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6 janvier 2010 3 06 /01 /janvier /2010 10:59

Pour bien comprendre certains aspects des guerres des Hébreux, et notamment l'idée de guerres du seigneur ou encore de lieutenance de Dieu du chef de guerre, il est utile de rappeler en quelques lignes trop générales l'organisation du pouvoir chez ces derniers. Ce qui suit est directement et clairement tiré et résumé de : Gaudemet (J.), Institutions de l'Antiquité, Sirey, Paris, 1967, pp. 96-124. On se référera donc à ces pages pour plus de précisions.

 

Au départ, dans le livre de la Genèse, il ne semble pas que Dieu intervienne dans le temporel puisqu'il confie la terre à l'homme pour qu'il la domine, la soumette. Par ailleurs, le véritable chef d'Israël n'est pas un homme mais Dieu lui-même, le pouvoir, qu'il soit royal ou non, étant limité, ne serait-ce que par la loi royale du Deutéronome.

 

Par la suite, les juges ont surtout été des chefs militaires, même s'ils eurent des fonctions juridictionnelles, chefs auxquels Dieu avait délégué de manière temporaire une partie de son pouvoir, même si tout n'est pas aussi clair (Pro : 1S 11, 1-11; contra : 1S 8, 1-22). Plus que le juge, ce sont les chefs locaux qui avaient en fait un caractère religieux, Israël étant alors surtout une fédération religieuse de tribus.

 

La situation allait évoluer avec les rois. Les premiers rois ont ainsi été une sorte de compromis entre un juge et un roi. Par exemple, Samuel était un sauveur choisi par Dieu, un chef charismatique, mais restant soumis à la volonté de Dieu par l'entremise des prophètes puisque l'onction était donnée par un prophète. La situation allait commencer à changer avec David qui fut sacré non plus par un prophète mais par des hommes, avec même un zeste de monarchie élective, même si cette " élection " était faite sur la base de signes donnés par Dieu. La royauté des Hébreux sera en fait une monarchie à caractère religieux très poussé, avec un roi que l'on peut qualifier d'instrument de Dieu, de lieutenant de Dieu (c’est le sens de l'onction de [1S 16, 13], onction qui fait de David l'élu de Dieu) puisque le vrai roi reste Dieu. De plus, même s'il intervenait dans la vie religieuse, le roi n'était pas un roi-prêtre, puisque c'était le grand-prêtre qui exerçait la réalité du pouvoir religieux. De plus, le roi se trouvait soumis en théorie aux prophètes (Os 3, 4) ; c'étaient les prêtres, issus de la tribu de Lévi, qui avaient le rôle religieux majeur, même si les prophètes étaient les véritables intermédiaires - pas toujours très écoutés d'ailleurs - entre Dieu et les hommes. La société des Hébreux était en fait une société profondément religieuse où le clergé, très hiérarchisé, jouait un rôle primordial puisqu'il pouvait déposer le roi (2R 11), le grand-prêtre étant le véritable chef de la communauté face au roi (2R 10, 18) qui était le chef de l'État, si l'on peut admettre une telle notion pour cette époque. La société des hébreux n'était donc pas fondée sur une réelle séparation des pouvoirs politique et religieux, même si une différenciation réelle existait entre ces pouvoirs, à la différence des monarchies égyptiennes - et encore pas sous tous les aspects - ou sumériennes, le roi étant ici le grand-prêtre.

 

Au temps de Jésus, la situation était encore plus complexe, puisque le roi était une sorte de fantoche et que le vrai pouvoir était entre les mains de l'occupant romain. De par sa position religieuse, le grand-prêtre était le véritable fédérateur de la nation, d'où des confusions possibles, mais pas forcément réelles.

 

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