvoirs, tant le roi que le Corps législatif étant des organes, les deux organes vivants de la nation, les deux organes délégués de la nation, le pouvoir exécutif étant délégué héréditairement à la race régnante, le pouvoir législatif étant délégué par élection aux représentants du peuple. Mais c’est faux puisque le roi était considéré comme ayant abdiqué dans trois cas, ouvrant de facto à sa succession : a) s’il ne prêtait pas le serment d’être fidèle à la nation et à la loi, de maintenir la Constitution et de faire exécuter les lois ; b) s’il se mettait à la tête d’une armée dirigée contre la nation ou ne s’opposait pas par un acte formel à une telle entreprise dirigée contre la nation ; c) si, étant sorti du royaume sans autorisation de la nation, il n’y rentrait pas dans le délai fixé par proclamation du corps législatif, ce délai devant être d’au moins deux mois. Or, s’il était partie de la nation, pourquoi le roi devrait-il prêter serment à lui-même ? s’il était partie de la nation, pourrait-il s’y opposer, s’opposer à lui-même ?

 

La Constitution du 24 juin 1793

Le mot nation n’est repris qu’une seule fois dans la Constitution de 1793, en son article 29 qui dispose que chaque député appartient à la nation entière. Par contre, l’article 23 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen posée ici comme partie intégrante de la Constitution (…dans une version différente de celle de 1789) pose le principe de la souveraineté nationale.

 

La Constitution du 5 Fructidor An III (22 août 1795)

Cinq références au mot nation, avec ou sans la majuscule de majesté d’ailleurs, aux articles 15, 52, 132, 373 et 374. Le plus significatif est l’article 52 qui dispose que les membres du Corps législatif ne sont pas représentants du département qui les a nommés, mais de la Nation entière, et il ne peut leur être donné aucun mandat.

 

La Constitution du 22 Frimaire An VIII (13 décembre 1799)

Une seule référence à la Nation française à l’article 86, et encore dans un article relatif aux veuves, orphelins et invalides de guerre. L’esprit est finalement proche de celui du préambule de 1946 qui lui aussi n’usait de l’expression nation que pour introduire des mesures à caractère social.

 

Le Senatus-consulte organique de la Constitution du 16 thermidor An X (4 août 1802)

Aucune référence à la nation… Par contre, on retiendra que l’article 2 du  Senatus-consulte du 14 thermidor an X (2 août 1802)proclamant Napoléon Bonaparte Premier consul à vie prévoir une statue de la Paix, tenant d'une main le laurier de la Victoire, et de l'autre le décret du Sénat, le tout attestant à la postérité la reconnaissance de la Nation à Napoléon Bonaparte ; ici, nation est posée en opposition à peuple, puisque l’article 3 dispose que le Sénat portera au Premier consul l'expression de la confiance, de l'amour et de l'admiration du peuple français. Texte totalement incohérent dans les faits, comme si l’on avait voulu juxtaposer des mots parlant aux cœurs de tous sans leur donner en fait aucun sens réel, aucun sens autre que politique et d’adhésion à la personne du premier consul !

 

La Constitution du 28 floréal An XII (18 mai 1804)

Seulement deux références, et encore très vagues, l’une à l’article 14 édictant la nécessité  d’une organisation du palais impérial conforme à la dignité du trône et à la grandeur de la nation, l’autre à l’article 55 relatif au serment du régent qui comporte une partie l’engageant à maintenir (…) les droits de la nation. On remarquera que l’article 53 relatif au serment de l’Empereur ne comporte aucune disposition relative au respect ou au maintien des dits droits…

 

La Charte constitutionnelle du 4 juin 1814

Aucune référence à la nation…

 

L’Acte additionnel aux Constitutions de l'Empire du 22 avril 1815

Deux références seulement à la nation, dont la principale en préambule posant pour fait que Napoléon avait toujours cherché à répondre aux besoins et aux désirs de la nation. L’autre référence se retrouve à l’article  41 qui dispose que tout ministre, tout commandant d'armée de terre ou de mer, peut être accusé par la Chambre des représentants et jugé par la Chambre des pairs, pour avoir compromis la sûreté ou l'honneur de la nation ; très flou là encore, car comment définir l’honneur de la nation pour en rester à ce seul cas ?

 

La Charte constitutionnelle du 14 août 1830

Aucune référence à la nation. L’adjectif national n’est utilisé que par référence à la propriété nationale ou à la garde nationale.

 

La Constitution du 4 novembre 1848

La référence à la nation est totalement absente de la Constitution de 1848 ! Par contre, l’adjectif national est omniprésent, mais le plus souvent dans le cadre de l’expression Assemblée nationale. On retiendra surtout que l’article 1er de cette Constitution précise que la souveraineté réside dans l'universalité des citoyens français ; elle n’utilise donc ni peuple, ni nation comme siège et détenteur de la souveraineté, comme si l’universalité des citoyens français était la conjonction des deux notions !

 

Les Lois constitutionnelles des 24 février, 25 février et 16 juillet 1875

Le mot nation à nouveau absent des Lois constitutionnelles de 1875. Par contre, l’adjectif nationale est utilisé en permanence pour qualifier l’Assemblée.

 

Les Actes constitutionnels de l’Etat français (régime de Vichy)

Le mot nation est toujours totalement absent des divers Actes constitutionnels de Vichy, sauf pour évoquer une éventuelle ratification d’un projet de Constitution.

 

La Loi du 2 novembre 1945 portant organisation provisoire des pouvoirs publics

Aucune référence à la nation, même au travers d’un adjectif ; il est vrai que ce texte ne comporte que 8 articles. On notera juste le fait que c’est le peuple qui a adopté cette loi, pas la nation.

 

Le Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946

La Nation apparaît trois fois, plus une fois au travers du pronom elle dans le Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946, toujours en lien avec des droits sociaux d’ailleurs, droits que se doit de protéger la Nation. On notera que les quatre alinéas concernés se posent en opposition totale avec la Déclaration de 1789 !

 

Le dixième alinéa pose le caractère plurielle de la société en édictant que La Nation assure à l’individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement. Cet alinéa se pose en opposition totale avec l’individualisme proclamé tout au long de la Déclaration de 1789. Notons que la famille n’est pas ici définie par le mariage, comme le démontrent notamment les débats du 29 août 1946, en particulier l’intervention du député Pineau. La famille n’est pas posée comme une fonction ou comme ayant des fonctions, mais seulement comme ayant de simples doits matériels. Sa conception est donc toute autre que celle de l’article 4 de la Déclaration de l’An VIII, des paragraphes IV et VIII du Préambule de 1848, et bien évidemment des dispositions de la Loi constitutionnelle du 10 septembre 1940 et des principes de la communauté de décembre 1941…

 

Pour leur part, les alinéas 11, 12 et 13 insiste sur le rôle actif de la société. Ici, encore en total contraste avec les principes de 1789, l’Etat a un rôle positif, voire même actif à jouer dans la société. Cela passe par l’édiction de garanties matérielles : a) des garanties dans le quotidien, avec par exemple le passage de l’assistance à l’assurance posé à l’alinéa 11 ; b) des garanties face aux situations anormales, avec l’obligation de solidarité et d’égalité devant les calamités posée à l’alinéa 12 ; c) des garanties intellectuelles, posées à l’alinéa 13.

 

La Nation est donc invoquée pour introduire la société dans les droits de l’homme et du citoyen, pour réformer certains principes républicains, et ce sous une majorité pas particulièrement de droite, soit dit en passant !

 

La Loi constitutionnelle du 3 juin 1958 portant dérogation transitoire aux dispositions de l’article 90 de la Constitution

Même si l’on y évoque trois fois l’Assemblée nationale, mais uniquement comme source de la dite loi, aucune référence à la nation…

 

La Constitution du 4 octobre 1958

Il n’apparaît que six fois dans le texte de la Constitution de 1958. Par contre, l’adjectif national est présent, ainsi que par exemple les idées de nationalité et de nationalisation. Notons que son Préambule pose comme impératifs les principes de la souveraineté nationale, alors que le premier alinéa de son article 3 pose clairement le principe de souveraineté nationale : La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum.

 

On notera bien le pluriel au mot principe, qui s’oppose au singulier de l’article 3 de la déclaration de 1789. Une confrontation des deux passages constitutionnels, puis une analyse fine de leur contenu serait nécessaire ! Pour continuer sur le pluriel utilisé dans le Préambule, le lien étant fait directement avec la Déclaration de 1789, le Préambule de 1946 et la Charte de l’environnement de 2004, on peut affirmer sans risques que le contenu de ces trois textes est le définiteur tant de la souveraineté nationale que de la nation elle-même ; or, en se posant comme universels et non spécifiquement citoyens, ces principes font que la nation ne peut pas, dans le cadre de la Cinquième République, se limiter aux seuls citoyens, aux seuls nationaux français ! La nation serait-elle donc plus vaste que, ou a minima dépasse, en son et ses principes le peuple français lui-même ? Ceci devrait interpeller nos dirigeants de toutes tendances !

 

La Charte de l’environnement de 2004

 

La nation n’apparaît qu’une seule fois dans la Charte de l’environnement de 2004, et encore de manière accessoire en son Préambule : (…) Que la préservation de l'environnement doit être recherchée au même titre que les autres intérêts fondamentaux de la Nation. Néanmoins, cet accessoire n’est pas sans importance, très loin de là, car il met l’environnement au rang des autres intérêts et priorités nationaux. Par contre, ce texte met en avant le peuple, puisqu’il commence par ces mots : Le peuple français (…) ; dans le cadre de l’environnement, les seuls français seraient-ils plus importants que le reste de l’humanité ? Mais cette impression est corrigée par le Préambule de la Constitution de 1958… Néanmoins, on pourrait pressentir ici une tendance réductrice, un peu exclusive, paradoxalement par le remplacement du mot nation par le mot peuple !

 

Dans tous les cas, aucun texte constitutionnel ne donne la moindre définition de la nation ! Par ailleurs, contrairement à une idée reçue, le mot nation est finalement très rare dans les textes constitutionnels français, exception faite de celle de 1791 !

 

On notera en passant que la Loi fondamentale de la République fédérale d’Allemagne  du 23 mai 1949 ne fait à aucun moment usage du mot de nation ! On notera aussi que la Constitution turque, dans sa version révisée le 23 juillet 1995, regorge de références à la nation, mais aussi au … nationalisme et à toutes les autres déclinaisons possibles du mot : nationalité, nationalisation, national, etc… 259 occurrences pour …194 articles, y compris les transitoires ; comme si l’on voulait de force imposer, asséner, faire croire à l’idée d’une nation turque se confondant avec la Turquie ! On pourrait dire au travers de ces deux exemples que là où la nation est évidente on n’a pas besoin de la citer, mais que là où elle n’est pas totale – de nombreuses populations turques sont en fait dispersées en Asie – ou réelle – pensons aux minorités kurde, orthodoxe, arménienne, assyro-chaldéenne, tcherkesse, et cetera (en fait 46 groupes ethniques et minorités) – on la met à toutes les sauces…

 

 

  Dessine-moi une nation ! (2° partie)

 

 

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9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 09:44

(suite de : Dessine-moi une nation ! (1° partie) )

 

                        Section 3. Les définitions de manuels scolaires

 

Nous nous contenterons ici d’énumérer quelques définitions de la nation tirées de manuels scolaires de diverses époques. Cette simple lecture permet déjà de ressentir l’évolution du concept selon les époques… On gardera néanmoins à l’esprit que jusqu’au milieu des années trente, les manuels parlent plus souvent de patrie, de peuple, de civilisation ou encore de race française (sic !!!) que de nation, celle-ci n’étant évoquée que comme synonyme d’Etat, en lien avec une certaine idée de civilisation spécifique admettant la diversité dans l’homogénéité, face aux autres nations, ou alors comme justificatif de … l’impôt voté par le parlement, représentatif de la nation ! En fait, la nation se substitue à la patrie dès lors que l’identité dans la différence commence à être perçue comme une réalité, soit au commencement de perception de la réalité des Colonies, soit à celle de perception des diversités régionales comme non antinomiques à la cohésion de la France… Elle est aussi utilisée dans un sens de possibilité de réconciliation avec les ennemis traditionnels qu’étaient le Royaume-Uni et l’Allemagne ; hélas, si la réconciliation a été possible avec les britanniques de par une approche assez voisine, elle fut impossible avec l’Allemagne, celle-ci continuant à ne penser la nation qu’au travers de l’idée de communauté de sang et de race au sens ségrégationniste ! Et ce fut un échec par le retour à la pseudo-synonymie entre patrie, peuple et nation, alors que ce sont trois choses, certes liées, mais très différentes !

 

1938 : «  Elle (la nation) est une grande famille. On a souvent défini la nation : une grande famille. Cette définition, prise dans son sens le plus large, indique bien la force des liens par lesquels les enfants d’un même pays sont reliés les uns aux autres : tous portent le même nom, ont les mêmes ancêtres, habitent le même territoire, ont entre eux mille traits de ressemblance physique et morale, même communauté d’intérêts et d’aspiration. De là, une réciprocité de sympathie et d’affection, qui se traduit plus particulièrement quand des compatriotes se rencontrent à l’étranger. » (Bourceau (E.) & Fabry (R.), Morale. Instruction civique. Droit usuel. Economie politique. Cours du brevet et des écoles primaires supérieures, Librairie L’Ecole, Paris, 1938, pp. 117-118)

Avec les deux définitions des années 80, il me semble que cette définition est la plus acceptable de celles ici exposées, la plus complète, même si elle tend néanmoins à trop insister sur l’idée d’ancêtres communs. Par contre, l’idée de famille, au sens spirituel mais non pas religieux ou encore de communauté génétique, est très intéressante car très parlante.

 

1938 : « Qu’appelle-t-on une nation ? C’est l’ensemble des citoyens ayant la même langue, mêmes mœurs, mêmes affinités de race, qui se groupent pour se constituer en un Etat autonome et indépendant. » Vuillemin (L.), Manuel de Préparation Militaire Elémentaire, Charles-Lavauzelle et Cie, Paris, 1938, 56ème éd.,  page 116)

La confusion est ici évidente avec l’Etat-nation ! De plus, cette définition est inquiétante car, finalement, non seulement elle tant à quantifier la nation, elle évoque la notion de race, mais aussi celle de langue. Or, le seul exemple suisse démontre qu’il peut exister au sein d’une même nation une pluralité de langues…

 

1948 : « La France comprend un certain nombre d’individus vivant généralement à l’intérieur des mêmes frontières, gouvernés par le même régime, et obéissant aux mêmes lois. Cette collectivité humaine est la Nation (on dit aussi souvent le pays). » (Longaud (F.), Précis d’instruction civique et économique. Classes de 4e et de 3e, Hachette, Paris, 1948, p. 39)

Outre le fait que le mot pays peut recouvrir plusieurs acceptations, dont des acceptations juridiques, la nation est ici résumée, réduite à l’une des trois composantes de l’Etat : la population. Dès lors, la nation ne serait que l’une des trois composantes de l’Etat, au même titre que le territoire et la souveraineté… Ou alors, la nation ne serait que la forme élaborée de l’Etat-nation, se confondant avec lui…

 

1970 : « La Nation, cela signifiait l’ensemble des citoyens français et le sol sur lequel ils vivaient. » (Leif (J.) & Grimal (P.), Instruction civique 3e, Fernand Nathan, Paris, 1970, page 10)

 

Cette définition est assez bizarre, car si elle semble en sa première partie définir très simplement mais clairement la conception de la nation qu’auraient pu avoir les législateurs de 1789, elle intègre en seconde partie la notion de sol. Or, il est patent que la notion de sol n’est pas un élément de la nation ; il y a ici confusion avec la patrie ou encore avec l’Etat-nation ! Peut-il y avoir une vie démocratique d’un sol, pour reprendre la finale du quatrième alinéa de l’article 4 de notre Constitution ? Pour en rester à cette notion de sol, bref de territoire, on peut s’interroger à la lecture des premiers mots de l’article 16 de la Constitution de 1958 : Lorsque les institutions de la République,  l’indépendance de la nation, l’intégrité de son territoire (…). Le territoire dont il est question est-il celui de la République ou de la nation ? Il semble bien que ce soit celui de la République et non pas de la nation

 

Peut-on nier que la Pologne a existé en tant que nation en dehors même de toute souveraineté, voire même de territorialité réelle, sans même parler de la nation juive, plus et toujours diaspora, malgré l’existence de l’Etat d’Israël ? On notera de plus l’imparfait utilisé, comme si la nation n’existait plus, comme si la nation n’était plus qu’une notion du passé ; or, ceci est inexact dès lors qu’elle apparaît toujours comme une réalité fondatrice dans notre corpus constitutionnel.

 

 

1984 : « A l’idée même de nation s’attachent deux images contraires entre lesquelles a oscillé son histoire depuis deux siècles : une image positive, parce que la nation est liée à l’idée de civilisation, au progrès, à l’émancipation des peuples opprimés et désireux de devenir des nations libres, indépendantes et souveraines. Une image négative, parce que la préférence accordée à sa propre nation nourrit facilement un nationalisme xénophobe et un patriotisme chauvin. » (Nora (P.), « Nation », in : CNDP éd., Guide républicain. L’idée républicaine aujourd’hui, Delagrave et al., Paris, 2004, p. 66)

Cette définition met très bien en évidence la problématique de la nation. La nation peut être ange ou démon, voire les deux à la fois ! Esope disait que la langue pouvait être la meilleure et la pire des choses ! Il en est de même de la nation, et c’est là la difficulté de toute réflexion sur elle ! Selon que l’on choisisse telle ou telle approche… La nation en elle-même, du moins en son acceptation française, n’est ni bonne ni mauvaise a priori, le seul critère déterminant, étant celui de l'objectif pour lequel elle est utilisée... Des conclusions opératoires et institutionnelles que tirent les gouvernements de la nation dépendent en grande partie la justice et la démocratie. Comme disait Ésope....

 

1985 : « – Mais qu’est-ce que la Nation française ? – C’est l’ensemble des habitants, des Français qui vivent sur le territoire national. Ils parlent une même langue, ils ont défendu leur patrie, ils ont écrit et continuent à écrire chaque jour les pages de leur Histoire. Ils ont vécu des guerres, construit des monuments. Leur devise est « Liberté, Egalité, Fraternité ». (…) Tout cela t’appartient, comme à tous les Français : c’est ton patrimoine. » (Vanderschaeve (J.), Instruction civique CE2, Magnard, Paris, 1985, page 67)

 

A bien les lire, nous voyons que ces définitions s’adressant à des enfants sont parfois bien plus signifiantes et caractéristiques d’une époque que certaines posées par des philosophes ou des politiques. Elles sont de plus fondamentales à connaître en ce sens qu’elles ont marqué les esprits des générations qu’elle a touché, étant énoncées souvent lors du seul contact des citoyens avec la théorie civique. On notera aussi que leur vision est le plus souvent fermée, réservant l’appartenance à la nation aux seuls citoyens français ; ceci nous posera problème lorsque j’évoquerai in fine le paradoxe du Légionnaire, tout comme cela peut aussi poser problème avec l’esprit de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.

 

Section 4. Les définitions de dictionnaires antérieurs à la seconde guerre mondiale

 

On notera dans ces dictionnaires l’absence de toute vision spirituelle à la Renan, l’idée de territoire prédominant, celles de lois et de langue commune n’étant pas toujours reprise. On notera que seules les définitions postérieures à la défaite de 1870 évoquent la notion de mœurs communes ou encore de race. Ce qui prédomine, c’est le caractère descriptif de la nation, très proche de l’usage que fit du mot Voltaire, d’ailleurs bien plus dans Le Siècle de Louis XIV que dans son Dictionnaire philosophique. Notons ici que Voltaire, farouche partisan de l'évolutionnisme, allait surtout travailler sur les indiens du Canada. Néanmoins, ses recherches présentent le grave défaut d'avoir été réalisées non sur le terrain mais au travers de seuls témoignages écrits, plus ou moins véridiques. Pas d'observation directe sur le terrain, pas de témoignages émanant de scientifiques... Selon Voltaire, la diversité des cultures et des sociétés humaines serait la représentation d'une série de clichés, clichés représentant chacun l'une des différentes phases de l'évolution de l'homme, cette succession de clichés étant la preuve de l'évolution des sociétés. Donc, par introduction du facteur temps, le sauvage n'est plus le barbare ; certes… Pourtant, cette théorie, séduisante au premier abord, surtout pour des hommes du XVIIIème siècle pétris des Lumières, n'avait ni base réelle, ni expérimentation sur le terrain, d’autant plus qu’il tire de cette évolution l’idée de race, ainsi que celle, du fait de l’évolution de la supériorité de races sur les autres…

 

Le mot nation  est donc neutre – au contraire du mot patrie, que l’on retrouvera d’ailleurs dès les premiers mots de La Marseillaise -, du moins jusqu’à 1789, même si des exceptions existent parfois, mais nous y reviendrons…

 

1690 – « Nation - Se dit d’un grand peuple habitant une même étendue de terre renfermée en certaines limites ou même sous une certaine domination. » (Dictionnaire de Furetière(cité in : Fr. Furet & M. Ozouf, Dictionnaire critique de la Révolution Française. Idées, Flammarion, Paris, 1992, coll. Champs n° 267, page 340))

 

1694 : « Nation – Tous les habitants d’un mesme Etat, d’un mesme pays, qui vivent sous les mesmes lois, et usent de mesme langage. » (Dictionnaire de l’Académie Française (cité in : Fr. Furet & M. Ozouf, Dictionnaire critique (…). Idées, op. cit., page 340))

 

1771 : « Nation - Se dit d’un grand peuple habitant une même étendue de terre renfermée en certaines limites ou même sous une certaine domination. » (Dictionnaire de Trévaux (cité in : Fr. Furet & M. Ozouf, Dictionnaire critique (…). Idées, op. cit., page 340). On notera l’exacte reprise de la définition du Furetière.)

 

1789 : « Nation - Tous les habitants d’un même état, d’un même pays. » (Vocabulaire François ou Abrégé du Dictionnaire de l’Académie Françoise, Demonville, Paris, 1789, nvlle. éd., page 460, col. 1)

 

1874 : « Nation – Réunion d’hommes habitant un même territoire, soumis ou non à un même gouvernement, ayant depuis longtemps des intérêts assez communs pour qu’on les regarde comme appartenant à la même race. (…) Fig. Toute espèce de gens considérés comme faisant une sorte de nation à part. (…) » (Littré (Em.), Dictionnaire de la langue française, édition de 1874, page 746, col. 2)

 

1878 : « Nation - Agglomération d’hommes vivant sous les mêmes lois, en communauté de mœurs et de langage, dans une certaine circonscription territoriale. » (Lachatre (M.), Nouveau dictionnaire universel, Docks de la Librairie, Paris, 1878, vol. 2, page 817, col. 2)

 

1883 : « Nation – (…) Agglomération d’hommes vivants sous les mêmes lois, en communauté de mœurs et de langage, dans une certaine circonscription territoriale. (…) Se dit quelque fois des habitants d’un même pays, encore qu’ils ne vivent pas sous le même gouvernement. Ainsi l’on dit la nation italienne, la nation allemande, … (….) On nomme aussi nation une agrégation d’hommes qui ont une origine commune : ainsi, aujourd’hui partie de peuples différents, on peut très bien dire la nation slave, pour exprimer cette collectivité d’individus ayant une origine commune, attestée encore par l’identité des mœurs et du langage. (…) Fig. Classe d’individus suivant les mêmes principes, le même culte, les mêmes opinions, la même profession, … (…) Employé en cette acceptation, ce mot se prend souvent en mauvaise part. » (Bescherelle aîné, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française, Garnier Frères, Paris, 1883, 18ème éd., volume 2, page 614, col. 3 & 4. On notera l’exacte similitude entre la première des définitions données par ce dictionnaire et celle donnée par le Lachatre)

On notera la grande richesse de cette définition qui reprend beaucoup des sens que peut aujourd’hui revêtir l’idée de nation, mettant en évidence la difficulté de sa compréhension. Elle insiste en particulier sur le sens figuré du mot, trop souvent mis en avance ces dernières années comme seul signifiant du concept…

 

1928 : « Nation – Réunion d’hommes habitant un même territoire et ayant une origine commune ou des intérêts depuis longtemps communs, des mœurs semblables et, le plus souvent, une langue identique. (…) Fig. Classe d’individus unis par leurs opinions, leurs intérêts ou leur profession. (…) – Syn. Nation, peuple. Le mot peuple s’applique à cette même réunion d’hommes que comprend le mot nation, mais considérée au point de vue politique : plusieurs nations peuvent former un seul peuple. (…) – Encycl. Une nation peut se définir l’ensemble des personnes que réunit la conscience d’une certaine communauté morale, attestée le plus souvent par la communauté d’origine, de race ou de langue. La nation ne se confond avec l’Etat fondé sur la force, l’intérêt, le lien dynastique ou les nécessités géographiques, que lorsque les limites de l’une ou l’autre coïncident, ce qui n’est pas toujours le cas. (…) Il y a également une distinction à établir entre la nation et la patrie que constitue la volonté de vivre dans la même communauté politique : actuellement, la patrie suisse comprend des éléments empruntés à trois nations (…). » (Larousse du XXe siècle, Paris, 1928, volume 5 (N-Riz), page 23, col. 1 & 2)

 

Section 5. Des définitions de dictionnaires et de lexiques spécialisés

 

Droit

 

1988 : « Nation – Dr. const. – Groupement d’hommes ayant entre eux des affinités tenant à des éléments communs à la fois objectifs (race, langue, religion, mode de vie) et subjectifs (souvenirs communs, sentiment de parenté spirituelle, désir de vivre ensemble) qui les unissent et les distinguent des hommes appartenant aux autres groupements nationaux. (…) » (Guillien (R.) & Vincent (J.), Lexique de termes juridiques, Dalloz, Paris, 1988, 7ème édition, page 307, col. 2))

 

Géographie humaine

 

1970 : « Nation – Groupe de populations occupant un territoire « historique » uni par une communauté linguistique et culturelle et conscient de son unité. Une nation peut résulter de la fusion d’ethnies et de peuples différents réunis dans un même attachement à la défense d’un territoire et d’un patrimoine de civilisation, symbolisé par l’histoire et par une littérature nationale. – Une nation peut s’identifier avec un Etat (Etat national : la France, l’Italie), ou constituer un des éléments constitutifs d’un Etat sur la base de l’égalité des droits (Etat fédéral : la Fédération nationale de Yougoslavie) ou, dans la situation de minorité nationale, dans un Etat dirigé par une autre nation juridiquement privilégiée, même si la minorité bénéficie de la reconnaissance de ses droits culturels (…). – Enfin, un cas particulier est constitué par l’Allemagne, dont l’Etat national a été coupé en deux à la suite de la seconde guerre mondiale. » (George (P.) dir., Dictionnaire de la géographie, PUF, Paris, 1970, page 291, col. 1)

 

1984 : « Nation – Espace homogène où les populations participent de la même ethnie, ont une identité culturelle et linguistique poussée, et sont  héritières d’un patrimoine historique commun et bien défini. » (Cabanne (Cl.) dir., Lexique de géographie humaine et économique, Dalloz, Paris, 1984 , page 276)

 

Philosophie

 

1971 : « Nation – Groupe de citoyens qui se reconnaissent membres d’une même communauté. C’est cette reconnaissance qui constitue la nation (ni l’unité de langue, ni l’unité de religion ne sont nécessaires). Distinguer la nation de l’Etat qui désigne une unité purement administrative (par exemple : la nation polonaise, au cours de l’histoire, a été partagée entre l’Etat russe, l’Etat prussien, l’Etat autrichien). » (Huisman (D.) & Vergez (A.), Petit dictionnaire de la philosophie, Fernand Nathan, Paris, 1971, page 102)

Cette définition, très simple est peut être la meilleure possible, du moins si l’on évoque la nation hors du cadre du droit constitutionnel, le critère de reconnaissance ne pouvant concorder avec l’inscription de la nation dans des textes de droit positif, ce dernier s’imposant à tous, même à ceux qui ne le reconnaissent pas !

 

1992 : « Nation. – Lat. natio, dér. de nasci (naître), natus (né) : ensemble d’individus nés dans le même pays, nation. – Ensemble des familles ou des individus constituant ou ayant constitué une société politique autonome (Etat) ou du moins liés par une communauté de culture et de tradition, de race ou d’habitat, qui conditionnent ou leur font désirer cette autonomie. La nation polonaise survivait aux éclipse de l’Etat polonais. » (Foulquié (Paul), Dictionnaire de la langue philosophique, PUF, Paris, 1992, 6ème éd., page 467, col. 2)

 

Science politique

 

1974 : « Nation – Communauté humaine dont les membres, unis par des liens de solidarité matériels et spirituels, ont pris conscience de former une entité distincte des autres communautés humaines. Deux conceptions se dégagent de cette définition : – Une conception objective fondant l’existence de la nation sur des liens matériels ou ethniques tels que la race, la langue, la religion, etc. (conception de Gobineau, Chamberlain…). – Une conception subjective qui fonde la nation sur un ensemble d’éléments spirituels rattachés au passé d’un peuple (civilisation, histoire, tradition) ou orientés vers son avenir : volonté de vivre ensemble (Renan). » (Debbasch (Ch.) & Daudet (Y.), Lexique de termes politiques, Dalloz, Paris, 1974, page 163)

 

Section 6. La définition « officielle » de l’Académie française

 

« Nation n. f. XIIe siècle, naciuns. Emprunté du latin natio,-onis, « naissance », puis « peuple, nation ».

I. Anciennt. Groupe de personnes possédant une origine commune. Spécialt. Relig. Parfois avec la majuscule. Les nations, nom par lequel on désigne dans l'Écriture les peuples païens, par opposition au peuple élu. Le Christ prescrivit d'annoncer l'Évangile à toutes les nations. Saint Paul a été appelé l'Apôtre des nations. - Hist. Au Moyen Âge, terme utilisé dans l'université pour classer, suivant leur origine, les maîtres et les étudiants. L'Université de Paris comprenait au XIIe siècle quatre nations : celles de France, de Picardie, de Normandie et d'Allemagne. Les Quatre Nations, au XVIIe siècle, les populations des provinces du Roussillon, de Pignerol, d'Alsace et de Flandre, récemment rattachées à la France. Le collège des Quatre-Nations, fondé par Mazarin pour accueillir des élèves originaires de ces provinces, abrite aujourd'hui les cinq académies constituant l'Institut de France.   Fig. Se dit plaisamment d'une catégorie d'individus qui possèdent des caractères, des intérêts communs, qui forment une sorte de société. La nation des dévots, des poètes, des gens de justice. La Fontaine parle dans ses « Fables » de la nation des belettes.

II. Communauté dont les membres sont unis par le sentiment d'une même origine, d'une même appartenance, d'une même destinée.  1. Ensemble de personnes établies sur un territoire et unies par des caractères ethniques, des traditions linguistiques, religieuses, etc. Chaque nation a ses coutumes, ses mœurs. La sagesse, le génie des nations. Une nation de soldats, de commerçants, de navigateurs, qui s'est illustrée dans le domaine de la guerre, du commerce, de la marine. Nation belliqueuse, pacifique, policée, barbare. On parlait de la nation italienne, de la nation allemande à l'époque où l'Italie et l'Allemagne étaient partagées en divers États. 2. L'ensemble des personnes formant la population d'un État déterminé, soumises à la même autorité politique souveraine ; par ext., l'entité étatique représentant cette collectivité. La nation française, espagnole. Deux nations ennemies, alliées. Une jeune nation. Les droits, les libertés, les lois que se donne une nation.  Avec une majuscule, particulièrement depuis la Révolution française. La communauté, parfois considérée comme une personne juridique, que forment les individus régis par une même constitution. L'idée de Nation. La Nation délègue à ses représentants l'exercice de la souveraineté. Vive la Nation ! cri des troupes de Kellermann et de Dumouriez à la bataille de Valmy, en 1792. Spécialt. Pupille de la Nation, orphelin de guerre adopté par l'État et à qui est accordé jusqu'à sa majorité un soutien matériel et moral. Droit international. La Société des Nations ou, par abréviation, la S.D.N., l'organisation réunissant un grand nombre d'États, créée en 1920 pour le maintien de la paix mondiale et le développement de la coopération entre les peuples. L'Organisation des Nations unies ou, par abréviation, l'O.N.U., l'organisation internationale fondée en 1945 selon les mêmes principes que la Société des Nations, à l'initiative des Alliés vainqueurs de l'Axe. Clause de la nation la plus favorisée, voir Clause.  3. Par ext. Se dit aussi de l'ensemble des citoyens considérés comme un corps social distinct des individus comme du gouvernement. S'adresser, en appeler à la nation. Demander des sacrifices à la nation. Spécialt. La nation en armes, appellation qu'on donne parfois à l'organisation de la défense nationale fondée sur le concours actif de chaque citoyen. »

 

                        Section 7. A la recherche de l’impossible définition ?

 

Approfondissons… Au XIXème siècle, dans tous les domaines, la Nation s'affirme désormais comme la forme suprême de la société humaine, alors même que nul ne peut encore aujourd'hui, tant le phénomène échappe au rationnel, pour reprendre la phrase de Planhol dans Les Nations du prophète, définir de manière concrète, précise, voire même intuitive, ce qu'est une nation.

 

La nation est-elle cette grande solidarité constituée par le sentiment des sacrifices qu'on a fait, ce désir de continuer  la  vie commune de Renan (1882) ? « (...) Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n'en font qu'une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L'une est dans le passé, l'autre dans le présent. L'une est la possession en commun d'un riche legs de souvenirs; l'autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage qu'on a reçu indivis. .... La nation, comme l'individu, est l'aboutissement d'un long passé d'efforts, de sacrifices et de dévouements.... Une nation est donc une grande solidarité,  constituée par le sentiment des sacrifices  qu'on a  faits  et de   ceux qu'on est disposé à faire encore. » (Qu'est-ce qu'une nation ?, conférence prononcée à la Sorbonne le 11 mars 1882). Jolie, mais négative car excluant potentiellement les Juifs de la Nation dans son prolongement (cf. Le judaïsme comme race et comme religion, conférence prononcée en 1883.  Lire par exemple sur ce sujet délicat, car la pensée de Renan a pu être dépassée par ses commentateurs : Sand (Shlomo), De la nation et du peuple juif chez Renan, Editions Les Liens qui lièrent, Paris, 2009)..., souvent non publié… De plus, l’approche de Renan ne vise qu’à asseoir définitivement la confusion entre la nation et l’Etat…

 

Est-elle cette trame de vie de l'intérêt général du général de Gaulle ? « Dès lors qu'une nation est formée, qu'à l'intérieur d'elle-même des données fondamentales - géographiques, ethniques, économiques, sociales et morales - sont la trame de sa vie et qu'en dehors elle se trouve en contact avec les influences et les ambitions étrangères, il y a pour elle, en dépit et au-dessus de ses diversités, un ensemble de conditions essentiel à son action et finalement à son existence et qui est l'intérêt général. C'est d'ailleurs l'instinct qu'elle en a qui cimente son unité, et c'est le fait que l'État s'y conforme ou non qui rend valables ou incohérentes ses entreprises politiques. » (conférence de presse au Palais de l'Élysée, 9 septembre 1965, texte repris in : Ch. de Gaulle, Discours et messages. Pour l'effort 1962-1965, Plon, Le Livre de Poche, 1970, page 405). Trop imprécise…

 

Est-elle ce corps d'associés vivant sous une loi commune et représentée par la même législature de Sieyès répondant à la question  Qu'est-ce que  le Tiers-État ?, ou encore dans sa Lettre sur les richesses de 1775 ?

« Qu'est-ce que le tiers état ? Le plan de cet écrit est assez simple. Nous avons trois questions à nous faire : 1° Qu'est-ce que le tiers état ? Tout. 2° Qu'a-t-il été jusqu'à présent dans l’ordre politique ? Rien. 3° Que demande-t-il ? À y devenir quelque chose. » (…) La nation est un corps d’associés vivant sous une loi commune et représentés par la même législature. (…) Qu’est-ce que la volonté d’une nation ? C’est le résultat des volontés individuelles, comme la nation est l’assemblage des individus. Il est impossible de concevoir une association légitime qui n’ait pas pour objet la sécurité commune, la liberté commune, enfin la chose publique. (…) De quelque manière qu’une nation veuille, il suffit qu’elle veuille : toutes les formes sont bonnes et sa volonté est toujours la loi suprême. (…) Si nous voulons nous former une juste idée de la suite des lois positives qui ne peuvent émaner que de la volonté de la Nation, nous voyons en première ligne des lois constitutionnelles. Ces lois sont dites « fondamentales » non pas en ce qu’elles pourraient devenir indépendantes de la souveraineté nationale mais parce que les corps qui existent et agissent par elles ne peuvent point y toucher. » (Emmanuel Joseph Siéyès, Qu’est-ce que le Tiers-Etat ?, janvier 1789)

Trop exclusive…

 

Arrêtons nous un instant sur la définition donnée par l’Abbé Emmanuel Joseph Sieyès : Le Tiers Etat constitue une nation complète ! Ainsi, dès l’origine, la notion moderne de nation est marquée par l’idée d’exclusion ! Elle inclut au principe même de la Nation un germe d’exclusion, [légitime] par avance la guerre civile et (…)[crée] la pathologie de la Nation (Fr. Furet & M. Ozouf, Dictionnaire critique de la Révolution Française. Idées, op. cit., page 343). Et cette tendance sera renforcée par le Pasteur Paul Rabaut Saint-Etienne déclarant : Le clergé n’est pas la nation, il est le clergé. (…) La noblesse n’est pas la nation. On est très proche de l’approche marxiste et communiste de la notion de peuple, le peuple étant pour eux le seul peuple des travailleurs partisans de leurs idées…, et même de celle de nation [« Comme le prolétariat de chaque pays doit en premier lieu conquérir le pouvoir politique, s’ériger en classe dirigeante de la nation, devenir lui-même la nation, il est encore par là national quoique nullement au sens bourgeois du mot. » (Karl Marx, Manifeste du Parti communiste, cité par Jacques Duclos, in : Cahiers du Communisme, n° 7/8, juillet-août 1957, page 1047. On notera dans le numéro de cette revue l’usage fréquent des expressions intérêt national, unité de la nation, etc…). Bourgeois, le grand mot est lâché !] ! On notera aussi un Abbé et un Pasteur s’unissant pour inventer un concept d’exclusion, sans même parler de l’acteur décisif que fut… l’Abbé Grégoire ! La raison de la sacralisation de la Nation comme substitut à la religion ? Et  une telle approche permet de justifier toutes les exclusions, toutes les ignominies, tous les camps, tous les hôpitaux psychiatriques, tous les massacres, puisque celui qui ne pense pas comme vous n’est rien, se trouve réifié, réduit au seul état de matière, d’ennemi par nature ou de malade ! Toujours est-il que l’on est très loin du mythe des seuls théistes et athées instaurant la nation et la constitution civile du clergé…

 

Ou alors est-elle l'âme collective dont nous parlait Joseph de Maistre ? Ou bien est-elle le Volksgeist  (l’âme du peuple) ou encore la plante de la nature de Johann Gottlieb von Herder (cf. Herder (J. G. von), Philosophie de l’Histoire de l’Humanité, Lacroix, Paris, tome II, pp. 116-117), ce dernier en faisant même une personne (cf. Herder (J. G. von), Philosophie de l’Histoire …, op. cit., page 201) ?  Est-elle l'unité de langue [idée aussi reprise par Fichte  selon qui la nation rassemble des hommes dont l’organe vocal subit les mêmes influences extérieures, qui vivent ensemble et qui cultivent leur langue à travers les communications qu’ils ne cessent d’entretenir les uns avec les autres. (Discours à la nation allemande, 4ème discours)] et de race de Friedrich von Schlegel [cf. Essai sur la langue et la sagesse des Indiens, 1808. C’est aussi dans cet ouvrage que Schlegel invente le mot Aryen et le mythe qui va avec ; ce n’est donc pas Gobineau qui a fondé cette idée, contrairement à une idée reçue… Et cet ouvrage ne s’est donc pas contenté d’introduire l’orientalisme dans le romantisme… Il est vrai que, comme beaucoup d’admirateurs de la nation romantique (cf. Fichte, de Maistre, Maurras, Renan, Hitler, …), il était nourri d’une foi naturaliste ou positiviste, négateur de la Foi catholique (mais pas paradoxalement toujours de l’ordre social catholique). N’écrivait-il pas ces vers : « Je vous quitte à jamais, tristes Nazaréens, Disciples de Saül, vains théologiens, Vos sacrés auteurs juifs sont pour moi des profanes. Pythagore, Platon, les sublimes Brahmanes Sont mes oracles saints, interprètes des dieux. » (cité in : Murray (Ph.), le 19e siècle à travers les âges, Denoël, 1984, page 185) ? On notera aussi que ces adulateurs de la nation ont très souvent été séduits pas les pensées hindouistes et bouddhistes… Rappelons ici que Maurras rejette le Christ hébreu entouré de juifs obscurs… On retrouve aussi dans l’édition originale de 1901, tout comme dans celle de 1912, à la page 62, de son Anthinéa ce passage sidérant où il parle du Christ comme de ce Nazaréen par qui tout l’ancien s’écroula. De même, il condamne absolument les catholiques lorsqu’ils exposent leur Foi basée sur les Béatitudes et une égalité entre tous les hommes…] ? Est-elle ce Moi collectif se substituant au Moi individuel qui n’a dès lors qu’une simple fonction collective de Fichte [« C’est exclusivement la caractéristique générale de la germanité qui peut nous permettre d’éviter l’effondrement de notre nation par sa fusion avec l’étranger, et de reconquérir un Moi reposant sur lui-même et incapable d’accepter la moindre dépendance. » (J. G. Fichte, Discours à la nation allemande, I, 1)] ? Là encore, trop exclusives…

 

Est-elle le Volk d'Adolf Hitler qui réclamait la réunion de tous les Allemands en une Grande Allemagne en vertu du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes (programme du Parti national-socialiste, 24 février 1920, in : M. Duverger, Constitutions et documents politiques, PUF, coll. Thémis, 8° éd., 1978, page 855)  ? Définition à balayer…

 

Est-elle cette communauté de culture de Joseph Staline pour qui la Nation était une communauté stable historiquement constituée, communauté de langue, de territoire, de vie économique et de formation psychique, qui se traduit dans la communauté de culture, et pour lequel il suffit qu'un seul de ces indices manque pour que la nation cesse d'être une nation ?

 

Serait-elle donc, comme l'affirme Marcel Mauss, une société matériellement et moralement intégrée, à pouvoir central stable, permanent, à fonctions déterminées, à relative unité morale,  mentale et culturelle  des habitants qui adhèrent  consciemment à l'État et à ses lois (article « La Nation », in : L'Année sociologique, 3ème série, 1953-54, page 20)? Ou est-elle ce groupement de population fixé au sol chez qui un lien de parenté spirituelle  développe  la  pensée  de  l'unité  du groupement lui-même comme l'a écrit Maurice Hauriou (in : Précis de droit constitutionnel, Paris, 1923, page 25) ? Même si j'adhère à titre personnel à cette dernière définition, nul ne peut véritablement dire ce qu'est une nation, la nation étant plus une conscience individuelle née de l'inconscient collectif qu'une réalité palpable.

 

La nation est donc une réalité distincte de celle de l'État, ce qu'il ne faut pas oublier... Et, dans l’absolu, la nation intègre à la fois les citoyens et ceux qui, vivant sur son territoire, adhèrent à ses valeurs ! C’est d’ailleurs ceci qui la distingue de la patrie ! La citoyenneté n’est pas la nation ! Celle-ci est bien plus, car ce sont des valeurs partagées avant tout ! Mais toute la confusion nait d’une faiblesse du vocabulaire, la nationalité n’ayant pas le même champ que la nation !

 

 

 

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8 juin 2012 5 08 /06 /juin /2012 10:09
On nous parle beaucoup de légitimité actuellement... Alors, quelques mots...

Tout pouvoir politique est par nature même illégitime pour les anarchistes et pour les ultra-libéraux… Tout pouvoir républicain est par nature illégitime pour les Royalistes… Tout pouvoir du centre ou de la droite est par nature illégitime pour les marxistes et les gauchistes, le peuple se limitant dans leurs propres définitions au seul peuple … de gauche ! Mais nous ne développerons pas ici ces trois conceptions particulières…

Le « Lexique de termes politiques » publié par Dalloz définit la légitimité comme « la qualité de ce qui est conforme à la loi ou à l’équité. ». Il appelle légitimité démocratique « la qualité d’un gouvernement issu de la volonté générale ou tacitement approuvé par la grande majorité des citoyens. »

Développons donc un peu…

La notion de légitimité présuppose a priori une suite de deux phases, au moins :
- une phase 1 où un élément X, dont on discute la légitimité, n’avait pas de rôle prépondérant ;
- une phase 2 où l’élément X joue un rôle prédominant, et ce après avoir été choisi, élu ou nommé à la place qu’il occupe.

Par ailleurs, la légitimité présuppose également la présence, ou plus exactement l’existence, de deux éléments, au moins :
- un élément X, celui dont on discute la légitimité ;
- un élément Y sur lequel s’exerce la réalité du pouvoir de X ;
- et, éventuellement, un élément Z (qui peut être l’élément Y qui a permis à Z d’obtenir avec l’accord de Y sa propre légitimité).

La légitimité, qui est caractéristique de ce qui a les qualités requises par la loi naturelle et normative, comporte en son sein trois obligations :
- la légalité constitutionnelle du pouvoir, du moins pour ce qui nous concerne ;
- le bon usage de ce pouvoir qui, s’il est usurpé, n’est plus légitime, sa personnalité morale ayant été violée ;
- un soutien de base de tous ceux sur lesquels s’exerce son pouvoir, ou du moins de la majorité des citoyens gouvernés.

Est donc légitime, et je reprends ici les éléments présentés par Fabre, le gouvernement ou l’homme politique qui est :
- légalement élu, élu de manière conforme à la Constitution et aux règles de droit ;
- soutenu, la majorité des gouvernants devant approuver sa politique ;
- effectif.
A titre d’exemple, le Gouvernement de Pétain était légal mais illégitime car, dès son origine, il n’avait aucune effectivité de pouvoir(s) ! L’effectivité est un facteur clé trop souvent oublié !

Un gouvernement peut donc être légal, mais illégitime ; par contre, s’il est illégal, il est toujours illégitime au regard du système constitutionnel et/ou international en place…

Le Général De Gaulle a démissionné en 1969 alors qu’il était légalement élu et qu’il exerçait effectivement le pouvoir ; mais le Général a démissionné car ne se jugeant plus légitime, le « Non » au referendum le rendant à ses propres yeux illégitime car le privant du soutien de la majorité des citoyens…

On peut donc « légitimement » ;-)) se poser la question de la légitimité du pouvoir présidentiel en période de cohabitation ou en cas de « Non » à un referendum soutenu par le Président de la République… Mais bien peu de politiques ont et ont eu le courage et le sens de l’Etat de De Gaulle…
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2 avril 2010 5 02 /04 /avril /2010 16:25

 

Sensation ou perception

 

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Conscience et inconscient

 

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Idée de raison

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                 Identité/sens          Causalité       

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Idée ou réalité ?

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Jugement et opposition

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Incitations et tendances

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Passion(s) et émotion(s)

 

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LA COMMUNAUTE EST UN ACTE VOLONTAIRE

 

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METAPHYSIQUE DE LA LIBERTE

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2 avril 2010 5 02 /04 /avril /2010 16:24

 

Devoirs                          è                      Devoirs de l’homme

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Bien et obligation ç Conscience morale ç Fondements de ces devoirs

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                                               Droit       Justice    Charité

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                                           RESPONSABILITE ET SANCTION

 

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                                           MORALE PRATIQUE                    è CITE ET SOCIETE

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                                     MORALE ECONOMIQUE ET CIVIQUE       è DROITS ET DEVOIRS CIVIQUES

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     UNE METAPHYSIQUE DE LA COMMUNAUTE

 

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       UNE METAPHYSIQUE DE LA LIBERTE

 

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                                      empiriste     rationaliste   vérité      

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2 avril 2010 5 02 /04 /avril /2010 16:21

 

L’idée de localité : une sensation, une perception et/ou une réalité ?

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Combinaison du conscient et de l’inconscient

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Intervention de l’idée de raison

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Identité et sens                     Causalité

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Importance de l’imaginaire

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Le local est-il une idée ou une réalité ?

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Nécessité d’un jugement

Nécessité d’une proposition

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Intervention des inclinations et des tendances tant individuelles que collectives

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Influence majeure des passions et des émotions

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LA COMMUNAUTE LOCALE EST UN ACTE VOLONTAIRE

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Une métaphysique de la liberté

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Nécessité d’une morale du local

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Circuit [II. Morale]

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UNE METAPHYSIQUE DU POUVOIR LOCAL

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A NOUVEAU UNE METAPHYSIQUE DE LA LIBERTE

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Un mélange d’empirisme, de rationalisme et de vérité

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2 avril 2010 5 02 /04 /avril /2010 16:20

 

L’Europe s’oppose à l’Etat mais non la Nation

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Une nature

Une méthode

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Le droit, comme philosophie è  un art et non une science

L’histoire comme auxiliaire è une causalité qui sublime

           pas un documentaire scientifique du passé

           un art politique

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Notion de causalité historique : l’Europe comme inéluctable

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Une synthèse : la neutralité de la construction européenne

è absence de toute recherche d’un sens de l’histoire

è absence de toute soumission à une idéologie

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Une Europe non doctrinaire

Une Europe non traduction d’une science sociale du passé

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Avant d’être une réalité, l’Europe est-elle une sensation ou une perception ?

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Inscription dans le conscient et l’inconscient des idées de raison

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Identité/sens                                        Causalité

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Rôle moteur de l’imaginaire plus que de l’économique

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Imaginaire récréatif ?                 Imaginaire reproductif ?

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Jugement et proposition

Inclinations et tendances

Passions et émotions

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Un acte volontaire

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Une philosophie

è moyen d’analyse et de perception de la pensée

è…mais un risque : détruire la société

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Logique/morale seuls conduisent à un échec

La psychanalyse seule conduit à un échec

Logique/morale/psychanalyse conduisent à un échec

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Obligation d’associer une métaphysique

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          Volonté de vivre ensemble              çè                                   Nation à maintenir

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Une philosophie répondant aux désirs et aux besoins des peuples

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Une politique qui doit répondre à l’imaginaire des peuples et des Nations !

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Si l’Europe peut se concevoir contre les Etats,

elle ne peut se concevoir contre les Nations

 

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